Propos « baroques », ambassadeur convoqué… Le point sur le couac entre Moscou et Paris

Propos « baroques », ambassadeur convoqué… Le point sur le couac entre Moscou et Paris
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Les relations entre Paris et Moscou se sont dégradées depuis le début de l’année, sur fond de conflit en Ukraine. La a notamment affirmé en janvier avoir tué 60 « mercenaires » français à Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine, tandis que la France a dénoncé « une manœuvre coordonnée » de désinformation émanant des Russes. Et depuis la mi-avril, dix jours après la reprise du dialogue entre les ministres de la Défense, la tension (diplomatique) entre les deux pays s’est encore accentuée.

La Russie a convoqué vendredi l’ambassadeur de France à Moscou, tandis que lundi dernier, Stéphane Séjourné estimait que Paris ne voyait plus « l’intérêt » de discuter avec Moscou. 20 minutes faire le point.

Que s’est-il passé exactement le 3 avril ?

Le 3 avril, Paris a pris l’initiative d’appeler Moscou, une première depuis octobre 2022. Et le contenu de la conversation téléphonique entre Benjamin Lecornu et Sergueï Choïgu a depuis créé un rififi entre les deux pays. Il faut dire que depuis cet appel téléphonique, censé permettre aux deux ministres de la Défense de transmettre des « informations utiles » aux Russes sur l’attaque de l’hôtel de ville de Crocus, chacun a sa propre version des faits. Dans son compte-rendu de cet entretien, la Russie dit « espérer » que les services secrets français n’aient pas été impliqués dans cet attentat qui a fait 144 morts le 22 mars. « Le régime de Kiev ne fait rien sans l’accord de ses superviseurs occidentaux. Nous espérons que, dans cette affaire, les services secrets français ne sont pas derrière cela», écrit Sergueï Choïgu, dans le communiqué de son ministère faisant état de l’appel. Menaces à peine voilées et spéculations rejetées par la France.

Quelle est la réaction de la France ?

Sur RFI lundi dernier, le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné a ainsi remis en cause la synthèse faite par Moscou de l’échange entre Sébastien Lecornu et Sergueï Choïgu. Un rapport qu’il a jugé faux et a parlé d’« instrumentalisation ». Dans le même temps, le président français a dénoncé les « propos baroques et menaçants » des Russes. « Dire que la France pourrait être en retard, les Ukrainiens sont en retard… tout cela n’a aucun sens, cela ne correspond pas à la réalité. C’est une manipulation de l’information, qui fait partie de l’arsenal, si je puis dire, de guerre tel qu’il est utilisé aujourd’hui par la Russie”, a également déclaré Emmanuel Macron, en marge de l’inauguration du futur centre aquatique de Paris. Jeux olympiques.

“Le ministère russe, comme à son habitude, n’accepte pas que ses mensonges soient corrigés”, a commenté vendredi à l’AFP une Source diplomatique française. “Le ministre a rappelé la réalité des échanges et la tentative de manipulation des autorités russes suite à l’appel du ministre des Armées”, a ajouté cette Source.

Quelle est la réaction de la Russie ?

Vendredi, le ministère russe des Affaires étrangères a convoqué en réponse l’ambassadeur de France à Moscou, Pierre Lévy. Ce dernier “a été informé du caractère inacceptable de telles déclarations, qui n’ont rien à voir avec la réalité”, a annoncé la diplomatie russe dans un communiqué. “Nous considérons ces déclarations du ministre français des Affaires étrangères comme une action consciente et délibérée de la partie française visant à saper la possibilité même de tout dialogue entre les deux pays”, a-t-elle poursuivi.

Alors où en est aujourd’hui le dialogue entre Moscou et Paris ?

Si l’on en croit les communiqués, la Russie espérait parler de guerre en Ukraine le 3 avril, lorsque la France a appelé à consolider le partenariat de sécurité antiterroriste entre les deux pays. Ce dernier “n’est pas suspendu” mais “ne fonctionne pas de manière partenariale comme il devrait fonctionner”, a précisé vendredi le ministre français des Armées dans un entretien à la chaîne de télévision LCI. Quant à discuter avec les Russes, « il faut le faire quand c’est utile », a ajouté Sébastien Lecornu. Cela s’appelle défendre les intérêts de la France, tout simplement. Nous ne sommes donc pas coupés. »

Emmanuel Macron a évoqué une « montée de la posture agressive de la Russie » alors que l’entourage du ministre français de la Défense a clairement demandé aux autorités russes de « cesser toute exploitation ». Lundi, le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, a de son côté estimé qu’il n’était “pas dans notre intérêt aujourd’hui de discuter avec des responsables russes puisque les communiqués qui sortent, les informations qui sont faites sont fausses”. Depuis Abidjan, où il terminait une tournée en Afrique, le ministre a ajouté : avant de pouvoir reparler aux Russes, « il faudra peut-être d’abord établir la confiance, peut-être surtout avoir une évolution sur le terrain militaire en Ukraine pour que les relations peut être renouvelé. Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui.

Quant à François Hollande, il a conseillé, sur France Inter la semaine dernière, de cesser tout contact : « Vous avez vu comment la Russie exploite ce type de discussions. Alors aujourd’hui, ma recommandation est la suivante : pas de contact avec la Russie. » En effet, selon Stéphane Séjourné, la « longue tradition de coopération avec la Russie en matière de terrorisme » est aujourd’hui au point mort.

 
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