Ce serait une première mondiale. L’association de protection de l’environnement Robin des Bois l’indique dans un communiqué envoyé à la presse ce lundi 8 avril l’existence d’un projet d’installation d’un réacteur nucléaire dans une usine agroalimentaire du Grand Est. Le fondateur de la structure Jacky Bonnemains a lui-même participé à une réunion du Haut Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire, au cours de laquelle cette initiative a été évoquée, mais sans préciser le nom de l’entreprise. Jacky Bonnemains a enquêté. Selon l’association Robin des Bois, l’usine en question serait celle de Cristal Union/Cristanol à Bazancourt, dans la Marne.un site qui comprend une sucrerie et la plus grande usine de production de bioéthanol de France (Information démentie par Cristal Union, qui n’évoque pas de projet, mais une étude à ce stade, ndlr.)
Un petit réacteur pour produire sa propre énergie
Selon l’association, l’idée serait d’installer un réacteur nucléaire à haute température de 20 mégawatts de puissance thermique. « dont l’utilité affichée sera de fournir de la chaleur industrielle à base de carbone ». Ce petit réacteur, qualifié de « indulgent », c’est-à-dire totalement sûr, pourrait être installé à proximité de l’usine, sur un terrain de 10 hectares et servirait à produire l’énergie propre de Cristal Union.
“L’idée d’installer un réacteur de 20 mégawatts dans une usine qui emploie des centaines d’ouvriers nous paraît extrêmement aventureuse, commente Jacky Bonnemains. D’autant que ces réacteurs sont considérés comme indulgents et seront surveillés par télésurveillance. Il n’y aura pas de personnel pour surveiller son bon fonctionnement. Il existe un problème évident de protection des installations nucléaires, même de faible puissance, contre les actes de malveillance, le terrorisme, les inondations ou les tremblements de terre.»
Aujourd’hui, l’énergie nucléaire provient des centrales électriques. L’idée et l’autorisation de mise sur le marché de ces petits réacteurs se développent de plus en plus. La France soutient également la jeune entreprise qui aurait passé l’accord avec Cristal Union selon l’association : Jimmy Energy. Sur son site Internet, l’entreprise déclare qu’elle conçoit et exploite « des générateurs thermiques pour fournir à ses clients une chaleur sans carbone moins chère que celle obtenue avec des énergies fossiles. Soutenu par l’État, avec le plan France 2030, et soutenu par des investisseurs solides, Jimmy mobilise une équipe pluridisciplinaire déterminée et réinvente l’usage de la fission pour décarboner l’industrie. Dans son discours de Belfort en 2022, le président Emmanuel Macron a annoncé son projet de relance du nucléaire en France.
Un projet à l’étude selon Cristal Union
Ce développement annoncé du nucléaire inquiète Jacky Bonnemains : « Nous parlons actuellement d’une industrie centralisée, qui comporte certains risques, mais qui est contrôlée par l’État. Alors que là, on aurait affaire à des promoteurs privés, qui géreraient ces micro-réacteurs avec tous les risques que cela comporte. Et donc on arriverait, en plus des centrales nucléaires de forte puissance, à une véritable prolifération de petites centrales chargées de produire de la chaleur pour de nombreux établissements, comme des usines ou des hôpitaux par exemple.
Contacté ce lundi, Cristal Union précise que « l’entreprise étudie toutes les pistes possibles pour décarboner ses activités, la production d’énergie à partir de biomasse étant la plus prometteuse. Parmi les autres pistes explorées, nous sommes en contact avec la société Jimmy Energy dont la solution fait l’objet d’une étude au long cours. Aucun accord n’a été signé ; un tel projet nécessite plusieurs années d’études et toutes les garanties et autorisations de sécurité doivent être fournies.
