Dans le détroit du Pas-de-Calais, le pire naufrage de migrants depuis 2021

Dans le détroit du Pas-de-Calais, le pire naufrage de migrants depuis 2021
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Des pompiers en charge des migrants secourus, au port de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), le 3 septembre 2024. AIMÉE THIRION POUR « LE MONDE »

Un cocktail était organisé ce matin-là au centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) de Gris-Nez (Pas-de-Calais). Dans cet ancien bâtiment dominant la Côte d’Opale, où sont coordonnées les opérations de sauvetage en mer, un membre de la direction célébrait son départ. Par temps clair, depuis Gris-Nez, la vue est imprenable et s’étend jusqu’aux falaises de Douvres, en Angleterre, que rêvent d’atteindre les migrants qui s’élancent depuis plusieurs années dans le détroit du Pas-de-Calais, à bord de petites embarcations pneumatiques. Plus de 20 000 d’entre eux ont déjà effectué la traversée d’ici 2024.

Mardi 3 septembre, alors que le cocktail battait son plein, un drame s’est produit sous les fenêtres de la Croix. Un ballet sinistre d’embarcations s’est mis en mouvement, à moins de trois kilomètres des côtes. On y trouvait des bateaux de pêche, un patrouilleur des douanes, un navire affrété par l’Etat, des moyens de la Société nationale des sauveteurs en mer (SNSM) et même, dans le ciel, des hélicoptères. Tous étaient à la recherche de survivants après le naufrage d’une embarcation chargée de soixante-cinq migrants.

Mardi soir, le bilan provisoire communiqué par le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, Guirec Le Bras, faisait état de cinquante et une personnes secourues – dont plusieurs en état d’hypothermie sévère et deux en urgence absolue –, deux disparus et douze morts, dont dix femmes et six mineurs. Les victimes seraient en majorité originaires d’Erythrée. Il s’agit du bilan le plus lourd depuis le naufrage survenu le 24 novembre 2021, à l’issue duquel vingt-sept corps sans vie avaient été retrouvés.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les traversées de la Manche de plus en plus meurtrières pour les migrants, qui se noient ou suffoquent dans des bateaux surchargés

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Gaëtan Baillet pêche habituellement des homards. Le mardi 3 septembre, il a vu « corps flottants ». Le patron du caseyeur de Boulogne Le Breton Les secours ont répondu au message d’alerte “Mayday” diffusé peu après 11 heures par le Cross, qui demandait aux bateaux disponibles sur zone de porter secours à des personnes en mer. C’est la première fois que Gaëtan Baillet relève un corps dans l’eau. « C’est un peu choquant »dit-il modestement. Son cousin, Axel Baheu, à bord du chalutier MurexIl a retrouvé trois cadavres devant lui. C’était la première fois aussi, et il en pleurait.

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La protection civile en charge des migrants secourus, au port de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), le 3 septembre 2024.

La protection civile en charge des migrants secourus, au port de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), le 3 septembre 2024. AIMÉE THIRION POUR « LE MONDE »

Axel Baheu avait repéré le bateau vers 10 heures du matin, à une centaine de mètres au large de son embarcation. Les migrants étaient entassés, peut-être une centaine, certains à cheval sur les bouées mal gonflées du canot, au moins un tenant une bouée à la main, presque tous sans gilet de sauvetage.

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