Frédéric Bourgade, ancien correspondant de Radio France, se met « Dans la peau de l’ours » pour son premier roman

Frédéric Bourgade, ancien correspondant de Radio France, se met « Dans la peau de l’ours » pour son premier roman
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l’essentiel
Frédéric Bourgarde, ancien correspondant à Toulouse de France Inter et France Info pendant une trentaine d’années, dévoilera ce jeudi 25 avril son premier roman « Dans la Cuir de l’Ourse » aux éditions Un Autre Reg’Art. Il nous a donné rendez-vous au stade Magnagounet de Pamiers, où il a pris l’habitude de jouer depuis deux ans avec les Loups de Pamiers-Vernajoul pour qui, séduit par leur ambition, il retranscrit les matchs.

Comment vous est venue cette idée de roman ?

En réalité, c’est un roman que j’ai écrit cinq fois… (Rires) J’ai beaucoup travaillé pendant mon travail de correspondant de France Inter et France Info sur la réintroduction de l’ours dans les années 90. J’ai suivi toutes les démarches, toutes les polémiques, et toutes les difficultés rencontrées par les éleveurs et écologistes qui ont soutenu l’ours. J’avais, si j’ose dire, tous les points de vue. En plus, j’ai encore chez moi des cahiers dans lesquels je me suis replongé.

Je ne voulais pas écrire un manuel sur le pastoralisme parce que je ne voulais pas écrire quelque chose pour ou contre l’ours mais je voulais essayer d’être dans la peau de l’ours. On parle de lui, on le chasse, on le rejette, mais qu’en pense-t-il ?

Dans le livre, il y a plusieurs moments forts, pouvez-vous nous en raconter quelques-uns ?

Au tout début, on retrouve par exemple la fuite de l’ours qui est chassé et que nous allons attraper en Slovénie avant de le ramener ici. Et puis il y a la fuite de Pierre qui est mon personnage principal, un Ardéchois exilé à Paris, parti dans la capitale pour réussir mais se rend vite compte que ce n’est pas pour lui et qu’il a besoin d’aide. ‘espace. Plutôt que de retourner au village, il décide de chercher un travail qui lui convient, en plein air, et c’est ainsi que l’éleveur syndicaliste nommé Emile va l’embaucher comme apprenti berger avec l’espoir que cela devienne sa vraie vie. emploi.

Je voulais aussi parler d’un événement qui s’est passé en Ariège, ces hommes cagoulés qui voulaient chasser physiquement l’ours et qui en jouaient comme le FLNC. Heureusement ils n’ont pas agi mais c’était une manifestation à la fois un peu violente, de propagande et en même temps c’était une envie pour eux de dire : ‘On ne nous a rien demandé, l’ours n’était plus là, ne ramène le’. En fait l’ours n’est pas slovène, il n’a pas de nationalité. Il est avant tout là où il vit et est donc naturellement ici, chez lui. Ce n’est pas un hasard si parfois des équipes de rugby comme les Ours de Saint-Gaudens portent ce nom. Car effectivement, il y a une sorte d’enracinement et l’animal est totémique.

Le troisième moment fort est le procès de l’ours. Au Moyen Âge, on mettait à l’épreuve les animaux, par exemple une truie près de Rouen qui avait poussé un enfant parce que celui-ci voulait lui prendre sa nourriture. Il était jugé comme s’il s’agissait d’un animal qui avait une pensée, une volonté, une intention. Nous avons même fait semblant d’être une femme. J’ai donc voulu faire ce procès avec un plaidoyer pour et contre l’ours. Et on comprend comment Pierre a évolué. Au début il ne pense rien de particulier, il est comme tout le monde, ambivalent sur la question. De temps en temps, il pense que l’ours a sa place, puis de l’autre côté, il y a des gens qui sont confrontés à la réalité physique de la présence de l’ours, notamment lorsque les animaux sont mangés dans les estives. et que ces décès sont attribués au plantigrade.

Pour vous, l’ours a autant de place que l’homme ?

Oui, il y a cette idée, pourquoi chasser dans la nature ? L’ours ne demande rien, c’est nous qui l’avons ramené et ensuite nous sommes allés chez lui. Toutes ces présences humaines n’existaient pas dans le passé. Il est victime d’une situation qu’il n’a pas choisie et je pense qu’il ne demande qu’une chose, vivre en paix.

Enfin, l’ours est un peu un double de l’homme, il marche comme nous, se lève, il a cinq doigts, on lui prête des intentions envers les femmes. Il existe même un village en pays catalan qui, chaque année, le jour de la Saint-Martin, célèbre l’ours. Un homme se déguise en ours et attaque les femmes. Il fait référence à une légende, celle d’une petite fille disparue et que l’ours épousa en lui donnant un enfant mi-homme mi-ours prénommé « Jean de l’Ours ».

Vous êtes-vous longuement interrogé sur la résonance que pourrait avoir ce roman dans un territoire où l’ours reste un sujet épineux… ?

Oh, je me suis dit que j’allais avoir des protestations (rires) mais ça reste un roman avec une dimension de divertissement. Le propre du romancier ou de l’écrivain est de dessiner, ce n’est pas de restituer à l’identique pour satisfaire les gens.

L’Ariège reste encore le territoire où cet animal a été réintroduit et je me souviens encore de la libération de l’ours, un événement émotionnel très fort. Personne ne savait s’ils s’adapteraient vraiment et aujourd’hui ils sont 83. Cela prouve qu’on peut cohabiter. Bien sûr, les bergers vivent la situation différemment et ne veulent pas transformer la montagne en bunker avec des clôtures et des lumières pour chasser l’ours.

Se posera peut-être la question suivante, que j’évoque dans le roman, est-ce qu’un jour l’Ariège devra elle aussi exporter ses ours car à terme il y aura encore un problème de place si on en compte 150 par an ? exemple. L’urbanisation se poursuivant, la construction de routes aussi. Des infrastructures qui morcellent alors un territoire animal et notamment celui de l’ours qui se déplace beaucoup. Il y a encore des dangers pour eux.

Frédéric Bourgade a déjà en tête son prochain roman sur les gares autoroutières, lieux où l’on rencontre « le monde entier ».

 
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