“Le camion s’est précipité vers nous, je tremble encore.” Ces propos ne sont pas ceux d’un patrouilleur blessé dans l’accident de dimanche. Il s’agit de ceux de la victime elle-même, Tony Nellec, 54 ans. Et ce dans un article de 2018, dans nos colonnes, où il témoignait de la dangerosité de son métier. « Je suis patrouilleur entre Nice et La Turbie, il a raconté. Mon métier consiste à intervenir sur les accidents, les pannes, les obstacles, les animaux errants sur la piste… »
Incroyablement, Tony Nellec a raconté un épisode datant d’environ 2013. Survenu à l’endroit où il a été tué dimanche, et presque dans les mêmes circonstances. Sauf que ce n’est pas un camion, mais une voiture qui les a percutés il y a deux jours.
Voici son témoignage de 2018 : « Il y a 5 ans, mon équipe sécurisait un accident sur la voie de gauche dans la descente de La Turbie. Un camion s’est précipité vers nous, mon collègue a juste eu le temps de sauter. Je tremble encore ! Le camion était surchargé et, sur la route mouillée, le conducteur inattentif a été surpris. Elle n’a pas pu freiner à temps. Tony Nellec termine par ce conseil qui trouve aujourd’hui un écho dramatique : « Levez le pied quand vous nous voyez, protégez-nous, nous sommes là pour vous protéger ! Une phrase qui fait froid dans le dos.
Recruté en 2004
L’émotion est évidemment très forte après le décès de ce Riviera de 54 ans, dans l’accident de ce dimanche, à La Turbie. Certains de ses collègues ont appris la terrible nouvelle en prenant leur travail, à 5 heures du matin, ce lundi, dans les locaux Vinci de Saint-Isidore, près de l’entrée de l’autoroute qui jouxte l’Allianz Riviera.
Tony connaissait par cœur le chemin vers la région Provence Côte d’Azur. Recruté en 2004, le quinquagénaire avait toujours travaillé dans les Alpes-Maritimes. Cet homme souriant, originaire de Martinique, né à une trentaine de kilomètres au nord de Fort-de-France, sur la commune de Saint-Pierre, était très expérimenté. De ceux dont nous savons queon peut compter sur lui en fonctionnementsur le point de monter dans le camion de patrouille jaune.
Son coéquipier, Eric Massi, a été grièvement blessé dans l’accident. Ce lundi, une cellule d’assistance psychologique a été mise en place pour soutenir les collègues. Des psychologues qui travaillent toute l’année avec les agents d’Escota, malheureusement parfois obligés de voir des horreurs, des accidents, des morts.
Vanessa Monsenergue, directrice générale de Radio Vinci Autoroutes (fréquence 107,7), a quant à elle pris l’antenne pour rendre hommage à Tony et à son collègue, d’une voix émue, après avoir annoncé un message “très spécial”. « L’ensemble de l’entreprise a du mal à se rendre compte de l’information qu’elle doit transmettre. » Dès les premiers mots, “premières réflexions”, qui va, a annoncé le directeur général, “envers sa famille, ses amis”.
Habitant de Cagnes
Tony, originaire du Cagnois, vivait au Vallon des Vaux, à Cagnes. Il a cinq enfants, dont deux âgés de 26 ans et étudiant en médecine et un âgé de 20 ans. «C’était une personne formidable. Je me souviens de son arrivée dans l’entreprise et je garderai ces souvenirs. Il venait des îles et il nous a préparé un plat que nous avons partagé tous ensemble, c’était il y a plus de 20 ans.témoigne une de ses anciennes collègues sur les réseaux sociaux.
Cette tragédie laisse une famille dans la douleur. Tony Nellec a fêté ses 54 ans samedi dernier, la veille de sa mort tragique. “C’est la grande famille des routes et des autoroutes qui est durement touchée.” a souligné Vinci Autoroutes dans un communiqué. Le maire de Cagnes-sur-Mer, Louis Nègre, a rendu visite lundi à sa veuve, accompagné de son assistante sociale, Noëlle Palazzetti.
Dans un communiqué, la commune de Cagnes-sur-Mer a présenté ses condoléances, indiquant “pour nous associer à la douleur des familles des victimes (…) Nous souhaitons également exprimer notre soutien aux collègues de Tony Nellec et à tous les travailleurs des autoroutes qui, chaque jour, œuvrent pour notre sécurité.”