Le « budget carbone » du Canada pour 2050 est déjà presque épuisé, selon un rapport du Groupe consultatif sur la neutralité carbone

Le « budget carbone » du Canada pour 2050 est déjà presque épuisé, selon un rapport du Groupe consultatif sur la neutralité carbone
Le « budget carbone » du Canada pour 2050 est déjà presque épuisé, selon un rapport du Groupe consultatif sur la neutralité carbone

Si le Canada veut « faire sa juste part » dans la lutte contre la crise climatique mondiale, il doit considérer que son « budget carbone » restant d’ici 2050 est déjà pratiquement épuisé, selon un rapport publié jeudi par un groupe d’experts mandatés par Ottawa pour conseiller le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault. La réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) doit donc s’accélérer « d’un coup » pour éviter un échec.

« Nous avons brûlé une bonne partie de notre juste part de carbone », résume le Devoir la coprésidente du Groupe consultatif sur la neutralité carbone (CPCG), Sarah Houde, discutant des conclusions incluses dans le rapport intitulé Résultats pour le climat. Budget carbone du Canada et objectif pour 2035.

Dans ce document, le GCPC recommande donc au gouvernement fédéral d’élaborer un « budget carbone national », un outil prôné par plusieurs scientifiques et qui permettrait de quantifier les émissions totales de gaz à effet de serre (GES) que le Canada « ne devrait pas dépasser ». jusqu’à atteindre la neutralité carbone », soit d’ici 2050.

Les budgets carbone sont également utilisés par d’autres pays « pour mieux suivre l’effet des décisions sur les politiques climatiques et les conséquences d’un retard dans l’action », rappelle le GCPC.

La « juste part » du Canada

Selon les calculs d’experts indépendants mandatés par Ottawa, ce budget ne devrait pas dépasser, au pire, 11 milliards de tonnes de gaz à effet de serre. Cela équivaut à 15 ans d’émissions canadiennes, sur la base du niveau de 2022, soit 708 millions de tonnes par an.

Mais ce chiffre ne dit pas tout, puisque le GCPC exhorte également le gouvernement fédéral à prendre en compte les « émissions excédentaires » du pays. Il s’agit d’émissions de GES qui devraient être « prises en compte » afin que le Canada, pays riche et important émetteur historique de gaz à effet de serre, « contribue équitablement aux efforts mondiaux visant à respecter l’Accord de Paris ».

Ce principe d’équité dans la lutte contre le désastre climatique qui menace l’humanité est en effet inscrit à l’article 2 de l’Accord de Paris. Celui-ci reconnaît le « principe de responsabilités communes mais différenciées et de capacités respectives, compte tenu des différentes situations nationales ».

En prenant en compte des « estimations très conservatrices », ces émissions excédentaires atteignent au moins 8,4 milliards de tonnes d’ici 2050, selon les calculs d’experts, prenant en compte l’objectif de limiter le dérèglement climatique mondial à 1,5°C, par rapport à l’ère préindustrielle. .

Si l’on retirait donc ces 8,4 milliards de tonnes des 11 milliards de tonnes du « budget national », il resterait, au mieux, 2,6 milliards de tonnes à émettre d’ici 2050. Cela équivaut à moins de quatre années d’émissions, à l’horizon 2022. niveau. À ce rythme, le Canada devrait donc devenir carboneutre avant 2030.

Le pays, important producteur d’énergies fossiles qui alimentent le réchauffement climatique, est cependant loin du compte, même en ne prenant en compte que les émissions nationales enregistrées. Celles-ci ont atteint 702 millions de tonnes en 2023, selon une évaluation de l’Institut canadien du climat. Et si l’objectif de réduction pour 2030 est de les réduire d’au moins 40 % par rapport à 2005, cette baisse ne dépasse pas actuellement 8 %.

Un objectif de neutralité carbone à très court terme n’est donc « pas réalisable », reconnaît le groupe chargé de conseiller le ministre Guilbeault. Mais le gouvernement fédéral devrait maintenant lancer une réflexion sur la manière de répondre à la question cruciale de « l’équité » dans la lutte internationale contre la crise climatique, affirme Sarah Houde.

Elle souligne également que les estimations incluses dans le rapport publié jeudi représentent une « approche équilibrée » basée sur des données scientifiques. « Nous ne voulions pas décourager les gens, car lire peut être décourageant. Notre message est clair : nous pouvons trouver des moyens de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. Ce n’est pas seulement un fardeau, c’est aussi une opportunité économique qui nous permettra de transformer notre économie, mais aussi d’améliorer notre qualité de vie », argumente-t-elle.

« Mesures énergétiques »

À court terme, ajoute Sarah Houde à la lumière des conclusions du rapport, « des mesures plus énergiques et plus soutenues sont nécessaires pour atteindre notre objectif d’émissions pour 2030 et pour évoluer vers une trajectoire neutre en carbone à long terme ». Le document affirme aussi sans ambages que « le rythme de réduction » des GES « doit s’accélérer fortement ».

Pour y parvenir, Mmoi Houde insiste sur la nécessité de maintenir toutes les politiques climatiques déjà en vigueur, y compris la tarification du carbone, une mesure fédérale phare que le Parti conservateur du Canada a promis d’abolir s’il remporte les prochaines élections. «Nous n’avons pas le luxe de retirer des mesures», affirme le coprésident du GCPC.

Mais plusieurs autres mesures doivent rapidement être mises en œuvre, notamment le Règlement sur l’électricité propre, qui vise à décarboner la production d’électricité partout au Canada. Le groupe d’experts insiste également sur la nécessité d’obliger le secteur pétrolier et gazier à réduire ses émissions, qui représentent le poids lourd du bilan national de GES (31% du total en 2022). Cela passe notamment par des mesures plus restrictives pour réduire les émissions de méthane, un puissant gaz à effet de serre. Son pouvoir réchauffant est plus de 80 fois supérieur sur 20 ans à celui du CO2.

Pour lutter contre les émissions canadiennes et les « émissions excédentaires », le rapport avance également la nécessité de « retirer » le carbone de l’atmosphère grâce aux technologies de captage et de stockage, mais aussi en mettant plus que jamais l’accent sur la protection des milieux naturels qui captent cette pollution principalement imputable à notre environnement. dépendance aux énergies fossiles. M.moi Houde cite en exemple la préservation des forêts, qui subissent plus que jamais les répercussions du réchauffement climatique, mais aussi des zones humides. Cependant, ces écosystèmes connaissent un déclin partout au pays.

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