Le futur commissaire aux enfants sur la glace

Le futur commissaire aux enfants sur la glace
Descriptive text here

Nous avons appuyé sur pause.

L’attaché de presse du ministre Lionel Carmant, Lambert Drainville, a confirmé que les travaux parlementaires menant à l’adoption du projet de loi 37 sont arrêtés depuis plus d’un mois. Nous en étions arrivés à l’étude détaillée du projet en commission parlementaire, donc en troisième lecture, ce qui aurait été en théorie la dernière étape avant son adoption.

Nous y étions presque.

La raison? «Nous prenons le temps de rencontrer les premières nations», a-t-il répondu pour expliquer l’arrêt des travaux si près de l’objectif. L’étude détaillée du projet de loi a débuté le 6 février, et le lendemain on entendait Ghislain Picard, président de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), le critiquer vertement.

Il a reproché au gouvernement d’aller à l’encontre d’une des recommandations clés de la Commission Laurent, soit d’avoir créé non pas un commissaire distinct pour les Premières Nations, mais un commissaire adjoint intégré à la structure du commissaire principal. Il a évidemment déploré le fait que les Premières Nations soient traitées comme un sous-groupe.

Le 9 février, la Cour suprême a statué : c’est aux peuples indigènes de prendre soin de leurs enfants, comme ils l’ont toujours réclamé.

Mais le ministre Lionel Carmant ne pouvait pas feindre la surprise, la position de l’APNQL sur son projet de loi était connue depuis longtemps, en fait depuis le jour même de son dépôt. C’était le 26 octobre. « Les conclusions de la présidente de la Commission, Régine Laurent, étaient pourtant claires : le commissaire associé à l’enfance autochtone devait être indépendant pour contribuer à rétablir un certain lien de confiance dans un système qui, fondamentalement, nous manque. Le projet de loi présenté aujourd’hui fait de lui davantage un adjoint au commissaire du Québec», a réagi Ghislain Picard dans un communiqué.

Il a fallu tout ce temps, et un jugement de la Cour suprême, pour que le gouvernement reprenne ses fonctions.

Au téléphone, Ghislain Picard confirme avoir eu une rencontre de 45 minutes avec le ministre Lionel Carmant il y a environ deux semaines. « Il a parlé de co-construction, mais je ne suis pas sûr qu’on ait la même définition. Il faut évaluer les intentions du Québec, mais il est clair pour nous que les consultations doivent être plus substantielles.»

La balle est dans le camp du ministre. “Nous consultons les communautés de notre côté et nous attendrons de voir quelle sera leur prochaine proposition.” Aucune nouvelle réunion n’est à l’ordre du jour, les parties ont convenu de se reprendre si nécessaire.

Alors on attend.

Ce qu’on y dit, c’est que le projet de loi a été mal construit dès le début et que le ministre l’a obstinément défendu. Interrogé à ce sujet le 7 février par Ghislain Picard, il a répondu ceci : « J’ai mis en préambule que les Premières Nations, les Inuits, sont les mieux placées pour prendre soin de leurs enfants. Il n’y a aucun problème à ce sujet.

Dans le préambule.

Et là, maintenant qu’il se sent acculé, il fait dérailler le processus législatif et ajourne les travaux, reportant on ne sait combien de temps l’arrivée de ce fameux commissaire sur lequel le ministre Carmant disait tant compter pour aider « tous les enfants ». . Mon petit doigt me dit qu’on n’est pas près de voir des tableaux de bord.

Mercredi, l’attaché du ministre m’a écrit que « nous n’avons pas encore de date » pour la reprise des travaux, qui ont été reportés sine die.

On a l’impression d’effacer et de recommencer.

Et dire que Lionel Carmant avait annoncé en grande pompe en octobre la création de ce commissaire critiqué de toutes parts, qu’il avait promis qu’il se mettrait rapidement au travail, qu’il serait nommé au maximum six mois après l’adoption du facture.

(bruit des grillons)

Et le jour où on y reviendra, on aura sûrement un projet de loi bien différent, pour lequel il faudra refaire l’analyse, qu’il faudra réétudier. Cela prendra encore plus de temps, des semaines ou des mois, sans compter le désert estival où il risque de se retrouver. Les députés siègent jusqu’au 7 juin, pour revenir trois mois plus tard.

Pendant qu’on y est, pour peu qu’on recommence presque tout depuis le début, le ministre Carmant pourrait aussi s’assurer que le futur commissaire soit un véritable chien de garde, qu’il fasse le travail que ne fait pas la Commission des droits de la personne et des droits des jeunes. N’oubliez pas que le titre du projet de loi est « Loi sur le commissaire au bien-être et aux droits de l’enfance ».

A moins qu’il ne raye le mot « droits ».

Pour répondre à cette chronique, écrivez-nous à [email protected]. Certaines réponses pourront être publiées dans notre rubrique Opinions.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV La nouvelle prison de Bellechasse inaugurée après deux ans de travaux – rts.ch
NEXT Une femme victime d’un meurtre à Terrebonne