exfiltrés de gangs sud-américains, ils sont désormais actifs en Île-de-France

exfiltrés de gangs sud-américains, ils sont désormais actifs en Île-de-France
exfiltrés de gangs sud-américains, ils sont désormais actifs en Île-de-France

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Antoine Blanchet

Publié le

21 septembre 2024 à 07:44

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« Je suis allé dans cet hôtel parce que c’était celui du film John Wick. » Depuis le box des accusés, le prévenu tente maladroitement de justifier le motif de sa présence devant la 23e chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Le jeune ressortissant colombien est jugé aux côtés d’un complice le 29 juillet 2024 pour avoir volé le sac d’un cadre de Coca-Cola à l’InterContinental. Le dommage : une montre Rolex estimé à plus de 15 000 euros.

Bien que les deux accusés se soient présentés comme des touristes venus pour les Jeux Olympiques, l’histoire n’a pas plu aux juges ni au procureur, qui ont plutôt suggéré l’hypothèse d’un deux membres d’un réseau bien structuréLes deux hommes ont été condamnés à un an de prison. Derrière cette affaire se cachent des vols en série commis à Paris et en petite couronne par des groupes organisés venus d’Amérique latine. Nous faisons le point sur ces réseaux qui donnent du fil à retordre aux autorités.

Un crime qui a évolué

Les réseaux sud-américains venant commettre des délits en Europe ne sont pas nouveaux. « On connaît l’existence de ces voleurs sud-américains depuis plusieurs décennies. Dans les années 1980, ils ont commis des vols à l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne), ainsi que dans les salons et les hôtels. Avec le covid et l’absence de touristes, ils ont commencé à se spécialiser dans les cambriolages de maisons », explique-t-il. nouvelles le patron de la Brigade Anti-Banditisme (BRB) de Paris, spécialisé dans la traque de ces groupes en Île-de-France.

Anciens membres de gangs

Mais concrètement, comment se forment ces groupes ? « Très souvent, ceux qui viennent commettre des vols sont déjà bien connus dans leur pays d’origine “Ils sont envoyés dans d’autres pays, où ils vont commettre des vols, et ils sont très doués”, explique le patron de la BRB.

Le passage des frontières n’est pas très compliqué pour ces réseaux : « Il n’y aura aucun problème dans le pays d’arrivée, car ils parviennent à obtenir de vrais visas à l’avance en utilisant faux papiers« Nous avons souvent des papiers cubains, par exemple. C’est un crime transnational très organisé », poursuit le chef de la brigade.

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« Ils viennent ici pour travailler, car ce sont des professionnels »

Les réseaux arrivent généralement d’abord en Espagne et se déplacent ensuite d’un pays à l’autre. au sein de l’espace Schengen« Ils restent entre un et trois mois dans chaque destination. Lorsqu’ils arrivent à Paris ou en petite couronne, ils viennent pour travailler, car ce sont des professionnels. Ils restent dans leur hôtel ou leur location meublée toute la journée, puis sortent le soir pour faire des repérages », nous explique un enquêteur du BRB.

Loin d’être des têtes brûlées, les équipes n’agissez jamais au hasard : « Ils vont saisir l’argent et les bijoux, mais moins la maroquinerie qui est plus encombrante. S’il y a le moindre risque, ils n’iront pas là-bas », explique le responsable de la BRB. Dans la vie de tous les jours, ils sont très difficiles à repérer : « Ils vont circuler dans des vieilles voitures et loger dans de petits hôtels, il n’y a aucune ostentation par rapport à d’autres types de criminels », confie l’un des agents.

Après plusieurs semaines de méfaits, les équipes décollent. « Juste avant de quitter la France, ils vont souvent prendre une photo devant la Tour Eiffel« En guise de trophée. L’argent qu’ils récolteront grâce au vol servira en partie à financer le road trip », explique l’enquêteur. « Ils iront vers le nord, dans les pays scandinaves », révèle un autre enquêteur du BRB.

Plusieurs nationalités impliquées

Au sein de ces réseaux, trois nationalités se distinguent, avec des activités différentes, comme nous l’explique un membre de la BRB : « Il y a les Péruviens, qui sont présents depuis longtemps. Ils vont surtout s’engager vols dans les hôtels ou les restaurants . Ils suivront aussi les cars de touristes. Il y a aussi les Colombiens, qui ont des activités très variées, allant du vol de voitures à des vols plus ciblés, notamment chez les restaurateurs asiatiques.

Un troisième pays, de plus en plus représenté dans ce type de délits, est le Chili : « Ce sont des hommes et des femmes âgés de 18 à 40 ans qui travaillent souvent en équipes de trois. Ils commettent des cambriolages surtout dans les banlieues proches et éloignées. Ils ciblent pavillons isolés,mais parfois les entreprises», énumère l’un des enquêteurs de la brigade.

Méthodes machiavéliques

Pour réussir ces vols et gagner de l’argent, ces réseaux recourent rarement à la violence, mais plutôt à la ruse. Parlant difficilement le français, les voleurs parviennent à mettre au point des stratagèmes vicieux pour tromper leurs cibles.

« Il y a quelques années, nous avons dû faire face à une équipe qui agissait sur la base parkings de supermarchés Ils crevaient discrètement le pneu de leur cible, généralement une personne âgée. La victime chargeait ses courses, puis partait avec un pneu crevé. Les voleurs suivaient le véhicule. Lorsque la victime s’arrêtait après avoir constaté la crevaison, ils venaient lui proposer leur aide. L’un d’eux a profité de l’occasion pour voler des effets personnels« présent dans le véhicule », précise le patron de la BRB.

La même dextérité se retrouve dans la gestion du butin. Ce dernier est en partie restitué aux pays d’origine pour des groupes aux contours opaques. Des stratagèmes incroyables sont parfois utilisés, comme nous le raconte un enquêteur : « Un groupe avait volé en Suisse petits lingots de métaux précieux Les voleurs achetaient ensuite des costumes en France. Les vêtements étaient envoyés en Amérique du Sud… avec les lingots cousus dans les doublures !

Une coopération internationale importante

Protéiforme et bien organisée, comment la police parvient-elle à enquêter sur ce crime ? « Nous avons la chance d’avoir une coopération avec les pays sud-américains concernés, ce qui nous permet de les identifier plus facilement. Notre façon de travailler consiste à identifier les membres de ces réseaux et à les suivre. L’objectif est de les traduire en justice. avec un fichier suffisamment fortpour ne laisser aucun doute sur leurs activités », explique le patron de la BRB.

Car lorsqu’ils sont capturés, les membres de ces groupes souffrent histoire carcérale importante« Nous découvrirons qu’ils ont commis des crimes dans d’autres pays, ce qui implique des procès et des condamnations dans chacun d’eux », explique un enquêteur.

Si pendant les Jeux olympiques, les actes commis par les réseaux sud-américains étaient quasi inexistants, en raison de la présence policière considérable, les vols se multiplient, notamment via le réseau chilien, nous explique un enquêteur. Chaque année, le butin est d’ampleur, comme le confie le patron de la BRB : « Ce sont des Des millions d’euros volés à nos concitoyens« C’est un véritable fléau. »

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