Euthanasier plutôt que traiter votre animal

Euthanasier plutôt que traiter votre animal
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De plus en plus de propriétaires d’animaux ne peuvent pas payer les frais vétérinaires.

Au SPA de Fribourg, une centaine de chats maximum peut être hébergée. L’année dernière, les adoptions ont diminué de 20 %. © Alain Wicht

Au SPA de Fribourg, une centaine de chats maximum peut être hébergée. L’année dernière, les adoptions ont diminué de 20 %. © Alain Wicht

Publié le 11/04/2024

Temps de lecture estimé : 6 minutes

Se faire mordre ou abandonner son chien ou son chat plutôt que de payer des soins parfois très coûteux : une tendance croissante dénoncée par certains vétérinaires du canton mais aussi par la Société fribourgeoise de protection des animaux (SPA). Des animaux de compagnie qui coûtent également plus cher en raison d’une forte augmentation du prix des médicaments et de la nourriture. Si les professionnels du domaine tentent de trouver des solutions pour éviter ces situations dramatiques, ils regrettent que de nombreux propriétaires sous-estiment le budget nécessaire à l’entretien de leur compagnon à quatre pattes. Souscrire une assurance animal peut être une option intéressante, mais encore faut-il naviguer parmi toutes les options existantes (lire ci-dessous).

Eviter le pire

« En 2023, nous avons dû prendre en charge les frais vétérinaires de plusieurs chats et d’un chien pour éviter qu’ils ne soient euthanasiés, car leurs propriétaires ne pouvaient ou ne voulaient pas payer. Ce type de situation ne s’est pas présenté depuis plusieurs années», souligne Nathalie Genilloud, directrice de la SPA Fribourg. Contactée par des vétérinaires confrontés à des refus de paiement, l’association privée finance les frais en échange d’un transfert de propriété. Autrement dit, le propriétaire cède ses droits sur l’animal à la SPA qui l’accueille et se charge de lui trouver un nouveau foyer.

Parmi les histoires qui ont marqué Nathalie Genilloud en 2023, celle d’un chaton de cinq mois tombé d’un balcon et ayant subi plusieurs fractures. « Après avoir lu le devis rédigé par le vétérinaire, ses propriétaires ont décidé qu’ils ne voulaient pas le faire soigner et ont demandé que l’animal soit piqué. Le vétérinaire a refusé car la vie du chat n’était pas en danger. Une opération d’une valeur de 2000 francs finalement payée par la SPA.

Autre cas : un chat heurté par une voiture en Gruyère en avril 2023. Conduite d’urgence par une passante chez un vétérinaire, qui l’a soignée pour une fracture du bassin et de la patte arrière, une opération qui a coûté 3 000 francs. « Le propriétaire de l’animal s’est manifesté dix jours plus tard. Il nous a dit que nous aurions dû l’euthanasier. Il a donc refusé de payer et signé un transfert de propriété.

« Cela me touche lorsque les gens disent qu’ils ne peuvent pas payer pour prendre soin de leur animal. Je ne pourrais jamais euthanasier pour cette raison.
Sarah Dupasquier

S’il n’existe pas de statistiques au sujet de l’euthanasie animale, la vétérinaire Sarah Dupasquier, à Givisiez, estime que les gens hésitent toujours plus à payer des factures élevées. Un phénomène qu’elle observe depuis la pandémie de Covid. Elle indique que chaque semaine, il faut trouver des arrangements financiers, comme des paiements échelonnés, ce qui crée aussi une charge de travail supplémentaire. « Cela me touche lorsque les gens disent qu’ils ne peuvent pas payer pour prendre soin de leur animal. Je ne pourrais jamais euthanasier pour cette raison.

Même son de cloche dans un autre bureau. Si le vétérinaire souhaite garder l’anonymat, c’est pour ne pas se laisser submerger par des demandes d’aides financières. Comme à Givisiez, une cagnotte propose un soutien aux propriétaires pauvres. « On a souvent l’impression d’être la banque, l’entreprise finance parfois elle-même les opérations. Et certains n’hésitent pas à nous accuser en disant que nous ne travaillons que pour de l’argent. Je refuse d’euthanasier un animal s’il y a de bonnes chances de le sauver.

Soins aux jeunes Harissa, dont le bassin était fracturé, ont été payés par la SPA Fribourg. © SPA Fribourg

Budget plus élevé

Une situation aggravée par une explosion des prix, notamment en raison de problèmes d’approvisionnement en médicaments depuis 2021. La présidente de la Société des vétérinaires fribourgeois, Valérie Grangier, qui exerce à Esmonts, indique que certains médicaments connaissent une augmentation de 50%. Information confirmée par la vétérinaire Amandine Baumert, membre du comité de la Société des vétérinaires suisses et qui exerce à Vaulruz. Si les causes de la hausse des prix sont complexes, elle évoque « la fabrication sur mesure en pharmacie ou parapharmacie pour faire face au manque de stock ou au temps et aux efforts passés à chercher des alternatives à l’étranger ». Parmi les médicaments difficiles à trouver, les vaccins pour chats, les médicaments contre l’hyperthyroïdie ou encore pour les reins. Côté nourriture, les croquettes coûtent jusqu’à deux fois plus cher.

Pour Sarah Dupasquier, les personnes qui envisagent d’avoir un animal de compagnie doivent donc bien calculer leur budget. « Parfois, les gens prennent un animal sur un coup de tête et n’ont pas assez de réserves en cas de problème. » Un avis partagé par Nathalie Genilloud : « Quand on adopte un animal, il faut avoir des bases financières solides. L’idéal est de mettre 1000 à 2000 francs de côté par an car plus un chat ou un chien vieillit, plus il aura de problèmes de santé. Il faut s’attendre à des médicaments ou à un régime spécial. A noter que le nombre d’adoptions à la SPA a diminué en 2023, de 20 % pour les chats et de 6 % pour les chiens.

Piqué son animal : que dit la loi ?

Si la loi fédérale sur la protection des animaux (LPA) punit d’une peine privative de liberté de trois ans ou plus quiconque tue cruellement un animal, elle ne prévoit pas d’interdiction d’euthanasier les animaux de compagnie en bonne santé. Une situation qui a récemment fait réagir à Berne : une pétition lancée par la fondation SOS chats, avec 30’000 signatures, a été présentée au Parlement en 2023, demandant que des sanctions soient appliquées si l’euthanasie n’est pas justifiée.

Une enquête à ce sujet a également été déposée l’automne dernier par le conseiller national tessinois de l’UDC, Lorenzo Quadri. Pour le Conseil fédéral, une interdiction assortie d’exceptions serait difficile à mettre en œuvre car il n’est pas toujours facile de déterminer clairement si un animal est malade ou en bonne santé. Il souligne dans sa réponse que « le code de déontologie oblige déjà les vétérinaires à éviter l’euthanasie et à rechercher des alternatives ». A noter que selon la LPA, seules les personnes compétentes sont autorisées à tuer les animaux après les avoir étourdis.

La jungle des assurances pour chiens et chats

Souvent sous-estimés (lire plus haut), les coûts liés à la santé d’un animal peuvent peser lourdement sur le budget de son propriétaire. Pour faire face aux imprévus, il est possible de souscrire une assurance, une option proposée pour les chiens et les chats par une multitude de compagnies d’assurance en Suisse. Cependant, le montant des primes varie énormément selon la formule et l’animal.

Ces assurances rembourseront tout ou partie des soins vétérinaires et/ou des médicaments. Les frais couverts sont limités à quelques milliers de francs si l’assuré choisit la franchise la plus basse mais peuvent s’élever à plus de 10’000 francs pour les franchises élevées. Ainsi les primes annuelles peuvent aller de 70 à 600 francs selon le modèle. Et il ne faut pas le faire trop tard, puisque la plupart des compagnies n’acceptent plus d’assurer l’animal à partir d’un certain âge, tandis que d’autres appliquent des tarifs progressifs, qui augmentent donc avec l’âge. âge de l’animal. Autres informations demandées : la race de l’animal, si le chat sort, si le chien est castré. La liste est longue. Les comparateurs en ligne peuvent vous aider à y voir plus clair.

 
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