Un camping déplacé pour échapper à la montée des eaux

Un camping déplacé pour échapper à la montée des eaux
Un camping déplacé pour échapper à la montée des eaux

La mâchoire d’une pelleteuse s’enfonce dans le toit des toilettes : la destruction du camping municipal de Quiberville-sur-mer, en Seine-Maritime, a débuté vendredi pour échapper à la montée inexorable des eaux.

« Ici, suite à la crue de 1999, une centaine de caravanes flottaient derrière la digue », raconte Stéphane Costa, enseignant-chercheur en géographie à l’université de Caen Normandie. « C’est l’un des rares territoires en qui a osé agir, chaque euro investi en prévision du changement climatique, c’est 10 à 15 euros économisés en réparations », ajoute-t-il, saluant l’action des élus locaux.

Le camping menacé de fermeture administrative

Le projet, baptisé « Basse Saane 2050 », poursuit plusieurs objectifs : la relocalisation du camping municipal, la reconnexion de la rivière Saane à la mer et la restauration de l’état naturel du site de l’ancien camping, une première en France selon le Conservatoire du littoral. Cet organisme a piloté ce projet financé notamment par des fonds européens, qui s’étend sur trois communes de la vallée de la Saane : Quiberville-sur-mer, Sainte-Marguerite-sur-mer, et Longueil.

La digue construite au XIXe siècle pour drainer les marais et les rendre cultivables était jusqu’à présent traversée par un « tuyau », un conduit en béton qui ne laissait pas s’écouler la totalité du débit de la Sarine en cas de crue, et qui empêchait les poissons migrateurs de remonter la rivière. Derrière cette route-digue qui longe la mer, le camping municipal de près de 200 emplacements, trop souvent inondé, était menacé de fermeture administrative.

« Arrêtons de lutter contre la nature »

« Le niveau de la Manche a monté de 20 cm en cent ans et de 10 cm ces trente dernières années, ça s’accélère » observe Stéphane Costa, coprésident du « GIEC normand », groupe de scientifiques chargé d’étudier l’impact du changement climatique sur la région. Les falaises et la plage, elles, souffrent d’une érosion « majeure ». Face à ce constat alarmant, la protection des activités humaines a longtemps reposé sur du béton, des enrochements, ou l’ajout de galets… Des solutions à court terme qui n’empêchaient plus les inondations.

« Un pont de 12 mètres sera construit pour laisser entrer la mer dans la vallée à chaque marée, on arrête de lutter contre la nature et de fixer le littoral », explique Régis Leymarie, délégué adjoint au Conservatoire, « mais 2025 n’est pas la fin du projet, l’adaptation sera permanente ».

L’artificialisation nette des sols est « nulle »

Un tout nouveau camping municipal de 160 emplacements a ouvert à 700 mètres en amont à l’été 2023 pour remplacer l’ancien. L’artificialisation nette du terrain est “nulle, ce qu’on a pris pour construire le nouveau camping, on le rend à la mer avec le terrain de l’ancien dans la vallée” selon lui.

Sur les quelque 17 millions d’euros nécessaires, 35% proviennent de l’Union européenne, autant de l’agence de l’eau Seine-Normandie, le reste des collectivités locales (communes, départements, régions…). Ce projet n’aurait pas pu se faire “sans le soutien politique, sans le soutien des habitants, des commerçants, des chasseurs et des agriculteurs, il n’y a pas eu d’opposition, l’acceptabilité est centrale”, conclut Régis Leymarie.

 
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