Cotentin. L’entretien des voies navigables, une « urgence » qui ne cesse de cristalliser les tensions

Cotentin. L’entretien des voies navigables, une « urgence » qui ne cesse de cristalliser les tensions
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Par Jean-Philippe Massieu
Publié le

18 avril 24 à 6h41

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L’entretien des cours d’eau ou plutôt non-entretien puisque la loi sur l’eau de 2008 est une Source de tensions depuis des années. Pour les agriculteurs mais pas seulement puisque les maisons peuvent être affectées par les inondations dues à ce manque. Ce fut encore le cas à Benoistville (Manche) mardi 2 avril 2024.

Des maires en garde à vue

Lors de la séance de la Chambre d’Agriculture de la Manche du 11 mars 2024, entretien des cours d’eau était encore une fois identifié comme ” une situation d’urgence. »

Président Pascal Ferey avait demandé une rencontre avec les services de l’Etat et EPCI (établissements publics de coopération intercommunale, c’est-à-dire communautés de communes) dont plusieurs représentants étaient déjà présents ce jour-là.

La proposition a été acceptée par le Préfet et la réunion aura lieu jeudi 18 avril 2024 à la Maison de l’Agriculture.

Des règles à respecter, avec intelligence

« Il y a des tensions entre le monde agricole et l’OFB (Office français de la biodiversité), qui sont plus que salés. Il y a des règles, il faut les respecter. OK, mais avec intelligence. Les agriculteurs n’en peuvent plus. Les élus aussi souffrent parfois avec ces gens-là», a assuré Pascal Férey.

Des exemples de maires et adjoints au maire s’étant retrouvés en garde à vue ont été cités par Jacky Bidot, président de la communauté d’agglomération Coutances Mer et Bocage, ou par l’un des élus agriculteurs, Gaëtan Brisset.

Rencontre avec Gaëtan Brisset

Nous avons rencontré ce dernier dans l’exploitation agricole qu’il gère à Gaec avec Noël Branthonne, à Tréauville (Manche). ” Nous avions constitué un groupe d’opérateurs. Nous avions toutes les autorisations préfectorales à jour pour soigner la Diélette, rappelle Gaëtan Brisset. C’était il y a 7 ou 8 ans. Nous avons apporté une pelle. Nous avons commencé à nettoyer le lit de la rivière au village de La Lague. Le gars de la police des eaux est arrivé. Il nous a reproché d’avoir pris 5 cm en bordure. Après cela, les gendarmes sont venus chercher Monique Mahieu (NDLR qui était maire à l’époque) et l’ont placée en garde à vue. »

Il poursuit : « Le gars qui avait la pelle a été entendu aussi. Nous avions prévenu que s’ils prévoyaient un public, il nous aurait fallu une grande salle car nous nous serions mobilisés. »

J’ai passé l’après-midi au commissariat. Ils ont attendu le coup de fil du procureur pour me laisser partir », se souvient Monique Mahieu.

Une ferme laitière en danger

Heureusement, ” il a été fermé sans autre action », poursuit Gaëtan. Mais le mal était fait.Monique Mahieu assure qu’à la suite de cet incident, un groupe de travail s’est constitué sous l’égide de la préfecture. “Mais ça ne s’est jamais réuni…” déplore l’ancien maire.

De son côté, Noël Branthonne se souvient avec amertume une phrase d’un agent de la police des eaux : « Les humains n’ont pas d’importance. Il y avait la nature avant les humains. Il y en aura d’autres après . » Or Noël Branthonne avait souffert un drame familial.

Pour revenir sur l’entretien du cours d’eau, “depuis, personne n’a rien fait”, peurêtre à nouveau inquiet. ” Il en est ainsi compliqué et c’est devenu encore plus difficile. Quand on se brûle une fois… » L’OFB est désormais placé sous la responsabilité des préfets. Est-ce que cela apaisera les tensions ?

Tempêtes et précipitations excessives

Au fil des années, les tempêtes successives et les excès de précipitations actuels font que « le lit du fleuve est complètement bouché ». Et les prairies (nom donné aux prairies humides) de cette vallée de La Diélette sont plus que saturées d’eau. Le problème ne vient pas de cette année . « On ne peut plus sortir les vaches comme avant. Nous n’avons ces parcelles que pour les faire sortir du bâtiment. Nous avons de l’herbe mais nous ne pouvons pas y mettre les vaches », déplorent les associés.

De ce fait, leur lait ne pouvait plus être utilisé comme lait de pâturage chez les Maîtres Laitiers du Cotentin. En se promenant dans les parcelles spongieuses, Noël et Gaëtan trouvent mêmejournauxEtbrindilles empilées,perdu dans les hautes herbes, jusqu’à ce queà plusieurs dizaines de mètres du cours d’eau. TTout cela s’est inévitablement produit avec la crue du 2 avril.

Face à ces difficultés et à une autre ineptie législative (la loi de réciprocité sur laquelle nous reviendrons),il est très probable que cette ferme ne puisse pas être transférée: «Nous avons une ferme viable mais non transférable», déplore Gaëtan qui prendra sa retraite dans quelques années et Noël dans un an et demi. Une chose est sûre, c’est queune ferme laitière supplémentaire cessera son activité.

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