Un trésor du patrimoine lotet-garonnais mis aux enchères ce jeudi à Paris

l’essentiel
Plus de 3 000 pages écrites de la main du chevalier de Vivens sont en vente à l’Hôtel Drouot. Les Amis de Clairac et les Archives départementales ont fait sauter la banque, et des particuliers s’en sont aussi mêlés. Mais quelle est la valeur de ces documents ?

« Nous essayons de récolter des fonds pour conserver ces documents de la plus haute importance dans le pays ! Depuis plusieurs jours, Clair Morizet, membre de la société historique des Amis de Clairac, remue ciel et terre pour pouvoir acheter aux enchères des milliers de pages écrites de la main du Chevalier de Vivens, illustre Lot-et-Garonnais. , un véritable érudit du XVIIIe siècle – – malheureusement peu connu. Des milliers de documents sont en effet tombés du ciel, et déclarés aux enchères le 25 avril, à Drouot à Paris. Clair Morizet a appelé à la mobilisation pour que ce patrimoine soit préservé en Lot-et-Garonne, il a obtenu un soutien financier et ce jeudi il tentera de remporter les 16 lots mis en vente, avec un budget à ne pas dépasser : 15 000 €.

Ami de Montesquieu

Mais qui était ce chevalier de Vivens ? « Au XVIIIee siècle, apprend-on de la société historique, ce qu’on appelait le « Cénacle de Clairac » était dirigé par François de Labat, dit chevalier de Vivens (1697-1780). Ce voisin et ami de Montesquieu était un parfait exemple d’homme des Lumières : philosophe, physicien, technicien publiant entre autres sur le mouvement et la gravitation, il tint pendant quarante ans un journal météorologique, toujours conservé aux Archives départementales d’Agen ; un document unique où il a relevé les variations thermométriques, les phénomènes météorologiques, l’état des cultures, les maladies des humains et du bétail, etc.. » « Il est connu dans le monde entier, ajoute Clair Morizet. Pensez : notez de 1739 à 1778, tout le temps, les récoltes agricoles, l’économie, les maladies humaines, etc. C’est unique pour l’époque !

Le cercle scientifique du Château de Clairac ; Montesquieu et le baron de Secondat, son fils, le chevalier de Vivens, Romas et les frères Dutilh.
document Amis de Clairac

Bref, ce chevalier est un peu une star locale, et du coup des milliers de pages écrites par lui sont mises en vente. “Nous l’avons finalement appris par hasard”, ajoute Clair Morizet. “Et cette collection est un véritable trésor, réparti en 16 lots thématiques : agriculture, vigne, tabac, météorologie, commerce, médecine, politique, sans oublier 750 pages de correspondance.” Pour chaque lot, les enchères s’élèvent à plusieurs centaines d’euros, et au total les 16 lots valent une belle somme, dépassant largement les moyens financiers de la société historique de Clairac.

Clair Morizet sera à l’hôtel Drouot à Paris ce jeudi pour soumissionner.
photo PB

7 000 € récoltés grâce à une souscription

« Nous avons obtenu le soutien des archives départementales du Lot-et-Garonne, et donc celui du conseil départemental, explique Clair Morizet. Nous avons également lancé un abonnement auprès des particuliers ; en quelques jours seulement, et nous avons réussi à récolter 7 000 €. Parfois, les gens donnaient simplement 20 euros. C’est émouvant, nous les remercions chaleureusement. Le Crédit Agricole, Terres du Sud, Traditab et Vieilles Maisons Françaises nous ont également aidés.

Le Château de Barry, à Clairac, propriété du Chevalier de Vivens.
photo Amis de Clairac

Clair Morizet est à Paris depuis lundi. Il a rencontré le commissaire-priseur en charge de la vente (organisée par Gros & Delettrez) pour étudier chaque lot. « Les documents sont passionnants. J’espère que nous pourrons tout acheter, disons que nous avons un budget de 12 000 à 15 000 euros. Mais si de riches collectionneurs se passionnent pour la culture du tabac au XVIIIe siècle sur les bords de Garonne, les prix risquent de s’envoler…

L’économie rurale de l’époque

Ami de Montesquieu, le Chevalier de Vivens est connu pour son célèbre journal météorologique. Mais il était aussi un spécialiste de l’agriculture et du commerce, notamment celui du vin. Parmi les documents mis aux enchères ce 25 avril, un mémoire commençant ainsi (NDLR : on respecte ici les Français de l’époque) : « La culture de la terre, le commerce qui la fait vivre, la navigation qui donne la vie et l’atout de déplacement, aujourd’hui. exciter l’attention générale, jamais l’émulation n’a été aussi vive et n’a donné lieu à autant d’écrits sur ce sujet. Toutefois, rien n’a encore été publié sur le commerce du vin. Le commerce de la France est ce qu’elle peut faire de mieux, et ceux qui seront les prochains à perdre daigneront me permettre quelques réflexions sur un sujet si intéressant et si peu connu.

Dans un autre document, cet homme des Lumières regarde l’Angleterre et sa colonie américaine : « L’Angleterre peuple ses colonies sans se dépeupler. Elle y transporte les malfaiteurs qu’elle serait également obligée d’éloigner de la société. Cela attire les protestants persécutés en Allemagne.» Aux Amériques, les parias : mais l’Europe sera perdante…

 
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