France Travail se met au défi d’accompagner les entreprises dans leur recherche de travailleurs

France Travail se met au défi d’accompagner les entreprises dans leur recherche de travailleurs
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L’objectif d’Emmanuel Macron a été dit et répété : parvenir au plein emploi d’ici la fin du quinquennat. Reste à savoir comment. Alors que le taux de chômage a légèrement augmenté début 2024 en raison du ralentissement économique, la tension monte autour de l’ancien Pôle emploi, devenu France Travail il y a trois mois.

Elle est d’autant plus forte que 61 % des entreprises françaises continuent de démontrer leurs difficultés à trouver de la main d’œuvre. « France Travail veut amener les gens aux portes des entreprises, mais aussi les aider à recruter » avait pourtant promis au lancement de la réforme il y a un an Thibaut Guilluy, ancien haut-commissaire à l’emploi et désormais à la tête de l’opérateur public.

Des acteurs privés de l’emploi privilégiés par les entreprises

Le défi est grand. Dans une enquête réalisée par le cabinet de conseil Sia Partners (1), plusieurs centaines d’entreprises témoignent de leur relation avec l’opérateur public de l’emploi. Et elle est pour le moins distante : « France Travail n’est plus le canal privilégié des recruteurs », commente Marc Landré, co-auteur de l’étude. Seuls 27% des recrutements se font via France Travail. « Les employeurs préfèrent s’offrir les services de cabinets d’intérim ou de recrutement privés, voire de sites spécialisés comme LinkedIn ou Indeed, qu’ils jugent plus efficaces »il ajoute.

« Manque de proximité », « déconnecté des entreprises », « inaccessible »… Parmi les personnes interrogées, la liste des critiques est longue. Certains déclarent même n’avoir jamais eu de contact avec leur agence locale : “Cela fait au moins quinze ans que je n’ai pas reçu un seul appel”témoigne Laurent Vronski, directeur général d’Ervor, une entreprise industrielle de 50 salariés. « Cependant, je recherche régulièrement des travailleurs. Mais je suis obligé de faire appel à des chasseurs de têtes, efficaces mais très chers. » Comme Laurent Vronski, un tiers des sondés déclarent ne pas avoir d’interlocuteur dédié à France Travail.

« Casser l’image obsolète » du service public

” Beaucoup de’entreprises avoir une vision assez négative de France Travailreconnaît Thibaut Guilluy. Mais c’est parfois le fruit d’une ignorance ou d’une mauvaise expérience qui remonte aux débuts de Pôle emploi, voire de l’ANPE. Avant de structurer une offre de services pour les entreprises. Notre défi aujourd’hui est de briser cette image dépassée. »

Globalement, l’étude confirme un manque de sensibilisation relativement important chez les non-utilisateurs. « Certains sondés réclament la mise en place d’outils qui existent déjàajoute Marc Landré. Par exemple, les services RH souhaitent recevoir une newsletter d’actualité sur les nouveautés de France Travail. Il existe depuis mars 2021. »

Quant aux utilisateurs réguliers, “l’appréciation est bien meilleure”, poursuit l’associé chez Sia Partners. Un constat que ne manque pas de rappeler Thibaut Guilluy : « 86 % de nos utilisateurs se déclarent satisfaits, et ce chiffre ne cesse d’augmenter depuis cinq ans. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de travail à faire. Il faut mieux personnaliser la relation pour chaque entreprise, avec un interlocuteur privilégié. »

« La France ça marche »

« Nous investissons beaucoup dans les outils technologiques comme l’intelligence artificielle pour mieux analyser les besoins des entreprises et leur proposer des profils adaptés », soutient-il. Il salue également la montée en puissance de processus alternatifs, comme la méthode de recrutement par simulation (MRS) ou l’immersion en entreprise, qui ont « popularité croissante auprès des recruteurs ».

C’est le cas chez Sodexo, leader de la restauration collective (30 000 salariés), un secteur qui souffre d’une grave pénurie de main d’œuvre. « Ces dispositifs favorisent la transversalité des compétencestémoigne Hervé Boutruche, son directeur du recrutement. France Travail nous met en relation avec des demandeurs d’emploi non qualifiés mais motivés, dotés d’un bon relationnel. C’est notre principal partenaire en matière de recrutement inclusif. »

Problème : leur mise en œuvre varie selon les territoires. ” Plutôt queFrance Travail “, il serait plus juste de parler deFrance Travaux: il existe autant de méthodes d’intégration et de conseil que d’agences”, ironise Guillaume Richard, PDG de Oui Care, une entreprise de services à la personne. A la tête d’un réseau qui rassemble 20 000 salariés, il se félicite de l’existence » des outils très satisfaisants… quand ils nous sont proposés.

Répondre aux besoins des PME

« Chaque évaluation de France Travail repose sur une relation individuelle avec une agence ou un conseiller », confirme Marc Landré. D’un bureau à l’autre, la différence d’efficacité se mesure – le plus souvent – ​​au niveau de connaissance du bassin d’emploi et de compréhension des besoins des entreprises. « D’où la nécessité d’augmenter la prospection sur le terrain auprès de nos conseillers entreprises mais aussi des responsables des demandeurs d’emploi. Notamment auprès des TPE-PME »insiste Thibaut Guilluy.

« Au-delà d’une connaissance plus précise de leurs besoins, les PME attendent de France Travail une démarche proactive. Ils réclament une décomplexification administrative », analyse Marc Landré. ” Notre ambition est de devenir le partenaire ressources humaines des entreprises qui ne disposent pas de service dédié »ajoute Thibaut Guilluy, rappelant que « sept embauches sur dix se font au sein des TPE-PME ».

Conscient qu’il reste encore un long chemin à parcourir pour harmoniser l’offre et la demande d’emploi, le directeur général de France Travail a tendance à rappeler le “changement de paradigme” récemment observé sur le marché du travail : « Les compétences et les profils recherchés par les entreprises sont mécaniquement plus difficiles à trouver à l’approche des le plein emploi »explique Thibaut Guilluy. La plupart en ont conscience, mais cela implique un changement dans leur culture et leur organisation managériale. »

« Les entreprises doivent être ouvertes à la diversité des profils, par conviction et par nécessitésoutient Guillaume Richard, chez Oui Care. C’est aussi pour cela qu’on ne peut pas se contenter de France Travail. Car les personnes qui ne bénéficient pas d’allocations n’y sont pas forcément inscrites. On est donc aussi obligé d’aller sur d’autres plateformes pour capter d’autres publics. Plus il y aura de demandeurs d’emploi à France Travail, plus nous l’utiliserons.

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Des besoins de main d’œuvre croissants

En moyenne, 61% des recrutements en 2023 ont été jugés difficiles par les entreprises selon le baromètre France Travail, contre 58% en 2022.

Pour les PME, ce chiffre dépasse 80%, selon la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) ; il en va de même pour le recrutement des cadres, selon l’Association pour l’emploi des cadres (Apec).

Selon France Travail, les secteurs qui ont le plus besoin de main d’œuvre sont l’hôtellerie-restauration. (serveurs, employés de cuisine), l’agriculture (ouvriers agricoles), le bâtiment (ouvriers) et le médico-social (aides-soignants).

(1) Etude « Entreprises & France Travail », 508 répondants, mars 2024.

 
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