Deux Sèvres. Le mulet fait son retour au drapeau

Deux Sèvres. Le mulet fait son retour au drapeau
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Le 7e Le bataillon de Chasseurs Alpins, basé près de Grenoble, a dévoilé fin mars 2024 des images de l’expérimentation lancée il y a quatre ans avec des mulets dans ses sections de combat. Les animaux et leur éleveur ont accompagné les militaires lors d’exercices dont les résultats ont été concluants.

« Solide et rustique »le mulet trouve sa place entre l’hélicoptère et les véhicules qui l’avaient rendu obsolète : Il s’agit de transporter du matériel lourd (nourriture, armes, munitions) dans des environnements difficiles et impraticables aux véhicules.on explique en 7e BCA. Les mulets peuvent transporter entre 80 et 120 kg, ils se nourrissent d’herbe locale et de suppléments. »

Le 7e BCA passe désormais à la phase de formation, avec pour objectif de disposer de ses propres animaux et de former des combattants au métier de muletier, « capable de conduire deux à trois mulets au sol ».

Des racines en Poitou

L’information résonne particulièrement dans le Poitou et les Deux-Sèvres, haut lieu de la « la filière mulasse » à la fin du 19e siècle. Les mulets qui reprennent du service en 2024 chez les Chasseurs alpins ont ainsi un lien étroit avec le Poitou, même s’ils sont issus d’un élevage en Ardèche : «Parmi les mulets utilisés par l’armée, il y a une Poitevine et d’autres Comtoises et Ardennes, explique Roselyne Girard, éleveuse, membre de l’Association Nationale des Races Mulasse du Poitou, basée à Coulon. Dans tous les cas, le père est un âne du Poitou. »

Éleveur et réserviste

La réserviste de l’Armée, Roselyne Girard, a fourni les mulets et participé aux exercices : « On part généralement avec trois mules, parfois plus. Je vais avec eux, former les jeunes. » A l’usage, la mule poitevine s’est révélée moins adaptée que ses homologues aux besoins des fantassins : “Elle est trop grosse!” Ce n’est pas facile de préparer des sacs de 30 kg. Il est plus adapté à la traction. »

« Former de jeunes soldats »

Les exercices autorisés « se réapproprier des compétences précédemment maîtrisées », souligne le 7e BCA. L’armée française a retiré ses dernières mules en 1975, leur utilisation opérationnelle remontant à la guerre d’Algérie.

Le 7e bataillon de chasseurs alpins entraînera des soldats à conduire des mulets.
© (Photo 7e Bataillon de Chasseurs Alpins, cellule de communication)

« Le terrain exigeant rencontré cette semaine [d’entraînement] a confirmé la nécessité de former de jeunes soldats capables de diriger des mules dans tous types de milieux », souligne le 7e BCA, qui fait parallèle « la maîtrise des savoir-faire ancestraux et des technologies les plus récentes ». Le bataillon utilise notamment le nouveau véhicule blindé Serval. Le retour des mules à 7e BCA n’est pas un cas unique : aux Etats-Unis, les Marines ont également recréé une unité équipée de mules.

Chaque mule peut transporter entre 80 kg et 120 kg de matériel.
© (Photo 7e Bataillon de Chasseurs Alpins, cellule de communication)

« Nouveau point de vente »

A Coulon, l’Association nationale des races mulasses du Poitou suit de près le regain d’intérêt de l’armée pour les mules. Ses adhérents, répartis dans toute la France, vendent actuellement entre 20 et 30 mules par an. « La plupart des animaux sont vendus en Italie pour le transport du bois dans les forêts et en Espagne pour tirer les équipes lors d’événements festifs.souligne Ophélie Lecampion, responsable de l’association. L’utilisation des mulets par les militaires est un nouveau débouché possible pour notre bétail, avec le retour d’un savoir-faire perdu. »

Une industrie disparue

Le Poitou produisait, à l’apogée de « l’industrie des mulasses », jusqu’à 20 000 mules par an, destinées notamment à l’armée (les canons étant conçus pour être transportés sur des bâts). A la fin du 19e siècle, la région compte 160 ateliers, dont 94 dans les Deux-Sèvres ; l’activité est très lucrative, indique Éric Rousseaux dans son livre « Mules et mules, animaux d’exception » (Geste éditions). Malgré l’utilisation massive d’animaux sur le front, la production décline pendant la Première Guerre mondiale. Elle reprend légèrement au cours de la Seconde mais s’effondre peu après, au point que les races emblématiques donnant naissance au mulet poitevin, au trait poitevin et à l’âne du Poitou, ne survivent que grâce aux efforts d’éleveurs passionnés.

 
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