Le conservateur Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, incarnation de la droite dure

Le conservateur Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, incarnation de la droite dure
Le conservateur Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, incarnation de la droite dure

Il manquait une case au riche CV du sénateur vendéen : celle de ministre. À 63 ans, Bruno Retailleau s’apprête à la cocher, en acceptant de faire partie de l’équipe proposée par Michel Barnier à Emmanuel Macron, non sans s’être assuré au préalable que la configuration gouvernementale serait plus proche d’un « gouvernement de transition ».cohabitation» qu’un «coalition« .

Car l’élu vendéen, chef de file stratégique du très puissant groupe LR au Sénat depuis 2014, n’a cessé depuis sept ans de s’en prendre frontalement au « à la fois » macroniste et au système tripartite, « poison de la République ».

«Quand on mélange les serviettes et les torchons, on finit par créer l’impuissance. On durcit la France et on la conduit dans le mur.“, a-t-il encore scandé durant l’été en réponse aux appels à une coalition.Celui qui peut me faire changer d’avis n’est pas encore né.« .



Mais avec Michel Barnier à Matignon, la donne a changé.C’est notre homme, l’homme de la famille“, Et “nous sommes certains qu’il ne sera pas un collaborateur” d’Emmanuel Macron, insiste désormais Bruno Retailleau.

Ce passionné d’équitation et ancien cavalier du Puy-du-Fou a donc décidé de franchir l’obstacle, encouragé par de nombreux proches au Sénat. Mais l’ancien président des Pays de la Loire n’entend pas embarquer à bord du navire sans son triptyque : « ordre », « autorité », « fermeté ».

En première ligne en matière de droit de l’immigration

«Il ne va pas y aller pour mener une politique centriste, c’est sûr. Il va y aller franchement.“, prévient un sénateur centriste. Avant d’ajouter, amusé : “Avec lui, ce sera plutôt du ‘Donnez-moi le dossier de l’aide médicale d’Etat !'”, ce système accordé aux étrangers en situation irrégulière, un dossier hautement incendiaire.

Sur l’immigration, l’ancien protégé de Philippe de Villiers au sein du Mouvement pour la France (MPF) n’est pas du genre à céder du terrain. En témoigne la bataille engagée en décembre avec l’ex-Première ministre Elisabeth Borne sur la loi sur l’immigration, considérablement durcie après d’âpres négociations entre LR et Matignon.

«J’ai tiré tout ce que j’ai pu, je n’ai rien lâché. Nous étions au bord du précipice, mais j’ai dit à mes amis de me faire confiance.“, confiait-il quelques jours plus tard, racontant ce bras de fer.

Avec une double victoire personnelle à l’enjeu : l’adoption d’une loi inspirée de Retailleau et la fracture du camp présidentiel.

Conservateur sur les questions sociales

Sur les réformes sociétales, le profil de cet opposant au mariage pour tous (qu’il veut abroger) risque aussi de faire rouspéter. Au printemps, même minoritaire – fait très rare pour lui au Sénat –, il menait encore la bataille contre l’inscription de l’avortement dans la Constitution. Quant au projet de loi sur la fin de vie voulu par Emmanuel Macron, c’est « une loi d’euthanasie », tonne le Vendéen à la silhouette élancée et aux fines lunettes.

«Depuis un an, il n’a fait que se radicaliser en imposant ses positions extrêmement dures.“, s’inquiète un haut responsable du camp présidentiel au Sénat.Qui est assez fou pour gouverner avec Retailleau ?“, s’interrogeait ces derniers jours un ministre sortant.

A gauche, certains tiennent aussi des propos controversés, comme lors des émeutes de juin 2023, où il a établi un lien entre l’immigration, ces dérives et « une sorte de régression vers les origines ethniques» du «deuxième et troisième générations« .

Chez LR, on dresse au contraire le portrait d’un homme qui « écoute », « sait arrondir », et on salue l’équilibre du duo qu’il forme avec le président Gérard Larcher, capable de préserver l’unité du premier groupe parlementaire de la chambre haute, bien plus discipliné que son homologue de l’Assemblée nationale.

La garde rapprochée de ce lecteur insatiable vante aussi « l’intelligence » et la « force de travail » de son chef, ainsi que le talent oratoire de l’homme qui parle toujours sans une seule note, citant de mémoire nombre d’auteurs et de penseurs pour alimenter son argumentation.

Fidèle soutien de François Fillon en 2017, candidat à la présidence de LR en 2022 battu par Eric Ciotti, Bruno Retailleau a voté blanc au second tour de la dernière présidentielle.

Fils d’un négociant en grains, catholique pratiquant et “rural” autoproclamé, ce parlementaire discret et modeste s’apprête à monter sur le devant de la scène à Beauvau, loin de ses terres vendéennes où il élève poules, ânes et moutons.

 
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