Les archives départementales, un palais… révolutionnaire

Les archives départementales, un palais… révolutionnaire
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Bâtiment de style académique du quartier de la place Fallières, le bâtiment des Archives départementales du Lot-et-Garonne mérite d’être découvert et regardé. Derrière une façade néoclassique, elle cache une structure révolutionnaire du début du XXe siècle mêlant béton armé et fonte.

La création des archives départementales date de la Révolution : elle correspond à la volonté de conserver d’abord les papiers de l’Ancien Régime, puis les dossiers administratifs d’intérêt historique, et plus récemment de rassembler les archives familiales, d’associations et d’entreprises.

Les archives départementales du Lot-et-Garonne étaient conservées dans les dépendances de la préfecture d’Agen depuis 1810, qui furent démolies suite à l’incendie qui ravagea le site en 1904. Il fut décidé de les transférer dans de nouveaux locaux dont la construction fut confiée à l’architecte Albert Courrau, à qui l’on doit l’hôtel de la Poste et le magasin Nouvelles Galeries d’Agen ainsi que de nombreuses églises et édifices publics du département (mairie et théâtre de Mézin, mairie d’Astaffort, églises nouvelles de Bruch, Libos ou Puch).

Imaginé comme un palais

L’architecte Albert Courrau a inscrit le volume majestueux du bâtiment des archives départementales à l’angle de la place du Grand Séminaire (actuelle place de Verdun) à l’époque où Léopold Payen entreprenait la réhabilitation de la préfecture, dont les bâtiments avaient été gravement endommagés. endommagé par l’incendie. A l’extérieur comme dans les parties intérieures accessibles au public, l’architecte a adopté un style académique.

L’ensemble des façades est divisé en deux niveaux par une corniche en saillie et couronné par un entablement et une balustrade qui cachent une toiture-terrasse. La compacité de ce volume confère au bâtiment un aspect monumental tout en offrant, grâce à l’utilisation d’un toit-terrasse, l’environnement préfectoral.

La monumentalisation de la façade principale est créée par la présence d’un léger ressaut central, agrémenté d’un balcon. Celui-ci est encadré de chaque côté par des doubles pilastres, eux-mêmes couronnés d’un fronton présentant les armes des quatre principales villes du département (Agen, Marmande, Villeneuve-sur-Lot et Nérac).

7 kilomètres d’archives en 1908

Albert Courrau renforce l’esthétique de son bâtiment en utilisant une maçonnerie mixte : pierres de taille, briques compressées et moellons. A l’intérieur, la majesté des lieux impressionne le visiteur : l’entrée aux vastes proportions, l’escalier monumental éclairé par une verrière, menant aux archives, la salle de conférences, qui imite la bibliothèque nationale d’Henri Labrouste (1838), rappelle le style académique officiel. . Mais sous cette écriture néoclassique se cache un bâtiment dont les capacités structurelles sont très innovantes. En effet, la conservation des archives génère des contraintes de poids et de volume qui ont conduit l’administration et les architectes à des innovations techniques depuis le milieu du XIXe siècle.

Un bâtiment peut en cacher un autre

Pour ce projet agenais, l’architecte, épaulé par le bureau d’études de l’ingénieur François Hennebique, a exploité et combiné les performances structurelles du béton et de la fonte. Résistance au feu et économie du béton : contrairement au métal, largement utilisé pour les stockages et les bibliothèques, le béton présente l’avantage d’être résistant au feu.

Des éléments fins sont utilisés à la fois pour la structure du bâtiment mais également pour les montants des étagères. Malléabilité de la fonte : ce métal est utilisé sous forme de grilles pour permettre à la lumière de pénétrer à différents niveaux. Cette ambivalence, entre extérieur et intérieur, se poursuit dans le jeu des niveaux. En effet, si en apparence, le bâtiment semble, de l’extérieur, n’avoir que deux niveaux, en réalité, à l’intérieur il en compte quatre. Les baies cintrées qui ponctuent les façades sont coupées en deux par un linteau qui cache un étage intermédiaire.

Avec cette prouesse, il réussit en 1908 la prouesse de concevoir un bâtiment capable d’héberger 7 kilomètres d’archives. Mais aujourd’hui, ce procédé constitue une véritable limite technique compte tenu de l’augmentation constante des volumes à archiver.

Contrairement à un bâtiment dont les étages auraient été des plates-formes libres pour accueillir d’autres dispositifs de stockage (armoires sur rails), ici les rayonnages fixes ne peuvent pas être déplacés car ils supportent les charges. Monument à la fois néoclassique et avant-gardiste, ce centre d’archives témoigne de l’architecture fonctionnelle de la première décennie du XXe siècle. C’est donc tout naturellement qu’elle obtient en 2007 le label patrimoine du XXe siècle désormais appelé Architecture Contemporaine Remarquable !

 
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