L’information est révélée par le journaliste Madiambal Diagne. Selon lui, le Fonds monétaire international (FMI) envoie une délégation d’experts au Sénégal pour une mission d’une semaine. Cette visite, qui débute vendredi 26 avril 2024, fait suite à la récente présence d’une délégation gouvernementale sénégalaise à Washington la semaine précédente. Cette délégation comprenait le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, le ministre de l’Economie et du Plan, Abdourahmane Sarr, ainsi que le ministre secrétaire général du gouvernement, Ahmadou Al Aminou Lô.
Des responsables sénégalais avaient effectué une mission pour prendre contact avec le FMI, présenter les orientations de politique économique et financière recommandées par les nouvelles autorités du pays et voir leur adéquation avec le programme actuel signé entre le Sénégal et le FMI.
Les discussions entre les deux parties ne sont pas encore très avancées, et la mission attendue du FMI sera utilisée à cette fin.
Le représentant résident de l’institution financière internationale à Dakar, Mesmin Koulet-Vickot, souligne : « Nous n’avons pas encore pu aller au fond des choses. La mission qui arrive nous permettra de visiter les services, de faire en quelque sorte un point sur la situation et ainsi d’évaluer la gestion du trimestre de l’année en cours, avant de pouvoir faire des projections macroéconomiques.
La mission devra s’assurer de la conformité des données comptables fournies par le gouvernement sortant du Sénégal. Reste, indique-t-il, que la mission sera l’occasion pour les autorités sénégalaises de clarifier formellement leur décision de poursuivre le programme 2023-2026, conclu avec le Sénégal et qui prévoit un décaissement total d’environ 1 150 milliards de francs CFA. Pour ce faire, le Sénégal devra nécessairement se mettre d’accord avec le FMI sur les modalités de respect des engagements pris.
La délégation du FMI a demandé des audiences avec le Président de la République Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko. Les plus hautes autorités de l’Etat devront confirmer leur acceptation de poursuivre le programme. Ces rencontres s’avéreront donc cruciales et propices à une explication majeure. Si nécessaire, une autre mission sera envoyée par le FMI, début juin 2024, pour revoir le programme et préparer un deuxième décaissement en juillet 2024, après validation par le Conseil d’administration du FMI. Si les autorités sénégalaises rejettent le programme, la coopération sera suspendue jusqu’à la poursuite des négociations concluantes. Ce scénario semble très peu probable, même si certains engagements relatifs à la réduction ou à la suppression pure et simple des subventions sur certains produits et denrées de base seront discutables pour le gouvernement sénégalais.
Bassirou Diomaye Faye a notamment fait campagne, lors de la présidentielle de mars dernier, sur des promesses de réduction du coût de la vie. Dans l’état actuel des finances publiques, il sera insupportable de maintenir le niveau des subventions, à moins que toutes les autres dépenses publiques ne soient suspendues. Une autre perspective quasiment impossible pour un nouveau gouvernement. Le Sénégal va-t-il commencer à creuser son déficit budgétaire et à compromettre les ratios et les taux d’endettement ? Le pays va-t-il sombrer dans une escalade d’un déficit budgétaire abyssal, au point de battre le triste record du régime d’Abdoulaye Wade qui avait pulvérisé tous les plafonds pour concéder un déficit budgétaire de 6,7% en 2011 ?
Le grand risque sera alors de tomber inévitablement dans une situation de surendettement élevé et de subir des sanctions immédiates de la part des marchés des capitaux. En tout cas, le FMI prévoit, comme à son habitude, de communiquer sur les conclusions de sa mission.
