Au Maroc, le trafic de nouveau-nés relance le débat sur les nombreux abandons

Au Maroc, le trafic de nouveau-nés relance le débat sur les nombreux abandons
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LETTRE DE CASABLANCA

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Des enfants jouent après le tremblement de terre meurtrier, à Amizmiz (Maroc), le 10 septembre 2023. NACHO DOCE / REUTERS

Le coup de filet est aussi inhabituel qu’inquiétant. Arrêtés fin janvier, à Fès (Maroc), médecins, infirmiers, personnels administratifs et agents de sécurité sont soupçonnés d’avoir vendu des nouveau-nés à des familles souhaitant adopter. Les accusés font face à plusieurs accusations, notamment trafic d’êtres humains et corruption. Une première audience devant le juge, le 19 mars, a permis d’entrevoir l’ampleur du trafic : sur le banc des accusés, pas moins de trente-quatre personnes, dont certaines opérées dans trois hôpitaux publics de la ville.

Bien qu’il soit décrit comme” extraordinaire “ Compte tenu de sa taille, l’existence d’un tel réseau ne surprend pas les acteurs de la prise en charge des enfants abandonnés. En 2010 déjà, une précédente affaire, à Casablanca, avait défrayé la chronique. Au travail cette fois, une sage-femme à la retraite qui réclamait en moyenne 3 000 euros par nouveau-né. Grâce à la complicité des fonctionnaires, les nourrissons ont même été inscrits à l’état civil.

Comme à Casablanca, des mères célibataires auraient été complices du trafic découvert à Fès, ce qui met une fois de plus en lumière la situation. “deux faces d’un même problème”, suggère le socioanthropologue Chakib Guessous. D’un côté, les mères célibataires enceintes, confrontées à l’opprobre de leurs familles, alors que les relations sexuelles hors mariage sont passibles de prison et l’avortement interdit. De l’autre, des bébés abandonnés parce qu’ils ne sont pas désirés ou dont la garde s’avère compliquée en l’absence d’un père inconnu ou refusant de reconnaître son enfant.

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Un soutien irrégulier

Difficile cependant de quantifier le nombre exact d’abandons. Si la présidence du ministère public chiffrait à 1.649 le nombre d’enfants légalement abandonnés en 2018, l’Unicef ​​estimait en 2008 qu’il y en avait quatre fois plus. En 2011, une onde de choc est provoquée par la publication d’une étude de l’Institut national de solidarité avec les femmes en détresse (Insaf) : elle recense plus de 210 000 mères célibataires entre 2003 et 2009.

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À Casablanca, le « abandons sauvages » les nouveau-nés surviennent au milieu de la rue ou devant la porte d’une mosquée. En moyenne, plus de 300 personnes sont retrouvées chaque année dans la métropole, mortes ou vivantes, selon l’Insaf. « Mais nous ne savons rien de ceux qui sont emmenés par des inconnus et qui ne sont pas dénoncés à la justice », observe sa présidente, Meriem Othmani, qui dénonce les risques d’exploitation pesant sur ces enfants. Les autres débutent leur vie dans un centre géré par une association ou dans un établissement de protection sociale (EPS) relevant de l’Etat.

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