« Ceux qui laissent mourir les moutons s’en sortent mieux »

« Ceux qui laissent mourir les moutons s’en sortent mieux »
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Urs Maier, éleveur de brebis laitières d'Iselisberg TG, s'exprime dans un article du « St.Galler Tagblatt » contre une nouvelle obligation de vaccination.

Suzanne Meier

Urs Maier ne dort pas bien depuis plusieurs jours. Cet agriculteur bio d'Iselisberg TG élève 1400 moutons. La fièvre catarrhale (voir encadré) a jusqu'à présent épargné ses moutons. Mais « la situation peut vite changer », a déclaré Maier au « St.Galler Tagblatt ».

L’Office vétérinaire de Thurgovie a récemment confirmé deux cas de la maladie dans les communes de Kemmental TG et Hüttwilen TG – les premiers en Suisse depuis 2020. Selon Maier, il ne s’agit là que de la pointe de l’iceberg. « Je reçois tous les jours des appels de propriétaires de moutons inquiets », a déclaré Maier au journal.

Lécher l'ail

Pour protéger ses animaux, l'éleveur a fait réparer le ventilateur de l'étable et installé des léchoirs à l'ail pour éloigner les moustiques. Il n'y a pas grand-chose à faire pour le moment, « à part s'assurer que les animaux sont en aussi bonne santé que possible et qu'ils peuvent survivre au virus ».

Comme l’écrit le « St.Galler Tagblatt », la seule véritable mesure de protection serait la vaccination, mais elle n’est pas encore disponible en Suisse. Trois vaccins ont déjà été approuvés dans l’UE, dont l’un serait efficace contre le sérotype 3, répandu dans la région.

Maladie de la langue bleue

Le virus de la fièvre catarrhale est transmis par des moucherons, de petits moustiques. Ces moucherons apparaissent en Europe centrale de juin à fin novembre. Chez les ovins, la maladie peut être discrète ou très grave. Chez les bovins et les caprins, l'infection ne présente généralement aucun symptôme visible. Il n'y a aucun risque de propagation ou de transmission de la fièvre catarrhale par la viande ou le lait.

Le virus infectieux peut provoquer chez les moutons une forte fièvre, accompagnée d'une inflammation des muqueuses. Les troubles des vaisseaux sanguins entraînent des saignements et la formation d'œdèmes. Une coloration bleuâtre (cyanose) de la bouche et de la langue est possible. C'est de là que vient le nom de fièvre catarrhale. Un œdème au niveau de la tête et des extrémités est typique.

Selon le journal, Urs Maier et d’autres éleveurs de moutons, dont le conseiller d’Etat Franz Eugster, demandent donc que le vaccin soit rapidement approuvé par Swissmedic. On ne sait pas si l’Office vétérinaire de Thurgovie fera pression. Le chef de l’Office vétérinaire, Robert Hess, indique dans le « St. Galler Tagblatt » qu’ils sont en contact étroit avec l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires et les associations agricoles.

Comment c'était en 2008

En 2008, la vaccination contre la fièvre catarrhale était déjà obligatoire en Suisse et a permis de contenir la maladie avec succès. « Presque tous les moutons étaient immunisés et la maladie a ainsi été stoppée », rappelle Maier dans l’article. Il s’oppose néanmoins aujourd’hui à une nouvelle vaccination obligatoire.

Selon Maier, le nombre réel de moutons infectés pourrait être plus élevé que ce que l'on sait officiellement. Il soupçonne certains éleveurs de ne pas signaler le virus afin d'éviter la fermeture de leurs exploitations pendant 120 jours.

Conséquences juridiques de la violation de l’obligation de déclaration

Une telle interdiction signifie que les entreprises concernées ne sont pas autorisées à vendre des animaux pendant cette période. Selon le « St.Galler Tagblatt », l’office vétérinaire rejette cette hypothèse. Le chef de bureau Hess souligne que la non-déclaration n’est pas bénéfique pour les propriétaires d’animaux, car les droits à indemnisation ne sont possibles que s’il est prouvé que les animaux ont contracté la fièvre catarrhale et sont morts. En outre, il existe un risque de conséquences juridiques en cas de non-respect de l’obligation de déclaration.

Meier s’agace de la pratique consistant à fermer des fermes : « Pourquoi ma ferme d’Iselisberg TG est-elle fermée alors qu’un mouton de Diessenhofen tombe malade ? » En même temps, les voisins sont autorisés à garder leurs animaux à proximité de ses pâturages sans entrave.

Urs Maier et ses 1 400 brebis laitières ont jusqu'à présent été épargnés.

Suzanne Meier

Ces mesures n’ont de sens que si le virus se transmet d’un mouton à l’autre, explique Meier. Or, la transmission se fait exclusivement par l’intermédiaire des moustiques. Dans son article, Maier plaide plutôt pour la désignation de zones restreintes dans lesquelles le risque de transmission par les moustiques peut être minimisé.

Le bureau vétérinaire s'en tient toutefois à la législation fédérale sur les maladies animales, qui ne prévoit pas une telle procédure, car la fièvre catarrhale est considérée comme une maladie digne d'être contrôlée mais pas très contagieuse, comme l'explique le St.Galler Tagblatt.

Conséquences économiques

Comme l'a souligné Maier au journal, le traitement des animaux entraîne des coûts élevés, alors que l'office vétérinaire ne verse qu'une indemnité de 300 à 400 francs pour la perte causée par la mort des animaux : « Ils punissent les agriculteurs qui font tout ce qu'ils peuvent pour rendre la santé à leurs animaux. »

« Si vous laissez mourir les moutons, vous vous en sortez mieux », explique Maier, qui souligne également qu’il ne connaît personne qui le fasse. Hess confirme également que les coûts des mesures de prévention et du traitement des animaux malades sont à la charge des propriétaires d’animaux, comme c’est le cas pour d’autres maladies.

Jusqu’à présent, aucun décès dû à la fièvre catarrhale n’a été enregistré en Thurgovie. La situation reste néanmoins tendue pour les éleveurs de moutons. Selon le « St.Galler Tagblatt », le seul espoir d’amélioration de la situation réside dans la météo : avec la baisse des températures, l’activité des moustiques piqueurs qui transmettent le virus diminue également.

 
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