« Si la victime avait été ma mère, j’aurais aimé que quelqu’un fasse la même chose pour moi. » Yaya Sow, un Guinéen de 48 ans, se souvient de ce 23 août quand, au volant de sa Peugeot 207, il aperçoit, allongée sur la route, une femme de 76 ans, avenue du Général Martial-Valin à Limoges. (Haute-Vienne). Le septuagénaire, heurté par une voiture, est décédé. A quelques mètres de là, il aperçoit une Clio blanche, au pare-brise fissuré qu’un témoin décrit comme étant responsable de l’accident.
«Je lui ai crié d’arrêter. Le conducteur a pris la fuite. Je n’ai pas réfléchi, je suis monté dans ma voiture et je l’ai poursuivi. » Quand la circulation ralentit, Yaya Sow projette sa voiture contre celle du fugitif. Il l’extrait de l’habitacle et l’oblige à y rester en attendant la police. Ce mécanicien sans permis a depuis été condamné à trois ans de prison et à verser 210 000 euros à la famille de la victime.
Yaya Sow a acheté un véhicule avec ses maigres économies. “Mais il m’a laissé partir au bout de quelques mois”, déplore-t-il. Depuis, sans voiture, ce plâtrier professionnel, installé en France depuis 20 ans, est conduit par ses amis pour travailler sur des chantiers. « L’assurance m’a dit qu’elle ne pouvait rien faire pour moi puisque j’avais intentionnellement provoqué un accident. » Émue par la situation, une habitante de Limoges, Cathy Meunier, a lancé une collecte de fonds Leetchi pour aider Yaya Sow à payer des réparations, voire acheter une nouvelle voiture.
« J’ai trouvé la situation très injuste. Il est humble, ne demande rien à personne. C’était normal de faire un geste pour lui”, témoigne-t-elle. «C’est très gentil de sa part», dit Yaya Sow. « J’ai eu la fille de la victime au téléphone et j’ai beaucoup pleuré avec elle car la victime aurait pu être ma mère. Mais tout le monde aurait fait pareil. »
