une association accusée de vouloir empêcher l’évacuation d’un camp de Roms

une association accusée de vouloir empêcher l’évacuation d’un camp de Roms
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Par Ludovic Vincent
Publié le

5 avril 24 à 18h16

La section de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) de Verneuil-sur-Seine (Yvelines) ne percevra pas de subvention municipale en 2024. Le maire Fabien Aufrechter lui reproche d’avoir déposé des recours en justice qui ont empêché l’obtention de l’aide municipale.évacuation du camp rom installé depuis plus d’un an derrière la station d’épuration, sur un terrain appartenant à l’îlot de loisirs du Val de Seine. La LDH dément.

Deux jours après avoir « mis les pieds dans le problème » à ce sujet lors d’un conseil municipal agité, le bourgmestre Fabien Aufrechter semblait vouloir calmer le jeu ce jeudi 4 avril 2024. « La vraie raison de la disparition de la subvention pour LDH est un choix budgétaire », a-t-il assuré à 78 nouvelles.

Double discours

« Ce choix a été expliqué par Anthony Herry, poursuit l’édile vernolien. Le conseiller municipal délégué aux Associations du groupe majoritaire Naturellement Verneuil, a déclaré ensemble : « Nous avons fait le choix deaider les associations qui en ont vraiment besoin. »

“Cela ne veut pas dire qu’ils [la LDH] n’aura pas de subvention l’année prochaine, poursuit Fabien Aufrechter. Ils font un très bon travail aussi dans les écoles. »

Un bidonville au cœur du débat

Mardi 2 avril 2024, à l’issue de la séance (diffusée sur Facebook), après l’adoption du budget de 30 millions d’euros (à une courte majorité, 18 voix pour sur 33 conseillers municipaux, NDLR), la délibération sur le subventions aux associations avait déclenché une vive polémique. Le bidonville implanté depuis plusieurs années sur la pointe de Verneuil a été au cœur des débats.

Le sujet de la subvention (450 € accordés jusqu’à présent) à la section locale de la LDH a été mis sur la table par le groupe Verneuil, l’avenir ensemble. ” C’est scandaleux, vous bafouez l’histoire de la Ligue des Droits de l’Homme et l’histoire de notre ville», a déclaré Jean-Marie Moreau, assis à côté de Brigitte Hoisnard, la veuve de Christian Hoisnard, fondateur de la section locale de la LDH.


Fabien Aufrechter « assume »

Le groupe d’opposition de gauche a voté contre la délibération de subventions aux associations pour « dénoncer la municipalisation de la vie associative ». ” je vais mettre le pied à terre. Oui, je suppose ! » a répondu le bourgmestre Fabien Aufrechter.

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« Je vous renvoie à ma collègue (Fabienne Devèze, présidente de l’île de loisirs, NDLR) qui nous a fait remarquer, en présence du sous-préfet, que nous n’aurions aucun intérêt, au vu des procédures judiciaires relatives à la présence de Roms sur l’île de loisirs, pour subventionner une association qui intente des actions en justice contre les intérêts territoriaux. »

Fabien Aufrechter, maire de Verneuil-sur-Seine

Fabien Aufrechter reproche donc à la section locale de la LDH d’avoir milité activement pour empêcher l’évacuation du camp rom, d’avoir formulé les appels ou, du moins, d’avoir fourni lesavocat aux familles.

Dans la boue, entre tas d’ordures et carcasses de voitures

Entre 50 et 200 personnes, selon les périodes, vivent dans le bidonville de la Pointe de Verneuil dans une situation de pauvreté extrême dans des caravanes ou des chalets. Dans la boue, entre les tas de déchets, les carcasses détruites de voitures et de scooters.

Le site est répertoriédepuis 2020, parmi les « 300 bidonvilles où vivent environ 15 000 personnes originaires des pays de l’Union européenne (Roumanie et Bulgarie) » en France et pour lesquels le gouvernement a lancé un plan de résorption en 2018.

Cette dernière vise à « réduire durablement le nombre de bidonvilles et apporter à leurs habitants des solutions pragmatiques favorisant leur insertion, dans le respect des lois de la République. »

Dans les Yvelines, leaide sociale Le renforcement a débuté en 2021 sur un nombre limité de sites (dont Verneuil-sur-Seine), avec trois associations missionnaires (comme Trajectoires) pour diagnostiquer les situations et accompagner les familles.

« La mauvaise réputation » du bidonville

« Le maire est assez grand pour prendre ses responsabilités », a réagi Fabienne Deveze en apprenant que son nom avait été évoqué au conseil municipal de Verneuil-sur-Seine. Je comprends sa logique, mais je ne lui ai rien demandé. »

Le conseiller départemental, vice-président du Grand Paris Seine & Oise (GPS&O) et maire de Morainvilliers ajoute cependant : « La justice nous dit qu’il n’y a pas d’urgence à expulser et pas de problème sanitaire. J’ai des doutes. Il est indéniable que nous sommes confrontés à un problème social. »

« Il y a aussi beaucoup d’hypocrisie », souligne Fabienne Devèze. Les voitures incendiées ne sont pas arrivées toutes seules. Qui paiera pour enlever les décombres et les déchets ? Ce n’est peut-être pas la même ampleur qu’à Saint-Quentin-en-Yvelines, mais l’île de loisirs n’en a pas les moyens. »

Sous pression pour relancer la fréquentation du site, Fabienne Devèze subit « la mauvaise réputation » du bidonville où l’équitation « n’est plus possible ». « Je me bats pour sauver l’île de loisirs du Val de Seine et ses vingt emplois. Quand on coupe deux arbres, les associations écologistes crient au scandale, mais elles ne réagissent pas au désastre écologique du camp, où de nombreux arbres ont été abattus. »

Neuf bidonvilles dans les Yvelines en 2022

C’est également dans ce cadre qu’intervient la LDH, « en lien avec les services de la DDETS (Direction départementale de l’Emploi, du Travail et de la Solidarité) », explique Manuel Eloire, le président de la section locale. « Ils font un travail remarquable avec des moyens très limités. »

En 2022, la DDETS des Yvelines a recensé 314 personnes, exclusivement intra-européennes, vivant en 9 bidonvilles au sein du département.

Pour une « famille dont le mari a trouvé un travail », observe Manuel Eloire, et qui a réussi à s’installer aux Briques Rouges (quartier de Verneuil-sur-Seine), combien d’échecs ?

« C’est compliqué, mais nous avons le devoir de continuer, ne serait-ce que pour les quelques enfants qui parviennent à fréquenter l’école. Le processus d’intégration est long et incertain. »

Manuel Eloire, président de la section locale de la Ligue des Droits de l’Homme

« Il peut arriver que la LDH formule des recours en son nom »

A l’entrée du bidonville de Verneuil-sur-Seine, mercredi 3 avril 2024, les femmes nous ont accueillis avec un téléphone portable à la main. Un traducteur est en ligne. ” Pas de photo ! »faire comprendre aux hommes qui viennent de sortir une voiture de la boue.

Le traducteur donne un numéro de téléphone. C’est celui de la LDH de Verneuil. Inévitable lien entre deux mondes… Ambigu ?

« Nous accompagnons les familles pour leur permettre d’accéder à une vie plus digne. Nous ne les assistons pas et, s’il arrive que la LDH formule des recours en son nom, ce n’est pas le cas ici. »

Manuel Eloire, président de la section locale de la Ligue des Droits de l’Homme

Le campement se trouvait auparavant 50 à 100 m plus loin, sur une propriété de l’EPF Île-de-France (exploitant du domaine public). Son déménagement, intervenu alors que l’arrêté d’expulsion venait d’être émis, a contraint les autorités à relancer la procédure dès le début, au grand désarroi des élus locaux.

« Un alignement sans équivoque »

Jeudi 4 avril 2024, la section Verneuil de la LDH a publié un communiqué dans lequel elle rejette les accusations du maire et affirme « payer le prix de son engagement en faveur des plus démunis et des plus fragiles ».

« L’accès à l’eau potable, aux soins, aux politiques de prévention et à l’éducation sont des droits fondamentaux que la LDH tient à défendre. Ils font partie de ceux cités dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. »

Communiqué de presse de la Ligue des Droits de l’Homme

L’association conclut : « La force de cette mise en conformité symbolique est sans équivoque. »

De son côté, Fabien Aufrechter « prend acte » du déni de la LDH avec laquelle il assure « ne pas être en guerre ». «J’aurais aimé qu’il y ait un accompagnement réel, a-t-il déclaré au conseil municipal. Nous ne laissons pas les familles dans la boue. »

C’est d’ailleurs là que la Ville vient d’acquérir plus de 28 000 m2 à l’EPF Île-de-France pour aménager « une zone deattractivité économique « .

Les services de la préfecture des Yvelines, contactés par 78 actu, n’ont pas répondu à notre demande au sujet du bidonville de Verneuil-sur-Seine.

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