Le filet de sécurité sociale brisé au Canada pousse les gens vers l’aide médicale à mourir

Le filet de sécurité sociale brisé au Canada pousse les gens vers l’aide médicale à mourir
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Blake Murdoch est bioéthicien et associé de recherche principal au Health Law Institute de l’Université de l’Alberta.

Un exemple récent de recours à l’aide médicale à mourir (AMM) déclenche l’alarme. La CBC a rapporté que Normand Meunier, un Québécois tétraplégique, avait été hospitalisé en janvier pour un virus respiratoire. M. Meunier est resté sur une civière aux urgences pendant quatre jours malgré le fait qu’il lui ait fait part de son besoin d’un matelas spécial. Il a développé une grave escarre avec des os et des muscles exposés, ce qui l’a amené tragiquement à demander l’aide médicale à mourir. M. Meunier a déclaré à CBC : « Je ne veux pas être un fardeau. » Le 29 mars, il a bénéficié d’une aide médicale à mourir à domicile. L’incapacité du système de santé canadien à prendre soin de M. Meunier a contribué à son décès.

Entre-temps, le jour même du décès de M. Meunier, le journal britannique populaire The Times a publié une chronique en faveur de l’aide médicale à mourir écrite par Matthew Parris, ancien membre conservateur du Parlement britannique. Le sous-titre indique : « La pression va augmenter sur les malades en phase terminale pour qu’ils précipitent leur propre mort – ce n’est pas une mauvaise chose. » M. Parris soutient que la société « doit mettre en lumière l’équilibre entre les intrants et les extrants » et affirme que l’aide médicale à mourir aidera les pays occidentaux à rivaliser avec la Chine en économisant de l’argent.

Si vous n’êtes pas encore handicapé ou malade chronique, imaginez que vous l’êtes et réfléchissez à ce que tout cela pourrait vous faire ressentir. Pensez également à ce que cela pourrait présager de votre avenir. Le langage utilisé par M. Parris est synonyme du premier langage nazi décrivant les « mangeurs inutiles ». En effet, les personnes handicapées ont été parmi les premières victimes de l’Holocauste.

L’AMM est née de la pensée libérale de centre-gauche comme un moyen de concrétiser un idéal : la préservation de l’autonomie et de la dignité personnelles face à des souffrances immenses et souvent mortelles. La théorie derrière cela est éthiquement valable.

Mais la théorie et la pratique sont deux choses différentes, et l’expansion rapide de l’admissibilité à l’aide médicale à mourir au Canada a produit de nombreux résultats inquiétants. Le directeur de l’éthique d’un hôpital dit à un patient qu’il lui en coûtera 1 500 $ par jour pour rester sous soins hospitaliers, tout comme pour élever l’aide médicale à mourir – ce qu’un patient de London, en Ontario, atteint d’une maladie dégénérative du cerveau a allégué dans une poursuite qui contient des allégations selon lesquelles n’ont pas été prouvées devant les tribunaux – est à peine à un demi-pas du monde brutal envisagé par M. Parris.

Les personnes qui n’ont pas les moyens de vivre ou qui ne peuvent pas obtenir les soins qu’elles méritent subissent désormais des pressions structurelles en faveur de l’aide médicale à mourir. Il s’agit d’une perversion de l’autonomie et de la dignité personnelles. Ces valeurs ne peuvent être véritablement défendues que par l’aide médicale à mourir dans une société qui remplit son obligation d’offrir une vie digne et autonome aux personnes vulnérables. L’histoire de M. Meunier est la preuve que ce n’est pas le cas.

Le paysage politique, social et économique canadien est tendu. Nous sommes confrontés à des conséquences inflationnistes, notamment un coût de la vie exorbitant et des crises du logement. Les maladies chroniques, y compris la toute nouvelle maladie du COVID long, sont apparues depuis le début de la pandémie. Notre système de santé est constamment débordé et nous avons normalisé les attitudes libertaires à l’égard des décisions en matière de santé qui sont contraires à la santé publique et aux soins aux personnes vulnérables. Le filet de sécurité sociale du Canada s’effondre parce que nous n’avons pas réussi jusqu’à présent à relever ces défis. Il ne s’agit pas d’une base stable sur laquelle mettre en œuvre la politique d’aide à mourir la plus permissive au monde.

En outre, les pressions sociales et économiques auxquelles sont confrontées les sociétés occidentales ont contribué à la montée d’idées autoritaires, voire fascistes, dont beaucoup émanent des États-Unis, où les sondages montrent systématiquement qu’une large minorité de personnes croira tout ce que leur homme politique préféré leur dit. La présence de ces idéologies croissantes menace de transformer davantage l’AMM en un cauchemar eugénique infernal.

L’article de M. Parris montre comment des idées et des politiques libérales comme l’AMM peuvent être récupérées à des fins terribles. Mais nous avons déjà un sérieux problème sans les autoritaires aux commandes. Les groupes de défense des droits des personnes handicapées et les bioéthiciens ont tiré la sonnette d’alarme à chaque étape de l’expansion de l’AMM au Canada, tout comme les patients partageant leurs histoires troublantes.

Alors, comment pouvons-nous résoudre le problème ? L’une des principales critiques formulées à l’égard de l’AMM est le manque de précision des critères d’admissibilité. Par exemple, l’exigence d’endurer des souffrances intolérables est une contradiction dans les termes, car la souffrance doit techniquement être tolérable pour être endurée. Ce critère absurde ouvre la porte à des jugements cliniques et juridiques complètement subjectifs. Et lorsque les critères d’AMM sont fondamentalement subjectifs, les pressions socio-économiques peuvent devenir des forces puissantes dans la prise de décisions de vie ou de mort.

En définissant beaucoup plus clairement l’admissibilité à l’aide médicale à mourir et en enchâssant des lois sur les droits de la personne qui empêchent l’application potentielle de cette pratique à presque toutes les personnes vivant dans la pauvreté, en situation de handicap ou de vulnérabilité, nous pouvons préserver la dignité humaine au lieu de la sacrifier sur son propre autel. Et pendant que nous y sommes, nous devons exiger que les responsables publics offrent aux personnes vulnérables la vie digne qu’elles méritent.

 
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