Procès pour abus de confiance

Procès pour abus de confiance
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Sans savoir qu’il parlait avec un agent infiltré, un riche promoteur immobilier se vantait d’avoir à sa solde un directeur corrompu de la Ville de Montréal. Son « gars » aurait ainsi manœuvré pour anéantir la transformation illégale d’un immeuble d’habitation.


Publié à 00h49

Mis à jour à 5h00

Ce qu’il faut savoir

  • L’ancien responsable des permis et des inspections du district Mercier–Hochelaga-Maisonneuve est jugé pour « abus de confiance ».
  • Sadek Lazzouzi aurait manœuvré à l’avantage d’un promoteur immobilier qui n’avait pas respecté la réglementation municipale.
  • Le promoteur a déclaré à un agent infiltré que Sadek Lazzouzi était « [son] mec »dans la ville.

Un agent infiltré se fait passer pour un fonctionnaire corrompu de la Ville de Montréal. Sa cible : l’homme d’affaires Tinel Timu, un leader de l’immobilier à Montréal. Le policier enregistre la conversation.

« Sadek, nous travaillons ensemble depuis 10 ans. Il est capable de tout faire pour de l’argent. Il vient justement chez nous ce soir pour récupérer quelques dossiers qu’il a réglés pour moi», se vante l’homme d’affaires.

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PHOTO PRISE DU SITE WEB DU CONSULAT DE ROUMANIE À MONTRÉAL

Promoteur immobilier Tinel Timu

Ces propos ont été admis en preuve lundi à l’ouverture du procès de Sadek Lazzouzi au palais de justice de Montréal. L’homme de 54 ans est accusé d’abus de confiance de la part d’un agent public. Il a été arrêté par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) en septembre 2022. Il était chef de la division des permis et des inspections du district Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

Selon la thèse de l’accusation, Sadek Lazzouzi serait intervenu illégalement en faveur du promoteur immobilier Tinel Timu – assassiné en avril 2023 – pour clore une affaire de non-respect de la réglementation municipale. À l’époque, Tinel Timu possédait plus de 700 logements.

Lire l’article « Laval : un promoteur immobilier controversé abattu »

Au cœur du procès : l’immeuble situé au 2735, avenue Bourbonnière, à proximité du Stade olympique. En 2015, une entreprise de Tinel Timu a acquis le bâtiment de huit logements. Tous les locataires sont évacués en raison des dégâts causés par la démolition d’un immeuble voisin. Les travaux de rénovation ont été autorisés par la commune en décembre 2016.

En visitant les travaux, l’inspecteur de district Renaud Allard a eu la surprise d’apercevoir 16 chauffe-eau, 16 panneaux électriques et 16 sonnettes, alors que l’édifice doit compter huit logements. « C’est devenu un appartement de 16 logements », résume-t-il. Cependant, cette transformation était interdite par le règlement de zonage.

Une fois les travaux terminés en 2018, l’inspecteur a constaté que les correctifs n’avaient pas été effectués. « Il y avait 16 numéros de porte », résume-t-il.

Fermez le fichier sans apporter de corrections

La commune dresse un procès-verbal pour non-conformité, qui est contesté par les propriétaires. En novembre 2021, la cour municipale donne raison à l’arrondissement.

C’est notamment le cas de Sadek Lazzouzi, récemment devenu chef des inspections du district. Au procès, Renaud Allard raconte que l’accusé lui a demandé en janvier 2022 de « clôturer » le dossier du 2735 Bourbonnière, même si les corrections n’avaient pas été apportées suite au jugement.

« Il a jugé que la charge de travail des inspections [dans l’arrondissement] était important. Il n’y avait aucun aspect sécuritaire», a témoigné M. Allard.

D’après son expérience, les irrégularités doivent être corrigées pour clôturer un dossier.

Je ne me sentais pas bien. j’ai jugé [qu’il n’y] il n’y avait aucune raison de fermer le dossier.

Renaud Allard, inspecteur du district Mercier–Hochelaga-Maisonneuve au moment des événements

Il s’est néanmoins conformé et a classé le dossier.

D’après actes notariés consultés par La presseTinel Timu a acheté le bâtiment pour 420 000 dollars en 2015 et l’a revendu pour 2,5 millions de dollars en août 2021.

“Je dois donner le feu vert pour qu’il parle à quelqu’un”

L’UPAC n’a pas lésiné sur les ressources d’enquête. Sous surveillance, l’accusé a été vu au domicile de Tinel Timu en février 2022. Ce dernier a également communiqué avec l’accusé à deux reprises, reconnaissent les parties.

Un agent infiltré s’est fait passer pour un fonctionnaire corrompu pour approcher Tinel Timu en décembre 2021. Il portait alors un appareil d’écoute discret. L’agent infiltré avait visiblement gagné la confiance de Tinel Timu, puisque ce dernier lui avait affirmé que le dossier « Bourbonnière » était « sous contrôle ».

Nous sommes allés au tribunal. Nous avons perdu, il va supprimer le fichier.

Tinel Timu, promoteur immobilier

Le promoteur immobilier a présenté Sadek Lazzouzi comme « [s]nous les gars. Il a ensuite invité l’agent infiltré à venir voir son complice à son bureau. “Sadek, il est comme ça, je dois lui donner le feu vert pour qu’il puisse parler à quelqu’un”, a déclaré Tinel Timu.

« Après, vous discutez ensemble de tous les dossiers que vous souhaitez. Organisez comme vous le souhaitez. Il vous le donne, vous le lui donnez », a expliqué Tinel Timu.

En février 2022, l’agent infiltré rencontre Sadek Lazzouzi dans un parking du Jardin botanique et lui demande ce qu’il peut faire concernant un rapport de démolition de 12 500 $.

« Sadek lui dit que la meilleure chose à faire est de le consulter ou de le prévenir à l’avance. Quand c’est trop gros, ça ne passe pas inaperçu », selon les aveux.

L’accusé a été arrêté quelques minutes plus tard.

Le procès se poursuit ce mardi devant le juge Salvatore Mascia. Me Sarah-Audrey Daigneault représente le procureur de la République, tandis que Me René Verret défend l’accusé.

Une troisième coaccusée, Elena Cristina Abrudan, qui a travaillé avec Tinel Timu, a déjà plaidé coupable d’un chef d’accusation de corruption. En 2021, elle a tenu à remettre une enveloppe d’argent à un inspecteur de la Ville qui avait constaté plusieurs pépins lors de travaux sur un immeuble appartenant à M. Timu. Lorsque l’inspecteur a découvert 1 000 $ dans l’enveloppe, il en a immédiatement informé son supérieur. C’est ce qui a déclenché l’enquête de l’UPAC.

 
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