le couple meurtrier séparé par l’amour, mais uni dans le crime

le couple meurtrier séparé par l’amour, mais uni dans le crime
le couple meurtrier séparé par l’amour, mais uni dans le crime

Par Antoine Blanchet
Publié le

5 mars 24 à 18h33

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C’est un voyage qui semble incompréhensible. Ce mardi 5 mars 2024 a eu lieu le premier jour du procès de Christel C. au colloque de Bobigny (Seine-Saint-Denis). La quadragénaire sans histoire est jugée pour avoir assisté son ex-compagnon dans l’assassinat d’un homme de 76 ans à Villemomble, en 2020. Le motif : une sordide affaire d’escroquerie et de plus-value immobilière. L’auteur présumé, policier municipal, a avoué le crime et s’est suicidé peu de temps après l’incident.

Comme c’est l’usage à la cour d’assises, la personnalité de l’accusé a été longuement décortiqué ce mardi. Un portrait à l’opposé de ce qui alimente habituellement les chroniques judiciaires a été dressé. Même si quelques fissures sont apparues dans la carrière immaculée de l’accusée, sa participation à un meurtre avec préméditation, le faisant risquer la prison à viereste nébuleux.

Une vie sans vagues

Pour la première matinée du procès, un enquêteur de personnalité et la mère de l’accusé sont venus apporter des précisions sur la vie de Christelle C.. Dans les deux récits, même point de convergence : l’accusée est une femme complètement équilibrée. Née en Guadeloupe et élevée par sa mère, elle n’a pas vécu de traumatisme particulier.

Le parcours de Christelle C. est alors banal. Arrivée en France métropolitaine, elle travaille dans plusieurs restaurants avant de passer les examens de préfecture de police. Décrit comme facile à vivre et sociable, elle s’épanouit parmi ses amis et collègues.

Elle rencontre son ancien compagnon Richard A. en 2008. Après avoir emménagé au rez-de-chaussée d’une maison de Villemomble, ils donnent naissance à un enfant. et séparé quelques années plus tard. Ils reconstruisent alors chacun de leur côté leur vie. Richard A. continue de vivre dans la maison, la partageant avec un couple de personnes âgées, propriétaire de l’étage supérieur.

Violence et contrôle ?

Durant les quelques heures de questions-réponses avec les deux témoins, on se rend néanmoins compte que l’enfance de l’accusé n’a pas été si simple, comme le révèle cet échange entre l’avocat général et la mère de Christelle C..

« Avez-vous commis des violences contre votre fille ? », demande le magistrat

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« Non, jamais », assure la mère.

« Mais tu le ceignais ? », relance l’avocat général.

« Bien sûr, comme toutes les mamans », répond le témoin, provoquant l’étonnement dans la salle.

Si les méthodes éducatives maternelles laissent le tribunal dubitatif, la relation entre l’accusé avec son ex-conjointe pose également question. Alors que l’enquêteur de personnalité évoque un homme « mystérieux » et « casanier », la mère de Christelle C. est loin d’être dithyrambique à propos de son gendre décédé : « C’était toujours lui qui s’occupait de la maison. Nous n’avions pas le droit de voir le petit. »

« C’est quand même bizarre que ma fille se retrouve dans cette situation. Vous savez, quand on a un mari qui n’est pas très clair dans sa tête…», glisse le témoin.

Une arnaque qui dure plusieurs mois

Est-ce donc sous l’influence de son ex-compagne autoritaire que Christelle C. a progressivement glissé dans le détournement de fonds, puis dans le crime ? Après le décès de son mari en 2019, la femme âgée qui partageait le lodge avec le couple est dépouillé par ce dernier. Christelle C. et Richard A., chargés de recevoir le courrier de la veuve diminuée, ont encaissé plusieurs chèques au nom de son mari. Le préjudice s’élève à plus de 100 000 euros. Un portefeuille et des bijoux ont également été volés.

Si Christelle C. reconnaît à la barre l’escroquerie, premier acte de l’affaire, elle nie avoir été le cerveau du second : l’assassinat de Jacques Sion, neveu de la veuve émaciée, aujourd’hui en maison de retraite. Cette dernière aurait été un obstacle au rachat de l’appartement du nonagénaire. Achat qui aurait permis à Richard A. de revendre l’intégralité du pavillon et de réaliser un gros bénéfice.

Aide importante à l’assassinat

Le 31 janvier 2020, Richard A. contacte son ex-compagne. Il veut en finir avec le septuagénaire. Selon ses propres mots, Christelle C. n’accepte pas de commettre ce crime, mais accepte sans broncher. Au matin, le couple séparé amoureux, mais lié dans leur sinistre projet, se rend dans un taxiphone aux Pavillons-sous-Bois. Ils veulent empêcher que leurs téléphones soient mis sur écoute. Ils parviennent à Jacques Sion et lui demandent de se rendre chez sa tante.

Richard A. et Christelle C. se rendent alors dans un Magasin de sport. Ils achètent successivement des vêtements sombres. Lui pour elle. Elle pour lui. Un subterfuge pour brouiller les pistes qui ne trompera cependant pas les enquêteurs.

Le couple arrive ensuite au pavillon, situé sur la paisible Franklin Avenue. Jacques Sion est présent. Richard A. emmène le septuagénaire au grenier, puis le frappe avec un marteau et les coups de couteau. La victime s’effondre et tombe à l’étage inférieur.

Un seul responsable ?

Si sa participation aux coups mortels n’est pas prouvée, Christelle C. aide le père de son enfant à amener le corps de Jacques Sion dans le grenier et à le cacher sous des vêtements. Pendant une quarantaine de minutes, elle va nettoyer le sang éclaboussé partout. Le couple meurtrier va alors semer le désordre dans l’appartement, afin de faire croire à un cambriolage. Le téléphone de la victime a été jeté dans le canal de l’Ourcq.

Après la découverte du corps en fin de journée par le frère de la victime, la brigade criminelle a été chargée de l’enquête. Alors que les soupçons se tournent vers Richard A., ce dernier se tire une balle dans la tête. Une lettre d’aveux est trouvée sur lui. Il reconnaît avoir tué Jacques Sion, afin d’obtenir des parts dans la maison. Le policier est catégorique : il est le seul coupable. La cour d’assises tranchera le 12 mars 2024.

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