Un projet pour honorer la mémoire des tailleurs de pierre italiens venus en Creuse au XXe siècle

Un projet pour honorer la mémoire des tailleurs de pierre italiens venus en Creuse au XXe siècle
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Durant l’entre-deux-guerres, le camp de Beausoleil accueille des centaines de tailleurs de pierre italiens venus travailler le granit de Creuse. Afin de ne pas oublier leur mémoire et leur intégration réussie en France, un comité de pilotage aidé de plusieurs associations souhaite créer un lieu de mémoire qui pourrait prendre différentes formes.

De l’Italie de Mussolini au département rural de la Creuse, des centaines d’Italiens ont été contraints à l’exil à partir des années 1920 suite à l’avènement du dictateur. Des centaines d’hommes et de femmes anonymes ont été contraints de fuir leur pays en raison de leur refus d’adhérer au parti fasciste. Beaucoup sont venus en Creuse, alors que l’exploitation du granit était en plein essor et qu’une partie de la main d’œuvre française était décimée par la Première Guerre mondiale. À partir des années 1920, ces ouvriers émigrés commencèrent à exploiter le granit des carrières de Maupuy et vécurent dans des casernes en bois installées près de Courtille.

«Nous nous demandions comment préserver cette mémoire des Italiens», explique François Vallès, conseiller municipal de la ville de Guéret et membre du comité directeur souhaitant créer un lieu de mémoire. Je suis sûr que de nombreux Guérétois ont des ancêtres italiens. »

Intégration dans la population locale

Autrefois menacées de disparition en raison d’un projet d’installation d’un centre aquatique, ces casernes en bois qui témoignent encore de l’histoire de la ville et de la façon dont elle a été construite, ont été conservées. Un comité directeur composé de plusieurs élus a ainsi été créé afin de préserver la mémoire de cette histoire et compléter l’action déjà existante de l’association franco-italienne El Fogolar del Monpy, créée en 1990 par des descendants de carriers et tailleurs. et le comité de jumelage de Saint-Sulpice-le-Guérétois -Torreano (Frioul – Italie).

A Guéret, une exposition retrace l’histoire des tailleurs de pierre italiens venus en Creuse au début du XXe siècle

Le président Pierre Buscaglia expliquait récemment dans nos colonnes que « peu de gens connaissent cette histoire. » En 1931, il y avait environ 160 de ces « casseurs de pierres » dans le camp. « Et aujourd’hui, on ne peut pas penser la ville de Guéret sans l’intégration de ces émigrés », tient à souligner François Vallès. Actuellement, nous considérons l’émigration comme un appauvrissement alors qu’elle est un enrichissement. C’est grâce à elle que Guéret a été construit », affirme l’élu.

Il y avait bien sûr tous ces tailleurs qui ont été contraints au travail forcé pendant des années, mais aussi ces femmes dont on parle moins. Toutes ces familles italiennes qui, de génération en génération, se sont progressivement intégrées à la population locale. «On avait l’impression que cette histoire se perdait», regrette le représentant municipal, Gilles Brunati, également membre du comité directeur qui réfléchit actuellement à un projet de mémoire. Celle-ci n’est pas définie, elle n’en est qu’à sa première étape : celle du recueil de témoignages oraux et écrits avec le concours des archives départementales de la Creuse, de la médiathèque de Guéret et d’une radio locale.

Un projet à définir

Ensuite l’idée du comité serait d’acquérir les cinq casernes, appartenant à un particulier, une fois le projet de mémoire bien défini. « Cela peut prendre diverses formes, explique Gilles Brunati. Il pourrait par exemple s’agir d’un chemin de mémoire allant du camp de Beausoleil aux carrières de Maupuy avec une application d’explications. »
Quant à la caserne, le comité ne souhaite pas les transformer en un simple musée. « Il faut leur donner une nouvelle vie, pourquoi ne pas en faire un lieu d’accueil d’associations », suggère François Vallès. Aussi, une exposition pourrait voir le jour dans le nouveau musée de la Sénaterie tandis que le comité directeur se dit prêt à accueillir un étudiant qui souhaiterait rédiger un mémoire. « Toutes les voies sont ouvertes pour que nous puissions conserver les pierres fondatrices de la mémoire de cette histoire. »

Vincent Fauré

 
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