Cinq mois après l’incendie de sa boucherie dans l’Orne, Aurélien reprend son activité

Cinq mois après l’incendie de sa boucherie dans l’Orne, Aurélien reprend son activité
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Par Romaric Larue
Publié le

10 avril 24 à 11h27

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Malgré l’épreuve difficile à surmonter, Aurélien Manoury a tenu son pari : celui de trouver une solution pour relancer rapidement son activité.

L’envie de recommencer était plus forte que le chagrin.

Aurélien Manoury, artisan boucher à la Ferme des Manets à Semallé.

L’artisan de 33 ans, propriétaire de la boucherie La Ferme des Manets a Semallé (Orne), près d’Alençon, reprendra sa place sur les marchés mardi 16 avril, moins de cinq mois après la catastrophe qui a temporairement stoppé son activité.

Plus d’un million d’euros de préjudice financier

Mercredi 29 novembre, vers 21h, ses locaux de 550 m2 avait été détruit par un incendie. Ce soir-là, Ornais « perd tout » : son laboratoire, ses outils de production, son espace de vente, sa marchandise. Quatre années de travail parties en fumée.

Le préjudice financier a été estimé à “plus d’un million d’euros”, murmure le gérant. « Heureusement, nous avons réussi à sauver les deux camions. Sinon, ça aurait été vraiment difficile de partir. »

Un incendie accidentel

L’enquête de la gendarmerie a conclu que l’origine de l’incendie était accidentelle. Le feu est parti d’une machine qui avait été installée « le jour même » dans le laboratoire de boucherie. « Il a été installé par une entreprise extérieure, située dans l’Est de la France. Il a dû y avoir une faute lors de l’installation», confie Aurélien Manoury, tout sauf rancunier. « L’erreur est humaine. C’est moins difficile de savoir que ça ne vient pas de nous. »

Aurélien Manoury aurait pu dire stop et tourner la page. Surtout, quelques mois après avoir engagé des dépenses importantes pour agrandir son laboratoire. Mais il a fait le choix inverse, celui de résilience. « Le lendemain de l’incendie, j’étais dévasté. Mais peut-être deux jours plus tard, j’avais envie de me relever. Il vaut mieux avoir l’esprit occupé que se morfondre. »

Doutes, stress, nuits blanches

Si l’artisan parvenait à redémarrer la machine, le chemin pour y arriver était semé d’embûches entre les fastidieuses démarches administratives, les négociations « assez lourdes » avec les assurances, la recherche laborieuse de nouveaux locaux… « On m’a demandé des papiers que je n’avais plus, car ils avaient brûlé. Pour un document qu’il m’aurait fallu cinq minutes pour retrouver dans le placard, il m’a fallu trois jours pour l’obtenir », se souvient-il.

Ce qui était super dur, c’est qu’il fallait tout avancer en même temps. J’aurais pu recommencer plus tôt, mais je ne pouvais pas louer un local temporaire sans savoir si, derrière, j’aurais de quoi reconstruire un bâtiment.

Aurélien Manoury

Aurélien Manoury s’interroge depuis longtemps sur sa capacité à se remettre sur les rails financièrement. « J’avais déjà beaucoup emprunté. Je ne savais pas si cela pouvait arriver. Mon cabinet d’expertise comptable m’a beaucoup soutenu. Nous avons dû emprunter à nouveau. Heureusement, les taux ont baissé. »

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La boucherie artisanale, entièrement détruite dans l’incendie, sera reconstruite dans les prochains mois. ©Archives L’Orne hebdo

Il y avait des doutes, des « nuits blanches », du stress, beaucoup de stress…

A-t-il pensé à abandonner ? ” Parfois. Mais cela n’a pas duré longtemps, à peine une heure », confie le gérant de La Ferme des Manets, qui a néanmoins pu compter sur le soutien sans faille de ses proches et de ses clients.

Les procédures étaient tellement lourdes. C’est un combat qui a duré trois mois avant que j’aie toutes les réponses à mes questions.

Aurélien Manoury, artisan boucher à Semallé.

Un camion magasin et des locaux temporaires

Mais, depuis début mars, le trentenaire a vu le bout du tunnel.

Il a trouvé un endroit pour refaire ses spécialités. « Avant cette solution, nous avions deux options. Dans un premier temps, nous avions implanté un laboratoire à Sainte-Scolasse-sur-Sarthe, mais les temps de déplacement étaient trop compliqués pour les salariés et les chambres froides manquaient. La deuxième option consistait à investir dans un laboratoire modulaire, mais elle était encore plus coûteuse. »

Ses dommages n’étaient pas entièrement couverts par l’assurance.

Enfin, ses locaux temporaires sont situés dans la commune voisine d’Écouves. D’une superficie de 100 m², il servira uniquement d’atelier de fabrication et ne sera pas ouvert au public.

Pour l’équiper, nous avons dû faire beaucoup de recherches et nous déplacer pour récupérer du matériel usagé. « Le budget était limité », raconte le commerçant qui s’est déplacé à Reims, Guingamp, Paris ou encore Cholet.

Reprise des affaires le 16 avril

Concernant l’espace de vente boucherie, il sera remplacé par un camion de magasin, installé au même endroit que les anciens locaux, à Semallé. « Nous gardons les mêmes jours et horaires d’ouverture », ajoute Aurélien Manoury qui y rencontre des clients de mercredi 17 avril.

LE retour sur les marchés aura lieu la veille, mardi 16 août, au Mans. La Ferme des Manets reprendra ses bonnes vieilles habitudes et sera présente sur les marchés depuis Alençonde Fresnay-sur-Sarthe et donc, Homme.

Durant les prochains mois, la Ferme des Manets installera un food truck à Semallé, en attendant la construction de la nouvelle boucherie. ©Aurélien Manoury

L’artisan ne cache pas son impatience : « Il y a un autre stress qui monte, un bon stress cette fois. Il va falloir être à la hauteur, car nous occupons des locaux plus petits. Mais nous espérons voir le plus de monde possible. Ça nous manque ! »

Il repart avec toute son équipe

Car, malgré les pertes financières occasionnées par la catastrophe, ce qui attristait le plus Aurélien Manoury, c’était de ne plus pouvoir faire ce qu’il aimait. « Parce que ce métier a du sens, nous nourrissons les gens. »

Le boucher s’appuiera sur la même équipe, son sept employés étant toujours aventureux. Aurélien Manoury a choisi de continuer à les payer pendant la cessation d’activité. « Je ne me voyais pas faire autrement. Ils ont des prêts à leur charge, certains ont des enfants. Ils n’ont rien à voir avec l’histoire. Et puis, j’ai eu envie de les revoir à la réouverture », sourit-il.

Un nouveau laboratoire pour l’automne

Dans les mois à venir, un nouvelle boucherie sera construit à la place de celui qui a pris feu.

Le terrain est aujourd’hui complètement vide, l’ancienne bâtisse ayant été complètement démonté au début de l’année.

Les travaux devraient démarrer prochainement. Si tout se passe bien, l’ouverture pourrait avoir lieu à mois d’octobre.

La Ferme des Manets, lieu-dit Les Manets, à Semallé : camion-boutique ouvert tous les mercredis, vendredis et samedis, de 9h30 à 13h et de 14h30 à 18h30 Présent sur les marchés d’Alençon (jeudi et samedi), Le Mans (Les Maillets mardi et Les Jacobins vendredi) et Fresnay-sur-Sarthe (mercredi et samedi).

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