après les familles des malades, les voisins de l’usine de Mourenx s’inquiètent, « une potentielle bombe sanitaire »

après les familles des malades, les voisins de l’usine de Mourenx s’inquiètent, « une potentielle bombe sanitaire »
après les familles des malades, les voisins de l’usine de Mourenx s’inquiètent, « une potentielle bombe sanitaire »

Jusqu’où volera le nuage Dépakine ? Ce médicament antiépileptique révolutionnaire a été à l’origine d’un vaste scandale sanitaire – et de plusieurs enquêtes judiciaires contre son fabricant Sanofi – depuis qu’un lien a été identifié entre son utilisation par les femmes enceintes et des troubles du développement chez les enfants. naître.

Malformations faciales, retards de développement, troubles autistiques, strabisme, TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité chez l’enfant), dyspraxie… Le géant pharmaceutique est accusé d’avoir insuffisamment informé les femmes enceintes des risques encourus. Les autorités sanitaires estiment que la molécule aurait fait au moins 15 000 à 30 000 enfants victimes, un chiffre qui ne prend en compte ni ceux de la « deuxième génération » ni ceux nés de pères traités à la Dépakine, alors que les preuves s’accumulent. aussi dans ce sens.

“Dès 2019, j’ai retrouvé d’autres cas dans le secteur via un groupe de parents épileptiques”

« Très choqué et inquiet »

Un nouveau groupe de victimes, jusqu’ici sous le radar des enquêtes sanitaires et judiciaires, est susceptible d’émerger, estime le journal « Le Monde » : celui formé par les voisins de l’usine de production de Mourenx, près de Pau, qui avait défrayé la chronique en 2018 lorsque les niveaux astronomiques de ses rejets toxiques ont été révélés – jusqu’à 190 000 fois la norme pour le bromopropane, un composé volatil cancérigène, et 13 à 20 tonnes de valproate par an, la substance active de la Dépakine.

«Quand nous avons appris qu’il y avait de tels refus, nous avons tout de suite compris qu’il pouvait y avoir un lien avec la maladie de notre fils», raconte Juliana (pseudonyme), une mère de famille originaire de Mourenx. qui souhaite rester anonyme. J’ai trois enfants dont un garçon de 8 ans qui souffre d’épilepsie, de dyspraxie, de troubles bucco-dentaires et d’apnée du sommeil – avec suspicion de TDAH et de déficience neurovisuelle.

La petite est née en 2015 après une grossesse « ultra-supervisée » : « Je comprends un peu mieux maintenant, ma compagne est née et a grandi ici à Mourenx, nous vivions près de Sanofi, nous n’étions peut-être pas les premières… » Ses ennuis ont éclaté sorti trois ans plus tard.

Les parents sont « très choqués et inquiets » à l’idée d’avoir pu transmettre sans le savoir une toxicité dont ils ignoraient totalement jusqu’alors, et recherchent d’autres personnes dans une situation comparable. « Au début, nous étions très seuls, à part une association, Sepanso, qui nous soutenait énormément, on essayait de comprendre. Puis, en 2019, j’ai découvert d’autres cas dans le secteur via un groupe de parents épileptiques. »

Dossier tentaculaire

La rencontre avec Marine Martin, lanceuse d’alerte de l’affaire Sanofi et présidente de l’Association des parents d’enfants atteints du syndrome anticonvulsivant (Apesac), leur sera d’une grande aide dans leurs efforts de santé. , puis judiciaire. Les voilà prêts à s’ajouter au dossier déjà tentaculaire porté par l’avocat de l’Apesac, Charles Joseph-Oudin.

« Le 15 novembre, nous avons déposé plainte devant le Centre de santé publique du tribunal judiciaire de Paris au nom d’une famille du bassin de Lacq dont les deux enfants, nés en 2014 et 2016, présentent des troubles neurodéveloppementaux très proches de ceux exposés in utero à la Dépakine, explique l’avocat parisien. Il s’agit d’une plainte contre X pour blessures involontaires avec incapacité totale de travail (ITT) de plus de trois mois et mise en danger de la vie d’autrui. »

Une dizaine d’autres plaintes sont en préparation, dont celle de Juliana et de son compagnon. « Une information judiciaire est déjà ouverte sur le volet Dépakine, une seconde sur les rejets toxiques de l’usine Sanofi après des plaintes d’associations et de salariés. Nous espérons que ce troisième dossier viendra s’ajouter à celui de Mourenx qui est déjà en cours. »

« Tous les intérimaires et CDD, s’ils ont des enfants autistes trois ou quatre ans plus tard, feront-ils le rapprochement ? »

« Potentielle bombe sanitaire »

Combien de victimes potentielles « indirectes » la fabrication de la molécule aurait-elle causé ? “Nous sommes face à une potentielle bombe sanitaire”, craint Jean-Louis Peyren, délégué syndical CGT de Sanofi-Chimie, qui a porté l’affaire en justice au nom des salariés. Nous pouvons légitimement poser des questions aux riverains et aux ouvriers des usines. Tous les intérimaires, CDD, CDD ayant travaillé à Mourenx pendant six mois ou un an. S’ils ont des enfants autistes trois ou quatre ans plus tard, feront-ils le lien ? »


Marine Martin, lanceuse d’alerte de l’affaire Sanofi, et le délégué CGT de Sanofi-Chimie Jean-Louis Peyren (à droite) se sont rendus à Mourenx en 2018 où ils ont reçu le soutien du député insoumis François Ruffin.

Quentin Top

Sanofi n’est pas au courant

Dans un communiqué, Sanofi confie avoir eu connaissance de cette nouvelle procédure par la presse et explique notamment : « L’atelier de production de Sanofi à Mourenx, situé sur une plateforme regroupant plusieurs fabricants, fabrique du valproate de sodium. C’est le principe actif d’un traitement essentiel pour des millions de patients souffrant d’épilepsie et qui figure sur la liste des médicaments essentiels établie par l’Organisation mondiale de la santé. Le procédé de fabrication du valproate de sodium génère certaines émissions atmosphériques pour lesquelles aucun seuil n’a été fixé jusqu’en 2018. Plusieurs études ont été réalisées ou sont en cours. À ce stade, aucun n’a mis en avant un risque particulier lié à ces émissions. »
L’entreprise poursuit : « Une étude d’impact sur les risques sanitaires liés aux émissions passées du procédé de valproate de sodium, réalisée par une société indépendante, a confirmé qu’il n’y a pas de risque sanitaire lié à ces rejets. Depuis août 2018, des seuils sont fixés par arrêté préfectoral. Sanofi a engagé un vaste programme d’investissement sur son site de Mourenx, qui répond à toutes les exigences préfectorales en matière d’émissions. Aujourd’hui, l’atelier continue de fonctionner normalement dans le respect de la réglementation pour produire des soins essentiels à de nombreux patients. »

 
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