pourquoi Kwibuka est important pour le Sénégal

pourquoi Kwibuka est important pour le Sénégal
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Il y a trente ans, pendant 100 jours, plus d’un million de Tutsis ont été assassinés simplement parce qu’ils étaient nés Tutsi. En effet, à partir du 7 avril 1994, les victimes Tutsi ont été sauvagement torturées et assassinées dans les conditions les plus horribles. Les massacres étaient systématiques. Les victimes ont été traquées jusqu’au moindre refuge : dans les églises, les orphelinats, les hôpitaux, les buissons, les écoles… partout. Des bébés, des femmes et des personnes âgées ont été assassinés. Personne n’a été épargné. Aucun Tutsi n’a été épargné. Ces massacres ont été commis en plein jour : ouvertement et publiquement, à la vue de tous. Certains Hutus de bonne volonté et courageux qui s’opposaient au gouvernement génocidaire ont également été tués. Ce fut le chapitre le plus sombre de l’histoire du Rwanda et l’un des chapitres les plus sombres de l’humanité.

“Kwibuka”, ce qui signifie souviens-toiest une période annuelle de réflexion solennelle, au cours de laquelle nous nous réunissons pour honorer les victimes du génocide contre les Tutsi, nous unissons dans notre douleur collective et renouvelons notre engagement à construire un avenir meilleur pour tous les Rwandais.

Cet acte de préservation de la mémoire du génocide perpétré contre les Tutsis et de transmission fidèle de l’histoire est fondamental pour le peuple rwandais. Ceci est également important pour les Sénégalais, les Africains et au-delà de l’Afrique, même si cela n’est pas immédiatement évident.

Chaque année, la commémoration se poursuit pendant 100 jours, du 7 avril au 3 juillet mondial. Cette période permet de rendre hommage aux victimes du Génocide perpétré contre les Tutsis, de restaurer leur dignité, de comprendre les événements tragiques qu’a traversé le Rwanda jusqu’à ce Génocide. La commémoration permet également de mener d’autres actions visant à faire face aux conséquences du Génocide perpétré contre les Tutsi tout en luttant pour que le Génocide ne se reproduise plus. Plus jamais.

Ce « crime des crimes » s’est déroulé en plein jour, ouvertement, publiquement, à la vue de tous. La communauté internationale, qui avait été informée et alertée des risques de génocide grâce aux sonnettes d’alarme tirées par les observateurs et les experts des Nations Unies, est restée indifférente à ces horribles violences. Personne n’est venu en aide au Rwanda pour arrêter ce crime parmi les crimes.

Les massacres n’ont été stoppés que lorsque l’Armée Patriotique Rwandaise, le FPR, sous la direction de SE Paul KAGAME, a pris le contrôle de la capitale Kigali et a vaincu les génocidaires dans le reste du territoire. Le génocide contre les Tutsi a montré ce qui peut arriver lorsqu’une idéologie politique extrémiste basée sur la haine d’autrui est développée, soutenue et mise en œuvre par ceux qui détiennent le pouvoir du pays.

Bien que les gouvernements étrangers et les institutions internationales aient abandonné le Rwanda au moment où il en avait le plus besoin, quelques courageux ressortissants étrangers présents au Rwanda à l’époque ont décidé d’affronter le génocide avec peu de ressources. , contre toute attente, de manière héroïque.

On peut citer à titre d’exemple le capitaine Mbaye Diagne, officier de l’armée sénégalaise et ses camarades du contingent sénégalais, qui faisaient partie de la Mission d’assistance des Nations Unies au Rwanda (MINUAR) en 1994. Durant le génocide, le capitaine Diagne et ses compagnons d’armes ont souvent enfreint les règles des Nations Unies pour mener des missions de secours, sauvant plus d’un millier de personnes, avant d’être tués. Le Rwanda a décerné à titre posthume au capitaine Diagne la distinction Umurinzi – la médaille décernée aux héros de la campagne contre le génocide. Nous serons toujours reconnaissants au peuple sénégalais qui, par ces actes d’héroïsme accomplis par ses dignes fils présents au Rwanda en 1994, a sauvé des milliers de Tutsis menacés d’extermination à l’époque, mais aujourd’hui bien vivants. parmi les leurs qui ont survécu.

À l’échelle internationale, la Nouvelle-Zélande, le Nigeria et la République tchèque ont utilisé leur position au Conseil de sécurité de l’ONU pour faire pression sur l’institution afin qu’elle agisse. Le Représentant permanent Colin Keating (Nouvelle-Zélande) et le professeur adjoint Ibrahim Gambari (Nigéria) ont présenté des résolutions appelant à un plus grand déploiement de troupes et à ce que ces troupes reçoivent le mandat de sauver les civils. L’ambassadeur Karel Kovanda s’est joint aux appels en faveur d’une plus grande action et a également été la première personne à utiliser le terme génocide au Conseil de sécurité pour décrire ce qui se passait au Rwanda. Ces quelques voix ont fait ce qu’elles pouvaient pour alerter un monde qui a choisi de ne pas écouter.

Au-delà du souvenir des parcours individuels, cette commémoration offre au monde l’opportunité de réfléchir aux leçons que l’on peut tirer du génocide et de la bataille pour préserver l’intégrité des récits historiques qui s’y rapportent.

Depuis 30 ans, il y a eu et il y a toujours un effort concerté pour nier que le génocide contre les Tutsi ait eu lieu. Ces négationnistes de l’Holocauste utilisent diverses tactiques, allant de la remise en question des chiffres des victimes – malgré l’absence de preuves contredisant les chiffres vérifiés – jusqu’à la responsabilité même d’accuser les victimes d’avoir causé le génocide. Ils créent également de fausses équivalences en suggérant qu’un double génocide a eu lieu.

Ces tactiques ne sont pas nouvelles. Ils ont été utilisés par les auteurs et les négationnistes d’autres génocides tels que l’Holocauste. Mais si la communauté internationale n’y prend pas garde, cette déformation des faits historiques, amplifiée par les médias sociaux et les outils d’intelligence artificielle (IA) désormais aux mains des négationnistes de l’Holocauste, pourrait être déployée dans le monde entier, transformant ainsi la véritable triste histoire du génocide. contre les Tutsis dans des versions tolérables et des discours négationnistes. Et c’est très grave. L’histoire d’un génocide reconnu comme tel par les autorités compétentes ne doit pas être contestée, déformée, transformée ou réécrite pour des raisons négationnistes et politiques. Les faits sont des faits.

Il est important de noter que la communauté internationale est déterminée à commémorer le génocide perpétré contre les Tutsi et à lutter contre l’idéologie du génocide et la négation du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994. En effet dans sa déclaration de 5 avril 2018, LE Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) a décidé que le Le 7 avril est désormais JOURNÉE DE L’UNION AFRICAINE DE COMMÉMORATION DU GÉNOCIDE DE 1994 CONTRE LES TUTSIS AU RWANDA. Il a également invité tous les États membres qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier tous les instruments africains et internationaux relatifs à la prévention de l’idéologie de la haine, du génocide et des crimes de haine.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies, 16 avril 2014adopté à l’unanimité résolution 2150 (2014)dans laquelle le Conseil de sécurité a confirmé que le génocide de 1994 au Rwanda sera qualifié de mondial « le génocide contre les Tutsi » et a condamné sans réserve tout négationnisme du génocide et appelle les États à enquêter sur l’arrestation, la poursuite ou l’extradition et à mettre fin à l’impunité des personnes accusées de génocide qui peuvent résider actuellement sur leur territoire. À cet égard, le Conseil de sécurité a non seulement appelé à un réengagement dans la lutte contre le génocide, mais a également appelé les États qui n’avaient pas encore ratifié ou adhéré à la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide à envisager de le faire de toute urgence.

Vendredi 26 janvier 2018, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté à l’unanimité une décision désignant le Le 7 avril est la Journée internationale de réflexion sur le génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994.. La décision adoptée corrige les inexactitudes qui existaient dans la résolution précédente, en particulier le titre qui ne mentionnait pas les Tutsi comme un groupe ciblé pour l’extermination et ne reflétait pas le contexte historique et juridique correct de ce qui s’est passé au Rwanda. Dans son préambule, la décision rappelle que la Chambre d’appel du Tribunal pénal international pour le Rwanda a a émis un constat judiciaire le 16 juin 2006 (ICTR-98-44-AR73(C)) concluant qu’il s’agissait d’un « « qu’entre le 6 avril et le 17 juillet 1994, il y a eu un génocide au Rwanda contre l’ethnie Tutsi » notant avec inquiétude toute forme de négation de ce génocide

Certains pays ont reconnu leur écrasante et lourde responsabilité dans le génocide, comme l’a reconnu le président français Emmanuel MACRON en 2021 au Rwanda. Plus tôt dans les années 1990, les États-Unis et la Belgique ont publiquement demandé pardon au peuple rwandais. Cette année, le président Emmanuel Macron a reconnu que, je cite, « la France n’avait pas la volonté d’arrêter le génocide des Tutsis au Rwanda ».

L’histoire du Rwanda a façonné l’identité commune des Rwandais – c’est pourquoi la clarté historique sur le génocide perpétré contre les Tutsi revêt une importance nationale et internationale.

Les monuments commémoratifs entretenus par le Rwanda (dont quatre ont été désignés sites du patrimoine mondial de l’UNESCO) sont essentiels pour ancrer la vérité. Et la vérité est essentielle à la réconciliation et au renouveau. Nous avons le devoir de préserver les preuves et les témoignages que nous ont racontés les témoins vivants, survivants et autres témoins de bonne volonté.

Notre mémoire collective sert également à alerter le monde entier sur le fait que l’idéologie à l’origine du génocide ne doit pas pouvoir prospérer et se propager à nouveau.

LE 8 avril 2024l’Ambassade de la République du Rwanda au Sénégal qui couvre le Sénégal, le Mali, la Gambie, le Cap Vert et la Guinée Bissau l’Association des Survivants du Génocide Perpétré contre les Tutsis Vivant au Sénégal, IBUKA-SENEGAL, notamment et les communautés rwandaises et amis du Rwanda au Sénégal, ont organisé une cérémonie de commémoration des 30 ans du génocide contre les Tutsi à l’Hôtel KING FADH de Dakar.

LE 7 avril et au-delà, nous demandons au Sénégal de se lever comme à son habitude, en solidarité avec le Rwanda. Nous vous demandons de faire cela pour honorer la mémoire de tous les Rwandais qui ont perdu la vie, et à la mémoire du Capitaine Mbaye Diagne et de tant d’autres qui ont fait de leur mieux pour nous aider pendant les moments les plus sombres du Rwanda. Nous ne doutons pas de la solidarité habituelle du peuple sénégalais, durant cette période de 100 jours de commémoration, pour préserver le véritable récit de l’histoire du génocide contre les Tutsis au Rwanda en 1994 afin que le monde puisse associer les mots « plus jamais » par des actions concrètes visant à empêcher qu’une histoire tragique, comme celle d’un génocide, ne se reproduise, que ce soit au Rwanda ou ailleurs dans le monde.

Jean-Pierre KARABARANGA

Ambassadeur du Rwanda au Sénégal

 
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