Il faut sauver Fort Boyard, affaibli par « les assauts de la mer »

Il faut sauver Fort Boyard, affaibli par « les assauts de la mer »
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« Il faut sauver Fort Boyard ». C’est le leitmotiv 2024 du département de la Charente-Maritime, propriétaire depuis 1989 de cet ancien bâtiment militaire classé Monument Historique. « Pour les Charentais-Maritimes, c’est notre Tour Eiffel »rappelle la présidente du Département Sylvie Marcilly.

Imaginé par Louis XIV mais réalisé par Napoléon Iereuh pour protéger l’entrée de la Charente, dont l’estuaire abritait l’arsenal de Rochefort, le fort ne fut achevé que sous Napoléon III, et ne servit finalement jamais de défense navale. Après avoir servi quelque temps de prison, il fut longtemps abandonné jusqu’à son rachat par le conseil départemental de la Charente-Maritime.

Depuis, le fort est devenu le décor emblématique du spectacle culte Fort Boyard et l’un des symboles patrimoniaux du département. C’est aussi un colosse au pied d’argile, qui a été endommagé par les assauts de l’océan.

« Le fort va disparaître si nous ne faisons rien »

Depuis l’apparition de plusieurs fissures dans les deux mètres d’épaisseur de son enceinte il y a quelques années, le fort est surveillé comme du lait sur le feu. « Les dernières études ont montré que si nous ne faisons rien aujourd’hui pour le renforcer, le fort disparaîtra »explique Sylvie Marsilly.

Le Département a donc pris le problème à bras-le-corps et a voté un budget de 36 millions d’euros pour lancer un grand chantier qui devrait s’étendre de l’été 2025 à fin 2027. « Des études ont montré que les ingénieurs et architectes, au moment de sa construction, avaient réfléchi en créant un système de protection contre les assauts de l’océan »poursuit le président.

En 1866, lors de l’inauguration du fort, un brise-lames en forme d’éperon au nord et un port d’embarquement au sud protégeaient le fort des tempêtes. Tous deux ont progressivement disparu au fil du temps, laissant l’ovale nord de la façade résister aux rudes assauts des vagues.

« A l’avant du fort, les attaques de la mer, associées aux courants, forment une sorte de vortex tout autour du fort, qui crée des affouillements, c’est-à-dire qui creuse le sol tout autour du fort, fragilisant sa base », ajoute Sylvie Marcilly. Les témoins, des bandes graduées en millimètres, placées sur les fissures, ont montré que les dernières tempêtes hivernales avaient encore fait bouger les murs de la forteresse.

Il faudra donc reconstruire les défenses de 1866, à savoir une berme, sorte de ceinture de consolidation à la base d’un mur, l’éperon nord et l’ancien port d’amarrage au sud. Ils seront avec des matériaux modernes comme le béton, avec un « finition matricielle reprenant les reliefs des anciennes fondations en pierre [et] teinté, se rapprochant de la couleur granit de l’historique »selon les services du Département.

Une œuvre qui changera sa silhouette

Les techniques contemporaines ont été privilégiées par rapport à une reconstruction à l’identique en pierre pour des raisons pratiques. « Le projet aurait été beaucoup plus coûteux, long et compliqué à mettre en place car il aurait fallu transporter les blocs pierre par pierre et attendre des marées avec des coefficients propices à un retrait suffisant de la mer »explique le président du Département.

Préfabriquées en un seul bloc mais avec une partie creuse, les différentes structures seront transportées par flottation, puis remplies de pierres pour les couler et les maintenir sur les fonds marins.

Bien qu’ils renouent avec la réalité historique du fort, ces nouveaux ouvrages modifieront considérablement la silhouette actuelle du Fort Boyard. Visuellement, il sera entouré d’une mini-enceinte, tel un petit port avec ses digues. Afin de préparer le grand public à cette évolution notable, le Département lance une grande consultation publique, du 2 mai au 27 septembre. L’idée est moins d’obtenir l’avis que d’expliquer les travaux et les choix architecturaux faits par le groupe de entreprises ayant répondu à l’appel d’offres, fin 2023.

Cette consultation sera complétée par une exposition visible dans l’atrium de la Maison du Département, à La Rochelle, tout au long du mois de mai. Le Ministère lancera également un appel aux dons de particuliers et de mécénats d’entreprises à partir de l’automne.

Une fois le fort hors de danger, l’autre objectif du Département est d’ouvrir, dès l’été 2028, l’accès au Boyard au grand public, par petits groupes. La reconstruction du port d’accostage devrait permettre un nouvel accès, via un balcon, par de nouveaux escaliers, la seule entrée historique et sa rampe d’accès étant actuellement trop dangereuses pour permettre des visites en toute sécurité.

 
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