Les bassins conchylicoles ont-ils su évoluer et préparer l’avenir ? – .

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Par Géraldine Lebourgeois
Publié le

23 avril 24 à 7h57

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Trois ans, de 2020 à 2023, pour analyser cinq décenniesde 1970 à 2018, sur trois sites conchylicolesBaie des Veysle bassin de Marennes-Oléron, l’étang de Thau, avec un quarante scientifiques et la participation de plus de 150 entreprises et organismes de gestion : le projet RETROSCOPE de l’Ifremer a vu grand.


Ce étude inéditefinancé par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer, a déjà fait l’objet d’une réunion nationale de restitution, à Nantes (Loire-Atlantique) en septembre 2023, et, encore, pour la Normandie, à Grandcamp-Maisy (Calvados) ce 16 avril 2024.

Objectif : analyser l’histoire pour donner des clés pour l’avenir

L’objectif du RETROSCOPE a été retracer l’histoire de trois bassins côtiers, dont la Baie des Veys, pour étudier l’évolution des comportements face aux crises écologiques et économiques passages à niveau. Afin d’apporter « un nouveau regard sur ces socio-écosystèmes, une vision intégrée de leur évolution et des clés pour que les acteurs de ces territoires puissent mieux préparer leur avenir », présente l’Ifremer.

« C’est une étude qui peut intéresser beaucoup de monde… Mais pas vraiment dans notre métier. » Interrogé sur ce qui pourrait concrètement changer à l’avenir, Guy Lecourtois, ostréiculteur de la Baie des Veys, président de la CUMA de la Vaconne (coopérative) et élu du CRC Normandie Mer du Nord (Comité Régional conchylicole), répond. ne cache pas son fatalisme, l’expérience à l’appui. Il a également pu l’utiliser pour l’étude.

« En quarante ans de métier, je n’ai pas vu les choses vraiment changer. Pendant longtemps cependant, la solution à éviter nouvelle crise Et mortalité comme nous l’avons vécu en 2008, c’est réduire la voile mais la profession n’évolue pas dans cette direction. On reste dans une logique de productivisme… On est à 6 000 poches (poches à huîtres par hectare, NDLR), on aimerait revenir à 4 500 poches, comme à Veules-les-Roses (Seine-Maritime), où ça marche bien. On nous critique de plus en plus sur la qualité de l’eau, et pourtant beaucoup ne cherchent pas à changer, satisfaits de la situation et des ventes à bons prix… »

Bonne condition

Selon les mesures réalisées par le Labéo, le laboratoire d’analyses chargé de surveiller la santé des eaux des côtes de la Manche, leur état est globalement bon. « Nos analyses montrent que la qualité s’améliore, confirme Maryline Houssin, responsable de l’unité Aquaculture du Labéo, avec une meilleure gestion des terres, notamment des stations d’épuration. Mais elle aussi, qui a eu l’occasion de travailler avec les scientifiques et les producteurs face aux dernières vagues de mortalité des huîtres et des moules, peut constater que les pratiques conchylicoles n’ont que marginalement évolué.

« Dans la Baie des Veys, le la qualité d’eau représente un problème majeur de l’essor de la conchyliculture au début des années 1970 et le restera malgré des efforts précoces et croissants en matière de suivi et de gestion », confirme néanmoins l’étude de l’Ifremer qui s’appuie sur 50 ans de données sur l’ostréiculture moderne, les années 1970 correspondant à une époque charnière, où l’espèce locale, décimée, a été remplacée par l’huître japonaise, et où les techniques ont clairement évolué, favorable à un essor important.

« Si les managers ont réussi à réduire le contamination chimique de la baie, des efforts restent à faire en termes de contamination microbiologique. Par ailleurs, le fonctionnement de la baie évolue : depuis la mise en place progressive du suivi de la Directive Cadre sur l’Eau au début des années 2000, les concentrations en nutriments (sauf nitrites-nitrates) et en chlorophylle diminuent. et la composition du phytoplancton, l’aliment préféré des huîtres, change. »

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Toujours exposé à la contamination

La Baie reste très exposée au risque de mortalité des coquillages, prévient l’Ifremer. Et le changement climatique, avec augmentation de la température l’eau de mer, un changement de son pH pose également des questions sur les évolutions à attendre et les interactions futures avec les germes pathogènes…

RETROSCOPE a également soulignéautres faits saillants: une diversification des activités et des usages, une attente plus forte de protection des milieux et de la biodiversité… « avec une remise en cause de la place de l’ostréiculture qui n’est plus une priorité », explique Aline Gangnery, chercheuse en écologie marine (laboratoire LER-N et LEBCO). ), et Rémi Mongruel, chercheur en économie (laboratoire EM/AMURE), à Brest (Finistère) pour l’Ifremer. “La gestion de l’ostréiculture est devenue plus complexe, dans un système social qui est lui aussi de plus en plus complexe, et qui n’atteint que partiellement ses objectifs. »

Avec RETROSCOPE, la volonté n’est pas tant de faire « une grande révolution », mais d’« objectiver les tendances évolutives ». « Cette prise de recul est un exercice que les conchyliculteurs ne font pas forcément. Il y a un court-termisme qui ne permet pas de se projeter. Faire le point sur les adaptations adoptées depuis 50 ans, sur ce qui a plus ou moins bien fonctionné, amène à s’interroger sur ce que devient leur métier et vers quoi ils souhaitent développer leur identité. »

RETROSCOPE est aussi l’occasion de croiser les points de vue entre acteurs et usagers du littoral. « Nous espérons que ce recul apportera des bénéfices. Peut-être que cela aura un effet de levier. C’est aux acteurs de ce territoire de s’en emparer. »

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