« un ministre anti-Belloubet », « une nouvelle erreur de casting » ?

« un ministre anti-Belloubet », « une nouvelle erreur de casting » ?
« un ministre anti-Belloubet », « une nouvelle erreur de casting » ?

Anne Genetet a été élue députée de la 11e circonscription des Français établis hors de France en juin 2017 sous l’étiquette La République en marche ; réélue en juin 2022, sous l’étiquette Renaissance. En revanche, rien dans son CV ne laisse présager de connaissances ou d’intérêts particuliers pour l’école.

Même son de cloche pour son ministre délégué, Alexandre Portier : adjoint au maire, vice-président de la communauté urbaine Villefranche Beaujolais Saône depuis 2017, député du 9et Circonscription du Rhône depuis 2022 sous l’étiquette Les Républicains mais rien dans son CV ne le rattache à l’Education nationale.

Deux profils qui ne manquent pas de surprendre – ou d’irriter – les syndicats enseignants.

:« C’est l’anti-Belloubet »

Un numéro 4 au gouvernement qui n’est pas spécialiste dans son domaine, aurions-nous osé faire ça dans un autre ministère que le nôtre ?

Depuis le Béarn, Franck Hiale, secrétaire général académique du syndicat Unsa Éducation et professeur de mathématiques en collège, est furieux. « Anne Genetet est tout sauf une spécialiste de l’Éducation nationale, c’est l’anti-Belloubet, qui venait du premier cercle, qui venait de l’Éducation nationale et qui l’avait parcourue et traversée ; là, c’est l’inverse », s’étonne-t-il, avouant qu’il est « difficile d’avoir une opinion. Cela dit, je n’attendais pas grand-chose de ce gouvernement », dit-il.

« Un numéro 4 au gouvernement qui n’est pas spécialiste dans son domaine, est-ce qu’on aurait osé faire ça dans un autre ministère que le nôtre ? », poursuit Franck Hiale. « Les spécialistes sont ailleurs, à l’Élysée », précise-t-il, concluant : « on ne s’attend pas à un grand changement. »

« Faut-il se concentrer sur ces ministres maintenant ? Je n’en suis pas sûr non plus, car nous en avons eu beaucoup ces derniers mois ! »

Ce qui inquiète encore plus le représentant régional de l’UNSA, c’est la position de « ministre déléguée à la réussite scolaire et à l’enseignement professionnel ». « C’est très étonnant de l’isoler finalement de l’Éducation nationale. Et ça m’inquiète un peu car la parole professionnelle fait partie intégrante de l’Éducation nationale ».

« Mais attention, il y a du travail à faire à tous les niveaux », poursuit-il. De fait, les réformes introduites sous Gabriel Attal suscitent une forte opposition sur le terrain et peinent à être mises en œuvre, faute de moyens et même de décrets d’application. Sans compter l’opposition philosophique au fameux « choc des savoirs », au concept même de groupes de niveaux en mathématiques et en français, à la systématisation des évaluations nationales.

Dans le détail, le profil de la ministre Anne Genetet n’en finit pas d’étonner. « Elle vient des Français de l’étranger, et a été présidente d’une association d’employées de maison à Singapour. Là-bas, elle aura un personnel énorme à gérer, ironise-t-il : 1 million d’agents. L’Éducation nationale est le premier employeur de France et 10 millions d’élèves à gérer. »

En conclusion : « Est-ce qu’on ne parle que d’arbitrages politiques, d’équilibres, et que l’Éducation reste l’apanage de M. et Mme Macron ? Ce n’est pas de cela dont on a besoin, n’est-ce pas ? »

Enfin, une autre nomination inquiète le représentant de l’UNSA : celle de Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique. « Là aussi, nous avons un sujet ; sur la vision des services publics et de la fonction publique. Je ne suis pas sûr que ce gouvernement réponde à toutes nos attentes. »

SNES FSU : « c’est méprisant »

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De son côté, le Snes-Fsu, le syndicat national des enseignants du second degré, ne mâche pas ses mots. « On est certainement une fois de plus face à une erreur de casting, comme avec Amélie Oudéa Castéra », commence Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU. « On est face à une députée qui ne connaît probablement rien à l’éducation nationale, c’est une députée de l’étranger, et elle a été très impliquée dans l’optimisation fiscale des expatriés », ajoute-t-elle.

« C’est assez intriguant de voir que finalement, le ministre de l’Éducation nationale a été nommé à la suite d’une sorte de marchandage politique. Tout cela est encore très, très loin des enjeux d’une école en crise et c’est vraiment méprisant. »

Quant au ministre délégué chargé de la réussite éducative, Sophie Vénétitay le connaît un peu mieux, pour l’avoir « entendu parfois à la commission des affaires culturelles et sociales, mais sans avoir plus d’informations sur ce qu’il peut faire sur l’Éducation nationale ». Et d’ajouter : « C’est quelqu’un qui en sait probablement plus sur l’école privée que sur l’école publique, ce qui pose déjà problème quand on sait que le secteur privé est encore aujourd’hui l’outil d’une forme de séparatisme social et éducatif en France. »

Elle aussi est surprise par le titre de son poste. « Cela veut-il dire qu’il s’occupera de la réussite scolaire et que le reste du ministère s’occupera de l’échec ? »

En conclusion, la représentante nationale du Snes Fsu ne cache pas sa colère : « tout cela donne vraiment l’impression que, finalement, Michel Barnier et son gouvernement et ses ministres passent complètement à côté de l’essentiel de l’École. Aujourd’hui, on a une École qui va mal, qui est en crise, qui n’arrive pas à recruter, où il y a des réformes qui sont très contestées. Et on nous donne des ministres sans expérience, sans poids politique. »

 
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