Dans le rétroviseur
Une collaboration particulière de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)
Par : Geneviève Tessier, archiviste à BAnQ
« Prendre du recul » pour mieux comprendre une problématique, une situation, une émotion. Nous connaissons bien cette sage expression. En ce Jour de la Terre, prenons quelques instants pour observer, à vol d’oiseau, les répercussions des activités humaines sur le paysage qui nous entoure en survolant trois archives qui mettent en valeur la photographie aérienne.
Grâce au patrimoine photojournalistique d’Armor Landry, nous avons accès à « l’avant » et à « l’après » Expo 67. Avant 1963, l’île Sainte-Hélène et l’île Ronde, qui ont donné son nom aux attractions de l’Expo 67, n’étaient encore que deux îlots. peu exploité. Parmi les rares installations existantes, notons les trois piscines du Centre Municipal de Natation, inaugurées en 1953. C’était avant que le remplissage de 28 millions de tonnes de terre et de roche ne vienne combler les espaces entre les îles, les agrandissant et même formant un île artificielle, île Notre-Dame. Du côté de Longueuil, il n’y a toujours aucune trace du métro et des tours résidentielles adjacentes, puisque ces dernières seront inaugurées le 31 mars 1967. Armor Landry capte toutes les étapes de cet incroyable chantier, jusqu’aux visiteurs déambulant entre les pavillons à l’été 1967.
Île Sainte-Hélène et Île Ronde avant les travaux de l’Expo 67, 1963. Archives nationales de Montréal, fonds Armor Landry (P97, S1, D8044-8044) Photo : Armor Landry. Détail.
Le développement de la métropole ne s’est malheureusement pas fait sans sacrifices environnementaux. Le meilleur exemple d’un quartier de la ville beaucoup moins élégant que le site de l’Expo est celui des raffineries de pétrole. Construits à partir de 1915 dans l’est de Montréal, ils isolaient complètement le bout de l’île. Jusqu’au début des années 1960, Montréal-Est était considéré comme le principal centre de raffinage au Canada. Dans ce contexte, n’est-il pas absurde d’apprendre qu’en 1965, un certain Hormidas Quintal a proposé à la ville de Montréal-Est de changer son nom pour Ville de Versailles, en l’honneur du fondateur de la ville, Joseph Versailles ?
Jean-Marie Cossette, fondateur de la société Point du jour aviation, a capturé l’immensité de ce paysage industriel fantastique en 1988. Cependant, la mission première de l’entreprise est de photographier les zones rurales à partir d’avions ou d’hélicoptères volant à basse altitude. Localité par localité, l’entreprise prend en photo les fermes et leurs bâtiments. Par la suite, des représentants sillonnent les routes pour proposer aux agriculteurs d’acheter une photographie de leur propriété.
Raffineries de Montréal-Est, 1988. Archives nationales de Montréal, collection limitée Point du jour aviation (P690, S1, D88-502_141). Photo : Jean-Marie Cossette.
Enfin, les photographies de l’historien-photographe Pierre Lahoud se distinguent par la relation qu’il crée entre les éléments architecturaux et le paysage naturel. L’esthétique d’un paysage urbain, agricole ou forestier étonne parfois et suggère un point de vue poétique ou artistique, voire une réflexion sur notre rapport au territoire. C’est exactement ce qui se produit lorsque l’on regarde cette vue aérienne de la Montérégie : une atmosphère paisible, où l’on peut presque entendre le bruit des brûleurs des montgolfières et imaginer l’immensité de la mer Champlain, qui recouvrait autrefois cette vaste plaine.
Montgolfières surplombant la Montérégie : rivière Richelieu, mont Saint-Grégoire et mont Saint-Hilaire, 13 août 1992. Archives nationales du Québec, fonds Pierre Lahoud (P999, S16, D25-6). Photo : Pierre Lahoud.
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