Au procès de Genève, un spécialiste des mendiants décrit un monde d’une grande complexité

Publié le 24 avril 2024 à 18h55 / Modifié le 24 avril 2024 à 18h58

Ce n’est pas tous les jours qu’un spécialiste de la mendicité est appelé à la barre des témoins. Jean-Pierre Tabin, professeur à la Haute Ecole de travail social et de la santé Lausanne, a observé les Roms dans la capitale vaudoise à des fins de recherche. « Une population sur laquelle pèsent beaucoup de stéréotypes », explique-t-il d’emblée. Concernant les réseaux, le témoin explique qu’il n’a pas rencontré un roi des mendiants qui ferait venir les gens et s’enrichirait. « Il existe une forte solidarité intra-familiale avec tout un ensemble de droits et d’obligations. Cela peut également conduire à des situations problématiques. Il n’y a pas de solidarité d’un côté et d’exploitation de l’autre. C’est beaucoup plus compliqué d’un point de vue sociologique.» Cela ne simplifiera pas la tâche du tribunal pénal.

En Bulgarie, souligne encore le professeur Tabin, cette communauté est soumise à une très forte discrimination et vit dans des conditions extrêmement difficiles. “Les Roms ont des pratiques de survie qui sont plus liées à cette grande précarité qu’à une culture.” Émigration liée à la pauvreté, avance d’argent pour qu’un membre puisse se déplacer, attente d’un retour et regroupement à l’étranger pour tenter de se soutenir mutuellement, souvent sous l’autorité d’un patriarche. “Ce sont des gens comme les autres, certains se comportent bien et d’autres moins.”