C’est fou comme la Suisse a changé

C’est fou comme la Suisse a changé
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indéfini © Keystone

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Publié le 22/04/2024

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Être Suisse ne vous protège de rien. Par exemple, lorsque la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la « Suisse » pour son inaction climatique, cela m’a mis mal à l’aise. J’étais aussi en colère de voir des compatriotes boire du lactosérum lorsque cette sentence a été annoncée.

Tout cela m’énervait pour une raison simple : la « Suisse », c’est moi. C’est-à-dire quelqu’un de libre et souverain qui n’a ni bons ni mauvais points à recevoir de l’étranger. Avec cela, je vis avec modération et la nature est sacrée pour moi. Enfin, en tant que nain de jardin peu polluant, j’aimerais connaître l’empreinte carbone des juges qui m’ont condamné à Strasbourg. Juste pour le comparer avec le mien…

Les guirlandes, c’est bien beau, mais c’est toujours un peu faux

Quand je prétends être la « Suisse », je sais que neuf millions de personnes peuvent dire la même chose. Et ce que j’aurais dû préciser d’abord, c’est que je suis « la Suisse » du siècle dernier. Ce n’est pas une lamentation mais un constat : c’était différent d’aujourd’hui.

Bon et bon homme

Comment s’habituer à ne plus être indépendant, à ne plus être neutre, à ne plus être fidèle à nos sacro-saints principes ? Je me pose cette question en tant que simple enfant de la Suisse d’avant, restant attachée à sa bonhomie. Et des bonnes choses, comme ses talents diplomatiques et humanitaires ou sa proximité avec les pays non alignés.

Ce qui reste? Ces années 2020 m’apprennent : moi qui pense être la Suisse, je ne suis pas celui que je pensais être. Dire que je n’aurais jamais pensé pouvoir un jour dénaturer les droits fondamentaux en période de pandémie, brader ma neutralité à cause de la guerre à l’Est ou détruire ma réputation en cédant aux vents puissants venant de l’autre côté de l’océan.

Il est étrange de voir comme notre pays a changé, comme son alignement ou son renoncement à un tel devoir humanitaire est étrange. Voyez la suspension de son aide à l’agence d’aide de l’ONU aux réfugiés palestiniens, au pire moment pour elle et pour eux…

La Suisse a longtemps tenu sa position. Cette petite fille avait son caractère, son originalité, son génie diplomatique. Elle a maintenant M. Ignazio Cassis. Et une diplomatie très Paléo Festival, spécialisée dans l’organisation d’événements et de conférences absurdes.

C’est bien beau, du clinquant, mais toujours un peu faux. Illustration avec le Moyen-Orient, où nous prônons depuis des années la solution à deux États. Et? Eh bien, au Conseil de sécurité, la Suisse vient de s’abstenir sur la demande d’adhésion à part entière de la Palestine à l’ONU. Cette adhésion ? « Pas le bon moment » selon notre ministère des Affaires étrangères, qui n’a pas précisé quand viendrait ce moment.

M. Cassis était médecin. Personne ne lui reprochera d’avoir renoncé à cette profession et au serment d’Hippocrate : il était fait pour le serment hypocrite. Reste, pour ma part dérisoire, à s’habituer à cette idée : notre gouvernement, c’est aussi la « Suisse ».

 
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