« Un vent de changement » de Jennifer O’Bomsawin

« Un vent de changement » de Jennifer O’Bomsawin
« Un vent de changement » de Jennifer O’Bomsawin

Jennifer O’Bomsawin n’a rien du profil habituel du grand leader de la Nation. La femme politique et mère de famille veut devenir la deuxième femme à accéder à ce poste prestigieux. « Le Conseil doit représenter ses citoyens », estime-t-elle.

Le candidat souhaite la bienvenue à l’équipe Soleil à la maison alors que la campagne est bien avancée. Une grande affiche à son effigie est placée devant la maison et la voiture garée dans l’allée est marquée à son effigie.

A l’intérieur, les jouets des enfants colorent le salon. « Être une femme et être mère est un formidable moteur », mentionne rapidement la jeune femme politique.

D’origine huronne-wendat et abénakise, Mme O’Bomsawin a toujours vécu dans la communauté. À l’aube de la trentaine, elle cumule plusieurs années d’expérience comme consultante auprès de nombreuses Premières Nations et du gouvernement du Québec. Elle a également été conseillère principale du Grand Chef Rémy Vincent avant de quitter son poste en début d’année pour se lancer seule.

Le poste de grand chef le séduit depuis longtemps. « J’avais 12 ans et je savais que c’était ce que je voulais faire », se souvient la mère d’une fillette de deux ans.

Lors des dernières élections, elle avait sérieusement envisagé de s’y rendre avant d’abandonner. «Je sentais que j’avais encore des choses à apprendre», explique-t-elle.

Mais désormais, « tout est vert ».

«Il y a un grand appétit pour quelque chose de nouveau, un vent de changement», estime le politologue de formation. “Et ma candidature est ce qu’elle apporte.”

Une vision

Jennifer O’Bomsawin propose la mise en place d’une gouvernance « représentative et inclusive ». Pour le candidat, il est impératif de favoriser l’implication de la communauté au sein du Conseil afin d’obtenir des résultats « en adéquation avec ce que nous voulons être en tant que Nation ».

« Je fais cette campagne pour ma fille, pour mes filleules, mes neveux et les enfants de mes amis. C’est pour toute cette nouvelle génération et les sept à venir qui, pour le moment, ne sont pas représentées et considérées », explique l’homme politique.

Jennifer O’Bomsawin a travaillé comme conseillère principale du Grand Chef Rémy Vincent. « J’ai beaucoup appris au cours des quatre dernières années », dit-elle.

(Jocelyn Riendeau/Le Soleil)

Pour répondre à la demande de plus de 1 000 membres en attente sur la liste pour obtenir un terrain, le candidat propose de diversifier l’offre de logements en facilitant le développement de modèles d’habitation variés, comme les constructions bigénérationnelles.

Tout en répétant qu’elle n’a pas le pouvoir de « donner des statuts », Jennifer O’Bomsawin suggère de repenser le système de transmission de la citoyenneté huronne-wendat. Pour elle, la Nation doit adopter un code qui « refléterait notre façon de voir les choses en lien avec nos valeurs intrinsèques et qui garantirait l’inclusion des enfants issus de mariages mixtes dans l’offre de services ».

Mme O’Bomsawin estime que la Nation doit avoir les moyens de ses ambitions. « Si nous voulons créer davantage de logements et acquérir des terrains, nous avons besoin de revenus indépendants. Si nous voulons améliorer nos services, assurer l’équité pour nos membres, peu importe où ils se trouvent ou quel que soit leur statut, cela prend de l’argent. Selon elle, la solution passe par une diversification des investissements et un soutien soutenu aux entrepreneurs hurons-wendats.

« Ce sont des propositions, est-ce vraiment ce que les adhérents veulent mettre en avant ? Nous verrons au travers des différentes consultations», insiste le candidat.

Établir des liens

Mme O’Bomsawin est convaincue que son expérience professionnelle constitue une valeur ajoutée pour le poste de grand chef. Ses nombreuses années de pratique auprès du gouvernement du Québec et d’autres Premières Nations devraient faciliter la passation de pouvoir et l’établissement de relations durables.

«Je me serais reproché toute ma vie de ne pas avoir tenté cette campagne», confie le candidat.
(Jocelyn Riendeau/Le Soleil)

«Je sais que je vais être capable de faire le travail. Le jour où je commence à travailler, les fichiers sont corrects. Ce sont tous des dossiers que je connais et sur lesquels j’ai travaillé », indique le candidat.

Elle assure que les procédures à suivre au sein des différentes instances n’ont pas de secret pour elle. « Je sais à qui parler au sein du gouvernement, qui appeler, quoi leur dire, comment procéder et comment monter des dossiers. Cette connaissance approfondie de l’appareil gouvernemental sera un superbe atout pour la Nation comme elle l’a été au cours des dernières années », ajoute-t-elle en faisant référence aux années passées aux côtés du Grand Chef Vincent.

« Identifier la maladie »

Les relations entre la Première Nation et le gouvernement du Québec demeurent toutefois compliquées, rappelle la candidate qui a quitté son poste gouvernemental à la suite du scandale entourant la mort de Joyce Echaquan.

Le refus du gouvernement caquiste de reconnaître le racisme systémique pose problème, estime Mme O’Bomsawin.

« Tant que vous n’aurez pas identifié la maladie, comment pouvez-vous la guérir de manière adéquate ? demande-t-elle, citant un échange avec l’un de ses aînés.

Elle critique une « fin d’inadmissibilité » de la part du gouvernement de François Legault. « Les Premières Nations ne sont pas considérées comme égales. Ils ne sont pas partenaires pour le moment. Ils sont considérés comme des « fauteurs de troubles », a déclaré Jennifer O’Bomsawin.

« La victoire est déjà là »

Le candidat souligne la réponse positive des membres de la communauté jusqu’à présent. « Malgré ma nature politique, je pense que les gens apprécient la personne que je suis », dit-elle. « Je vous offre la personne que je suis. Ensuite, nous développerons ensemble des idées et des visions.

« Bien sûr, nous espérons gagner pour faire de cette vision une réalité, mais pour moi, la victoire est déjà là. C’est avoir une femme sur les listes électorales», conclut-elle.

Le Soleil vous présente, au cours des prochains jours, le portrait des quatre candidats en course à la direction de la Nation Huronne-Wendat.

Aujourd’hui : Jennifer O’Bomsawin

Vendredi : Pierre Picard

Samedi : Michel Gros-Louis

Sunday: René Gros-Louis

 
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