Fuite organisée ou involontaire ? En tout cas, les lettres du chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko, rendues publiques ce vendredi, sont dans l’espace public. Si le chef de l’Etat s’adresse « à tous les fonctionnaires et agents de l’administration du Sénégal », son Premier ministre, ses interlocuteurs, sont ministres et secrétaires d’Etat. Publiée le 12 avril, la lettre du Premier ministre serait, semble-t-il, une synthèse des vœux exprimés par le président de la République Bassirou Diomaye Faye. Mais, certes, les deux missives ont des tonalités nettement différentes. Sans doute une première dans les traditions administratives présidentielles, compte tenu du parcours suivi par la lettre, Bassirou Diomaye Faye s’adresse aux responsables de manière intime.
Selon le journal « Point Actu », le chef de l’État commence sa lettre par « Chers collaborateurs, chers collaborateurs », déclinant ainsi sans détour la forme personnelle, voire familière, de sa missive. Une manière de sceller un pacte épistolaire avec les destinataires. Et d’afficher l’élément de séduction propre à cette forme d’expression. Comme pour ne jamais lâcher prise, le président de la République commence par reconnaître les mérites des fonctionnaires. ” Si notre pays jouit d’une solide réputation de démocratie, de stabilité et de paix, nous le devons en grande partie à votre engagement, votre professionnalisme et votre travail inlassable. Vous êtes les gardiens de nos valeurs républicaines, les architectes de notre développement et les sentinelles de notre cohésion sociale », vante Bassirou Diomaye Faye.
Des propos complémentaires qui permettent au chef de l’Etat de donner suite à sa demande et d’indiquer aux destinataires de son courrier qu’une nouvelle ère s’est ouverte dans le pays. ” Aujourd’hui, je vous invite, avec toute la considération que j’ai pour vous, à incarner pleinement les principes du « Jub, Jubal, Jubanti ». « . Tout en évitant de se montrer autoritaire, Bassirou Diomaye Faye conseille en déclarant : « que la droiture, la probité et l’exemplarité régissent chacune de vos actions « . Il ajoute, dans le même registre, « dans le sillage de notre engagement collectif en faveur d’un Sénégal uni et prospère, je voudrais souligner l’importance cruciale de la transparence et de l’intégrité dans nos actions et décisions. « .
Dans cet engagement de transparence, il dit accorder « importance particulière à la protection des lanceurs « . Il invite donc les fonctionnaires à « partager en toute sécurité des informations concernant des irrégularités ou des pratiques contraires à l’éthique et à la loi « . Le Premier ministre, quant à lui, apparaît plus détaché dans sa lettre aux ministres et secrétaires d’État. Il commence par indiquer que le chef de l’Etat a déjà évoqué, en Conseil des ministres, sa lettre aux fonctionnaires. Ousmane Sonko rappelle que dans sa lettre, le Chef de l’Etat demande d’incarner « Jub, Jubal, Jubanti » et « travailler, avec éthique et responsabilité, collectivement et individuellement, à améliorer la qualité de vie de chaque citoyen sénégalais « .
Sans contredire le président de la République, Ousmane Sonko s’efforce dans sa lettre d’énoncer des directives dans sa lettre aux fonctionnaires. Puis, devenant plus autoritaire, Ousmane Sonko a demandé aux ministres et secrétaires d’Etat de prendre les mesures appropriées pour une large diffusion de la correspondance du président de la République. Il conclut sa lettre par l’expression « J’apprécie le respect scrupuleux de ces directives. », reflet de son ascendant autoritaire sur ses interlocuteurs.
