L’irritation de l’Azerbaïdjan envers la France grandit de jour en jour. Jeudi 18 janvier, une commission parlementaire azerbaïdjanaise a appelé le gouvernement à rompre tous liens économiques avec la France pour protester contre ce qu’elle décrit comme un vote. « anti-azerbaïdjanais » du Sénat français. La menace vise spécifiquement TotalEnergies, le principal investisseur français dans le pays. Les parlementaires exigent que toutes les entreprises françaises soient exclues des appels d’offres de l’Etat et réclament la reconnaissance de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, de la Polynésie française et de la Corse.
Cette démarche répond à l’adoption, la veille, par le Sénat français, d’une résolution condamnant l’offensive militaire menée par l’Azerbaïdjan en septembre 2023 sur le Haut-Karabakh, qui a conduit à la chute de cette enclave séparatiste et à l’exode d’environ 100 000 Arméniens. Le texte, voté à l’unanimité moins une voix, appelle à « sanctions contre l’Azerbaïdjan », « exige la garantie du droit au retour des populations arméniennes au Haut-Karabakh » et vise à “empêcher toute nouvelle tentative d’agression et de violation de l’intégrité territoriale de la République d’Arménie”.
« Les sanctions réclamées par les parlementaires [azerbaïdjanais] ne sont, pour l’instant, que des déclarations politiques sans effet sur la réalité économiquetempère Nijat Hajiyev, politologue et rédacteur en chef du site Vesti.az. Bakou fait comprendre à Paris qu’il vaut mieux trouver un terrain d’entente et faire preuve de realpolitik. » L’expert cite les investissements considérables de TotalEnergies dans le champ gazier d’Apcheron et la fourniture d’uranium à la France en Asie centrale. « Il ne faut pas oublier que l’Azerbaïdjan est l’un des principaux pays de transit de l’uranium acheté par la France dans cette région »il ajoute.
Peur de l’agression
Cette menace s’ajoute à une liste rapidement croissante de querelles entre la France et l’Azerbaïdjan. En novembre, le chef de l’Etat azerbaïdjanais, Ilham Aliev, au pouvoir depuis vingt ans et qui prépare sa quatrième réélection le 7 février, a accusé la France d’incitation « nouvelles guerres » dans le Caucase en armant l’Arménie.
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Début décembre 2023, un homme d’affaires français, Martin Ryan, a été emprisonné pour espionnage au profit de la France. Suite à cette affaire, Bakou a interpellé, le 26 décembre, deux diplomates français – en réalité des agents de la Direction générale de la sécurité extérieure, selon le site Renseignement en ligne − faire leurs valises. Paris a immédiatement réagi en expulsant deux diplomates azerbaïdjanais et a exigé, début janvier, la libération de Martin Ryan.
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