Ces nouveaux coups durs qui touchent le milieu culturel dans l’Hérault

Ces nouveaux coups durs qui touchent le milieu culturel dans l’Hérault
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Après le rétropédalage de l’ancienne ministre de la Culture Rima Abdul Malak qui a annoncé une augmentation de 6% de son budget pour 2024, les crédits alloués à la culture auront finalement été amputés de 204,3 millions d’euros. Une coupe budgétaire justifiée par le gouvernement par la nécessité d’économiser 10 milliards d’euros… Si le « pass culture » (qui profite principalement aux industries culturelles) et les écoles d’art ont été épargnés par cette réduction drastique, la réduction touche massivement le patrimoine (-100 millions d’euros). ) et la création (-96 millions).

Tout aussi inquiétant, une enquête flash, menée le 27 mars auprès des membres de l’Association des professionnels de l’administration du divertissement (LAPAS), indique une baisse prévue de 54 % du nombre de représentations pour la saison 2024/2025. Par ailleurs, 22 % des artistes soutenus déclarent envisager de mettre un terme à leur carrière ou de dissoudre leur entreprise.

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Pas de ZAT à Montpellier cette année

A Montpellier, la ZAT (Zone Artistique Temporaire) vient de payer le prix de la rigueur budgétaire. Promu depuis 2010 par le maire (PS) Michael Delafosse, alors adjoint à la culture, cet événement annuel, très apprécié du public (jusqu’à 80 000 spectateurs) vient d’être annulé.

« Nous sommes dans une situation de fortes contraintes financières liées à l’inflation, au coût de l’énergie, etc. Plutôt que de réduire les budgets dans le domaine de la culture, nous avons décidé d’annuler cette édition qui représente une année de travail et un budget de 700 000 euros. . défend la députée montpelliéraine de la Culture Agnès Robin. Nous préférons concentrer nos efforts sur l’extension du cinéma Nestor Burma, les 30 ans du théâtre Jean Vilar, les résidences artistiques, la fête de la musique ou les nouvelles archives qui deviendront un lieu culturel pour porter la mémoire de Montpellier. »

Désengagement du Conseil Départemental

Enfonçant le clou, le Département de l’Hérault vient d’annoncer la fin, à compter du 1er octobre 2024, du prêt de matériel de scène, un système mis en place depuis 2006 et qui permettait aux artistes et compagnies de disposer gratuitement de micros, câbles, amplificateurs. et autres projecteurs. En 2022, 350 acteurs culturels en avaient bénéficié pour un coût de plus de 1,5 million d’euros.

Raison invoquée pour justifier cette décision : un problème de concurrence déloyale dans la pratique des prêts gratuits. Demandé par La galerie, la collectivité brandit la loi : « Nous avons été interrogés sur nos pratiques concernant l’illégalité de nos prêts d’équipement, en référence à l’article L 2222-7 du CGPPP (Code général de la propriété des personnes publiques) : « les opérations de mise à disposition ou de location ne peuvent être réalisées ni à titre gratuit. gratuitement ou à un prix inférieur à la valeur locative. Le Président du Conseil Départemental étant informé dans le cadre de sa fonction, sa responsabilité personnelle et pénale peut être engagée. En conséquence, il a été décidé d’arrêter le dispositif Hérault Stage Equipment au 1er octobre 2024 afin d’éviter toute contestation tout en permettant la tenue des manifestations estivales avec le soutien du Département.

“Cette annonce est très violente pour les acteurs culturels, d’autant qu’il n’y a eu aucune concertation ni anticipation préalable, regrette Sandrine Mini, déléguée régionale, avec Samuel Mathieu à Toulouse, du Syndeac (Union des entreprises artistiques et culturelles) Occitanie et directrice du Théâtre de Sète. Mais les budgets sont préparés à l’avance. Ce n’est pas la première fois que le Département retire son soutien sans discussion : l’opération « Collège en tournée », qui permettait de proposer des spectacles aux étudiants, a été arrêtée en pleine tournée, du jour au lendemain ! »

« Contraint de déménager ailleurs »

Installé à la Halle Tropisme de Montpellier, le dramaturge allemand Dirk Korell, directeur de production de Camin Aktion et organisateur du festival Hype Occ (festival de danses de la culture hiphop) ne cache pas sa déception.

« Déjà, en octobre dernier, trois semaines avant le festival et alors que nous avions lancé la billetterie, le Département avait annulé la mise à disposition du lieu de réception, le Domaine d’O, avant de revenir sur sa décision, il rappelle. Nous avons appris aujourd’hui par les médias l’arrêt du système Hérault Stage Equipment. Ce manque de dialogue est très inquiétant et j’ai l’impression qu’on est entré dans une économie néolibérale qui va à l’encontre de la démocratie culturelle. »

Accompagnant des artistes et des compagnies régionales et internationales du spectacle vivant, avec une forte sensibilité à la danse, Camin Aktion a également développé, avec une vingtaine de partenaires culturels (Théâtre de la Vignette, musées, opéra, etc.), le programme JeSuis , intégrant « des gens d’ailleurs » (mineurs non accompagnés, réfugiés LGBT, etc.). Dirk Korell met en garde : « Je ne recherche pas la rentabilité et je pratique volontairement des prix bas pour attirer un public diversifié. Mais pour organiser un festival, les frais de fonctionnement s’élèvent à 40 000 euros, dont 16 000 euros autofinancés. Le prêt de matériel représentait une aide estimée entre 5 000 et 10 000 euros. Aujourd’hui je me pose la question concrète : soit la situation évolue, soit je serai obligé de déménager ailleurs, mais je trouverais cela dommage après le travail accompli et la collaboration avec des équipes passionnées comme celles du Domaine d’O.

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« Un maillage qui se défait petit à petit »

Sans le dispositif Hérault Stage Matériel (HMS), la survie des manifestations culturelles gratuites est en jeu, à commencer par les structures les plus modestes comme le Festival CHAP, à Viols-le-fort, soutenu par une équipe de bénévoles qui indique sur les réseaux sociaux un manque à gagner de 50 000 euros.

« Une fois de plus, la variable d’ajustement reste la culture, un secteur en pleine crise. » déplore Sandrine Mini.

Le délégué du Syndeac évoque même une situation explosive avec un effet ciseau : un financement public qui reste stable alors que tout le reste augmente (transports, décorations, logements…). Sans parler des répercussions sur le prix des spectacles.

“Je crains que ce nouveau coup dur n’engendre une baisse de l’emploi artistique, technique ou administratif, elle s’inquiète. Personne ne parle assez de la destruction de tous ces emplois… Il existe tout un réseau de services artistiques et culturels, pourtant essentiels à nos territoires, qui se défait peu à peu. »

Lancement d’un collectif citoyen

Un avis partagé par Sophie Laurent, directrice de Scopie, une association qui accompagne les porteurs de projets dans le développement de leur activité artistique, sensibilise le public à la culture et programme des spectacles tout au long de l’année, dont le Scopie Fun Fest. Soutenu par les collectivités, ce festival gratuit coûte au total 70 000 euros, avec un montant valorisé par le dispositif Hérault Matériel Scénique de 8 000 à 10 000 euros.

“Cette 4ème édition, qui aura lieu à Balaruc en juin, n’est pas impactée mais pour la saison suivante nous avons déjà déposé les demandes de subvention sans tenir compte de la fin du système puisque nous n’en étions pas informés, s’inquiète Sophie Laurent. C’est un coût supplémentaire que nous ne pouvons pas financer, cela signifie donc payer moins d’argent aux artistes émergents ou faire moins de spectacles. L’ensemble de l’écosystème est impacté. Nous sommes une petite structure : aurons-nous les épaules pour combler ce que les financiers ne peuvent plus fournir ? D’un naturel optimiste, j’espère que des discussions pourront avoir lieu avec le Ministère. »

Face à une vague d’incompréhension autour de cette décision de la communauté départementale, des acteurs culturels indépendants ont créé le collectif « Sauvons HMS ». Une rencontre est prévue avec les équipes du département de l’Hérault. De son côté, le Syndeac s’est rapproché de sa direction juridique…

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