Treize prévenus jugés pour leur implication dans ce trafic qui, selon le parquet, était dirigé depuis sa cellule de la centrale de Lannemezan par Laurent Morcillo, 40 ans, un criminel influent dans les quartiers de Montpellier et par plusieurs membres de sa famille.
« Entre 6 heures et 11 h 30, les enquêteurs vont dénombrer 257 automobilistes et piétons dans les trois points de vente du quartier. Les points de vente fonctionnent à partir de 7h30 et il y a jusqu’à 90 clients par heure à certaines heures de la journée. Au tribunal correctionnel de Montpellier, les juges décortiquent ce lundi 11 mars l’un des plus gros deals de la métropole montpelliéraine, peu connu du grand public, mais qui tient une place clé dans l’économie du banditisme régional de drogue.
Un surnom emprunté à une ancienne ville délabrée aujourd’hui détruite
Avenue des Marels, à deux pas de la caserne des pompiers et du Zénith, le lieu a gardé un surnom d’un autre coin de la ville : La Grappe, du nom de cette commune délabrée du chemin de Moularès, détruite dans les années 2000, pour laisser place à la nouvelle mairie. Les familles y ont été relocalisées, passant d’un ghetto à l’autre via une curiosité urbaine : on entre à Marels par une rue à sens unique qui fait le tour des pavillons et débouche au même endroit : idéal pour contrôler les accès et surveiller les gens. arrivée de la police.
Au printemps 2022, ils déploieront une grande discrétion pour observer ces dealers qui fournissent de l’herbe, du cannabis et de la cocaïne, dans des sacs griffés Street Prod GRP, comme La Grappe. Caméras clandestines, planques avec jumelles puissantes, et surtout drones, pour une surveillance discrète.
Un convoi de Porsche 911 volées
“Je suis transporteur” explique Abderahime, dit Cow-boy, on le voit souvent dans les voitures livrant les sacs à La Grappe, mais aussi au point de deal de la place Rosa Parks, dans le quartier d’Aiguelongue, sous le contrôle des concessionnaires Marels. Il a même été repéré alors qu’il effectuait un aller-retour matinal à Narbonne, au volant d’une Porche 911 volée. “Une mission”», élude ce jeune homme qui dit être payé 150 € par jour de conduite, et qui déposait ou emportait aussi régulièrement des sacs à Villeneuve-les-Maguelone, fief de la famille Morcillo.
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Un aller vite mortel sur l’A9
Car c’est l’autre point clé de ce procès, qui voit 13 prévenus, dont huit détenus, face aux juges et sous très étroite surveillance policière. Selon le parquet, le trafic du Cluster serait dirigé depuis sa cellule de la centrale de Lannemezan par une très vieille connaissance : Laurent Morcillo, 40 ans, condamné à sept ans en 2009 pour tentative de meurtre aux assises de l’Hérault après une fusillade mortelle à Villeneuve-les-Maguelone, alors à 12 ans en 2015 à Narbonne, après avoir tué un automobiliste sur l’A9 alors qu’il tentait de fuir les douaniers lors d’un go fast. Il était également soupçonné d’un triple meurtre en Espagne, pour lequel il a été innocenté.
Il nie être le grand patron de ce trafic dont son fils de 21 ans, également prénommé Laurent, assume la paternité. On juge également ses deux frères et sa mère, Mylène, 65 ans, qui a passé six mois en prison et oppose son droit au silence aux questions du président. “C’est de ma faute si ma grand-mère est partie en retenue, elle n’a rien à voir avec cette affaire, j’ai juste laissé mes affaires chez elle” précise son petit-fils.
Vingt kilos d’herbe et une Rolex
Son entreprise ? Vingt kilos d’herbe, une Rolex à 30 000 €, des sacs Vuitton. Dans le téléphone de Mylène, la présidente lit ce message, envoyé à son fils : « Il me faudra plus de sacs, ne réponds pas, je commence à en avoir marre ! Le juge : “Vous êtes une femme de caractère.” Autre message, Mylène où demande si elle doit y aller « chercher de l’argent chez les Marel ». Rien à voir avec du trafic, jure-t-elle, il s’agit de financer les dépenses de prison de son fils aîné. “L« La communauté est un quartier avec des gitans qui donnent pour tous les détenus, pas seulement pour Laurent. »
Deux Kalachnikovs et une mitraillette Scorpio
On a également retrouvé chez elle deux chargeurs de fusils d’assaut de la même marque que celui saisi chez Mickaël Amador, un ami des Morcillo, qui selon une information de la police détenait leur arsenal au camp de gitans de Montauberou, voisin des Marel: deux Kalachnikov, deux fusils de chasse, un Sig Sauer, trois gilets pare-balles. A Marels, chez Jonathan Boccadifuocco, un autre ami des Morcillo, la PJ a saisi une mitraillette Scorpio, trois chargeurs de 30 balles. Et puis un réseau de caméras pointé vers un bâtiment illégal où étaient stockés de l’herbe et du cannabis, « retransmettre en permanence des images sur différents écrans dans toutes les pièces de la maison, salon, cuisine, chambre, salle de bain ». Rien à voir avec le trafic, Jonathan le jure, mais un « mesure de protection »son frère Orlando ayant été assassiné en 2009.