“Le mimétisme explique peut-être en partie la hausse de la délinquance juvénile” – rts.ch

“Le mimétisme explique peut-être en partie la hausse de la délinquance juvénile” – rts.ch
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En 2023, les délits commis par des mineurs dans le canton de Vaud ont augmenté de 13,1%. Pour Sylvie Bula, commandante de la police cantonale, la situation est « préoccupante ». Elle souligne toutefois que les données concernant les jeunes sont toujours très « volatiles » d’une année sur l’autre.

Vol, vol qualifié, incendie criminel et même lésions corporelles. Les délits commis par des mineurs sont nombreux dans le canton de Vaud. « On parle malheureusement de presque tout ce qui existe dans le Code pénal », reconnaît Sylvie Bula.

Comme dans le reste de la Suisse, la situation s’est aggravée l’année dernière, avec une augmentation du nombre de cas. Invité de La Matinale de la RTS vendredi, le commandant de la police cantonale vaudoise s’en explique pour plusieurs raisons, même s’il reste difficile d’avoir toutes les clés de compréhension.

« Je ne suis pas sociologue et je ne risquerais pas trop d’analyses. Cependant, nous constatons un net changement depuis le Covid. Certains diront qu’il y a un lien de causalité. On imagine aussi que dans un contexte où la situation économique est tendue, l’attrait du gain facile peut être un critère”, analyse-t-elle.

Et d’ajouter : « On voit qu’il y a peut-être aussi du mimétisme. Les jeunes regardent ce qui se passe dans les pays voisins et veulent faire la même chose en Suisse. On imagine que c’est potentiellement une piste”.

Misez également sur la prévention

Préoccupé par ces chiffres en hausse, celui qui était auparavant à la tête de l’Administration pénitentiaire vaudoise relativise cependant leur ampleur. « Traditionnellement, les données sur la délinquance juvénile sont beaucoup plus volatiles que celles observées chez les adultes. Les chiffres peuvent monter ou descendre beaucoup plus rapidement», analyse-t-elle.

Il n’est cependant pas question de rester les bras croisés face à cette tendance perceptible Statistique vaudoise de la criminalité. « Nous travaillons avec tous les acteurs institutionnels, que ce soit la protection de la jeunesse, le tribunal pour enfants ou encore les milieux scolaires et périscolaires », explique-t-elle.

L’intégration des travailleurs sociaux est intéressante pour atteindre les populations vulnérables où parfois un uniforme n’est pas la meilleure approche.

Sylvie Bula, commandante de la police cantonale vaudoise

Pour Sylvie Bula, la réponse à cette augmentation ne doit pas être seulement répressive. C’est aussi une question de prévention. Elle évoque notamment l’intégration de travailleurs sociaux dans les patrouilles, une initiative déjà en cours dans le Nord vaudois, comme une possibilité pour améliorer la situation.

“Le fait d’intégrer des travailleurs sociaux au travail policier commence à se développer et est intéressant pour différentes raisons, notamment pour contacter des populations vulnérables où parfois l’uniforme n’est pas la meilleure approche”, précise. dit-elle.

Le défi de la cybercriminalité

Autre défi très actuel pour la police cantonale vaudoise : la criminalité en ligne. Là aussi, comme presque partout dans le pays, les cas se multiplient et les jeunes sont souvent impliqués.

Dans la cybercriminalité, on ne s’expose pas directement à se faire prendre (…) cela attire les désirs des délinquants

Sylvie Bula, commandante de la police cantonale vaudoise

Pour le commandant de la police vaudoise, le sujet est vaste et surtout complexe, car bien souvent, les auteurs ne sont pas retrouvés en Suisse. « Dans la cybercriminalité, nous ne nous exposons pas directement à être attrapés par une patrouille ou poursuivis. Cela attire donc les désirs des délinquants qui se retrouvent bien au-delà des frontières suisses», constate-t-elle.

Dans cette cybercriminalité, qui consiste la plupart du temps en des délits de fraude en ligne, les jeunes sont également très présents. « Ils font partie de la tranche d’âge prédominante. Il existe probablement une affinité avec la technologie que l’on retrouve moins chez les populations plus âgées. Je pense que c’est une question générationnelle”, analyse-t-elle.

Pour faire face à ces délits, qui ont encore un taux d’élucidation relativement faible, le commandant de la police vaudoise appelle à la poursuite du partage d’informations, notamment entre les différentes polices cantonales. « Nous partageons des informations, mais nous devons probablement franchir une étape supplémentaire dans la judiciarisation. (…) Cela concerne notamment la décision de savoir qui va prendre le cas, le porter au nom des différents cantons, puis tenter de saisir le tribunal.» Une discussion déjà en cours, dit-elle.

Activité policière accrue

Interrogée sur la question des moyens, Sylvie Bula estime qu’à l’heure actuelle, la police vaudoise est encore capable de faire son travail, malgré l’augmentation des tâches. “Nous devons fixer des priorités comme toute organisation (…) mais les enquêtes sont menées et toutes les équipes font leur travail”, juge-t-elle.

« En revanche, la réalité est que l’activité policière est en augmentation, avec des chiffres de 15 à 20 % entre 2023 et 2022. Cela nécessite évidemment des réflexions institutionnelles qui sont déjà menées », conclut-elle.

Commentaires recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web : Tristan Hertig

 
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