Nouveaux doutes sur une expédition de l’aventurière suisse Sarah Marquis – rts.ch

Nouveaux doutes sur une expédition de l’aventurière suisse Sarah Marquis – rts.ch
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Après avoir menti sur son expédition dans les Andes en 2006 et effectué une partie du trajet en voiture, de nouveaux témoignages mettent en doute l’expédition de l’aventurière suisse Sarah Marquis en Tasmanie en 2018.

Elle est l’une des exploratrices les plus célèbres de Suisse. Nommée aventurière par le prestigieux National Geographic en 2013, Sarah Marquis parcourt le monde à pied et en solo depuis plus de 20 ans, souvent dans des conditions de survie extrêmes.

Australie, Sibérie, Tasmanie, chacune de ses expéditions a été médiatisée. Et dans ses livres, la Jurassienne raconte ses aventures avec force et détails. Mais un témoignage sème le trouble.

Sarah Marquis qui dit aimer tellement les cartes n’en montre jamais (…) ni le parcours prévu ni le parcours fini

Louis-Philippe Loncke, explorateur belge

Contacté par l’émission RTS Vraiment, l’explorateur belge Louis-Philippe Loncke, lauréat du prix de l’Aventurier européen comme Sarah Marquis, est le premier à émettre des doutes. “Sarah Marquis, qui dit aimer tant les cartes, ne les montre jamais (…) ni le parcours prévu, ni le parcours terminé”, déclare-t-il.

Pour lui, que ce soit en politique ou dans le sport et l’aventure, à partir du moment où on a une certaine autorité, « il faut être transparent ».

“J’ai un tracker sur les fesses”

En 2010, après avoir reconnu avoir menti lors de son expédition à pied dans les Andes, Sarah Marquis s’engage à être plus transparente lors de ses futures expéditions.

>> Revoyez également le sujet de Focus :

Révélations sur une expédition de Sarah Marquis / Le point / 13 min. / 24 octobre 2010

« Aujourd’hui, c’est différent, on peut me suivre presque pas à pas », déclare-t-elle alors à 24 Heures (24.10.2010), ajoutant quelques années plus tard : « Désormais, j’ai un tracker sur les fesses » (Le Point , 26.07.2017).

Maintenant j’ai un tracker sur mes fesses

Sarah Marquis, aventurière suisse

Selon les contrôles de la RTS, Sarah Marquis dispose bien d’un tracker GPS, mais ses données ne sont pas accessibles en ligne, contrairement à d’autres explorateurs comme Mike Horn ou Louis-Philippe Loncke, qui publie ses positions précises toutes les trente minutes.

Refus de transmettre les coordonnées GPS

Contactée, Sarah Marquis a refusé de transmettre les données GPS de ses trois dernières expéditions. Elle explique traverser des régions très dangereuses et dit craindre pour la sécurité de ses « imitateurs potentiels ».

« Sarah Marquis donne la priorité à la sécurité », explique à la RTS son ami et porte-parole Andreas Bantel. Cependant, l’équipe de Sarah Marquis reconnaît que la transparence est importante. “Elle respecte le souhait du public de connaître l’itinéraire de son expédition et évalue actuellement la possibilité de publier les données du tracker sous une forme qui ne stimule pas les imitateurs potentiels”, déclare son avocat Andreas Meili.

Sarah Marquis donne la priorité à la sécurité

Andreas Bantel, porte-parole de l’aventurier

Originaire de Tasmanie, son amie Leslie Frost, qui a participé à l’organisation de son expédition et au ravitaillement, garde un bon souvenir de sa rencontre avec l’aventurier suisse : « Sarah Marquis est un modèle et une Source d’inspiration. J’ai trouvé merveilleux qu’elle veuille essayer de traverser cette partie de notre pays.

Pour elle, nul doute que Sarah Marquis a pris son chemin « hors piste », c’est-à-dire hors des sentiers battus. «Je suis presque sûre qu’elle n’était pas sur les pistes la plupart du temps», se souvient Leslie Frost.

La moitié de son parcours sur des sentiers balisés

Afin de vérifier son itinéraire, la RTS a géolocalisé des photos publiées par Sarah Marquis sur les réseaux sociaux lors de son expédition en Tasmanie en 2018. Dans son livre « J’ai réveillé le tigre », Sarah Marquis raconte avoir traversé « des zones inextricables où seuls les animaux se sont aventurés ». La page de couverture évoque également une « épreuve initiatique dans un Occident inexploré ».

Pourtant, la majorité des photos et vidéos publiées par Sarah Marquis étaient géolocalisées à proximité directe de sentiers de randonnée officiels et fréquentés. Interrogé sur ce point, Andreas Bantel, porte-parole de Sarah Marquis, dément toute volonté de tromper le public.

Sarah Marquis ne s’est jamais considérée comme une athlète extrême

Andreas Bantel, porte-parole de Sarah Marquis

« Sarah Marquis est une aventurière passionnée, elle est une ambassadrice de la nature. Elle souhaite donner à ses lecteurs les clés du monde des animaux sauvages et du monde de la flore sauvage. Mais elle ne s’est jamais considérée comme une sportive de l’extrême », explique-t-il.

Son équipe reconnaît que certains des chemins empruntés par l’aventurière sont des itinéraires fréquentés par des touristes sportifs, mais précise : « Ces chemins l’emmènent en réalité dans les endroits les plus intéressants, à savoir des régions très sauvages. Cela représente environ la moitié de la distance totale parcourue.

Cela devient difficile de marcher sur un terrain qui reste hostile, mais comparé au hors-piste, c’est quelque chose de complètement différent.

Louis-Philippe Loncke, aventurier belge

Une proportion qui interroge l’aventurier belge Louis-Philippe Loncke : “Ça devient difficile de marcher sur un terrain qui reste hostile, mais par rapport au hors-piste, c’est quelque chose de complètement différent.” Cette dernière souligne la facilité accrue de suivre un sentier par rapport à l’exploration, car il n’est pas nécessaire de s’orienter et de sortir constamment sa carte ou son GPS pour s’orienter.

Déceptions lors d’une mission scientifique

L’enquête de la RTS révèle un autre point de divergence entre le récit de Sarah Marquis et les vérifications des journalistes. Lors de son expédition en Tasmanie, l’aventurière explique avoir prélevé quotidiennement des échantillons pour le CSIRO, l’agence scientifique nationale australienne.

Mais après plusieurs semaines de recherches, le CSIRO n’a confirmé qu’un seul élément. “Mme Marquis était en communication par courrier électronique avec un employé du CSIRO dans le cadre d’un projet de science citoyenne avec l’Atlas of Living Australia qu’elle a mené lors de son séjour en Australie en 2018”, précise sa porte-parole, confirmant l’absence de rencontre avec l’aventurier ou son équipe.

De son côté, Sarah Marquis explique qu’elle a participé comme bénévole au programme citoyen ATLAS dont le but était d’identifier les animaux sauvages, et qu’elle a pris des photos de traces d’animaux pour ce projet. “Il s’est avéré que ces traces provenaient principalement d’animaux très répandus et donc malheureusement, c’était moins spectaculaire qu’on aurait pu l’espérer”, explique son porte-parole. Selon son équipe, Sarah Marquis n’a pas téléchargé les données récoltées lors de son expédition à la base du CSIRO.

“Je pense qu’il y a un malentendu sur le rôle de Sarah Marquis : elle est une ambassadrice de la nature et non une sportive de l’extrême ou une scientifique”, ajoute Andreas Bantel, qui rejette toute comparaison avec Ueli Steck ou Mike Horn.

“C’est parole contre parole”

Dernier point de contrôle : le tigre de Tasmanie. Dans son livre, Sarah Marquis raconte avoir aperçu un tigre de Tasmanie lors de son expédition. “Je t’ai vu aujourd’hui, ça me réchauffe le cœur de savoir que tu es proche et vivant”, a-t-elle écrit.

Pour Olivier Glaizot, conservateur en chef du Muséum des sciences naturelles de Lausanne, ce constat n’est pas isolé. Plusieurs centaines de témoignages, à ce jour non vérifiés, vont dans le même sens. Mais pour lui, le dernier tigre de Tasmanie étant mort en captivité en 1936 et l’espèce ayant été déclarée éteinte, cette observation est « possible, mais hautement improbable ».

Alors Sarah Marquis a-t-elle embelli son histoire ? A cette question, sa porte-parole est très claire : « Personnellement, je n’étais pas présente. Mais elle ne prétend pas avoir de preuve de cet animal. Je pense qu’il n’y a aucune preuve qu’une espèce animale ait disparu. Tout comme Sarah Marquis ne peut finalement pas présenter de preuve de cet animal, c’est parole contre parole.

Pour Luke Frost, l’artiste qui a croqué le livre de Sarah Marquis sur la Tasmanie, il y a un malentendu : « Si j’ai bien compris, le titre faisait référence à la détermination qu’elle a trouvée en elle, lorsqu’elle s’est cassé l’épaule. Je pense qu’elle a dit qu’elle avait trouvé le tigre en elle.

Cécile Tran-Tien

 
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