A moins d’un mois et demi du jour du scrutin, les élections fédérales et régionales font la Une des journaux. Mais le même jour, les Belges devront également voter pour les élections européennes, et ils ne s’en désintéressent pas. C’est ce que constate le nouvel Eurobaromètre, récemment publié. Il s’avère ainsi que les trois quarts de la population souhaitent participer au vote (sans compter que le vote est obligatoire en Belgique), contre seulement 13% qui pensent le contraire. Autre résultat : près de six Belges sur dix s’intéressent activement à ces élections supranationales. Au-delà de ces deux résultats, le sondage a également tenté de savoir quelles sont les priorités des citoyens dans le contexte des élections, et ce qu’ils souhaitent que l’Union européenne (UE) fasse lors de la prochaine législature.
Élections : quels enjeux intéressent les électeurs ?
Pour les Belges, comme pour tous les Européens, le thème à aborder en priorité lors de la campagne électorale est la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. 34% des Belges le pensent, contre 33% dans l’ensemble de l’UE. Il s’agit donc sans doute d’une préoccupation majeure qui traverse tout le continent, quelles que soient les différences entre les pays. Même constat pour le lutte contre le changement climatiquece qui intéresse 27% des électeurs des deux groupes.
Pour le reste des enjeux de la campagne, il existe souvent des différences notables entre les Belges et les autres Européens. Alors que migration et asile n’intéressent que 24% de ces derniers, ce pourcentage s’élève à 31% en Belgique. Un résultat qui pourrait être dû principalement aux Flamands, selon une enquête du Vif montrant en février dernier que le sujet suscitait deux fois plus d’inquiétude au nord qu’au sud du pays. Une différence potentiellement liée à l’insistance de l’extrême droite à aborder cette thématique.
Les Belges semblent également beaucoup plus intéressés que l’ensemble des Européens par politique agricole (27% contre 23% au niveau de l’UE), par lutte contre le terrorisme et le crime organisé (26% contre 19%), ainsi que par Autonomie de l’UE dans les domaines de l’industrie et de l’énergie (21% contre 17%). A l’inverse, ils accordent moins d’importance aux questions liées à Défense et sécurité de l’UE (25% contre 31%), le soutien à l’économie et à la création de nouveaux emplois (22% contre 31%), au santé publique (21% contre 32%), et la démocratie et l’état de droit (15% contre 23%).
Les Belges soutiennent le Parlement européen
Une autre surprise du nouvel Eurobaromètre est la différence entre ces deux groupes en termes de position par rapport au Parlement européen. En effet, 72% des Belges souhaitent que le rôle de cette institution soit plus important à l’avenir au sein de l’UE (19% pensent le contraire), contre seulement 56% des Européens. Un résultat qui est lié au fait que ce camp pro-Parlement a bondi de 10% sur les cinq derniers mois.
Globalement, les citoyens belges sont d’accord avec le reste du continent sur les valeurs que devraient défendre les nouveaux eurodéputés élus en juin prochain. Leur priorité est la paix (42% des Belges), la démocratie (29%), la protection des droits de l’homme (24%), ainsi que la liberté d’expression et de pensée (21%). Le reste de la classification contient plus de nuances. Les Belges mettent particulièrement l’accent sur l’égalité entre les femmes et les hommes (19%), et attachent plus d’importance que la moyenne à la lutte contre les discriminations (16%), mais s’intéressent moins à l’État de droit. (16% contre 20%).
Peu d’eurosceptiques, mais beaucoup d’europathes
L’Eurobaromètre s’est également penché sur l’image et le rôle de l’UE auprès des électeurs. Globalement, il n’y a ici aucune différence entre les Belges et les autres Européens. Une légère majorité a une image positive de l’UE, jusqu’à 49% en Belgique, contre 33% pour le camp neutre et 18% pour ceux qui ont une image négative. Des proportions similaires sont constatées lorsqu’on demande si le rôle de l’UE est devenu plus important ces dernières années. 44 % répondent oui, 20 % non et 35 % déclarent que cela n’a pas changé.
Pour renforcer la position de l’UE dans le monde, les Belges s’accordent également avec leurs voisins sur les aspects à mettre en avant. Il s’agit avant tout de la défense et de la sécurité (31%), de la sécurité alimentaire et agricole (30%), des questions énergétiques (27%), de l’action climatique (27%), des aspects économiques (24%), des valeurs démocratiques (20%) , ainsi que l’éducation et la recherche (20%).
Optimiste pour l’avenir de l’UE, pessimiste pour le niveau de vie des citoyens
La dernière partie de l’enquête se concentre sur l’impact des actions de l’UE sur la vie quotidienne des citoyens. Pour les Belges, cela ne fait aucun doute : la réponse est oui, 72%. Huit Belges sur dix estiment même que l’adhésion du pays à l’UE s’est avérée bénéfique.
En revanche, la population est très divisée sur l’avenir. Si les Belges restent globalement optimistes quant à l’avenir de l’UE (67%), ils sont plus pessimistes quant à leur niveau de vie personnel au cours des cinq prochaines années. Selon 39% d’entre eux, elle va diminuer, et 45% estiment qu’elle n’augmentera pas. Seuls 14% pensent au contraire qu’elle va augmenter. Une faible proportion qui reflète un mécontentement global, pas forcément dirigé contre l’UE mais plus général.
