Agathe-des-Monts | Un tiers des médecins de famille partent

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Sainte-Agathe-des-Monts perdra 14 médecins de famille en 24 mois, soit le tiers du personnel des deux cliniques de la municipalité. Les médecins prennent leur retraite ou se dirigent vers le secteur privé, laissant des milliers de patients orphelins. Cette vague de départs risque d’accroître la pression sur l’hôpital des Laurentides, déjà parmi les plus achalandés de la province.


Publié à 00h43
Mis à jour à 5h00

Ce qu’il faut savoir

Quatorze médecins de famille quitteront Sainte-Agathe-des-Monts d’ici la fin de l’année. Ces départs ont débuté en janvier 2022.

Les Laurentides affichent l’un des pires taux d’occupation des urgences parmi les 17 régions de la province.

Au moins 10 000 personnes risquent de se retrouver sans médecin de famille à cause de cette vague de départs. La Coalition Santé Laurentides s’inquiète du fait que les patients se tournent vers les urgences des hôpitaux de la région.

Le Groupe de médecine familiale (GMF) Sommets confirme que huit médecins ont quitté ou prendront leur retraite d’ici la fin de l’année. Quatre autres poursuivront leurs activités en clinique privée et deux réorienteront leur pratique. Ce sont donc 14 des 40 médecins qui quittent les deux cliniques de la commune de 11 530 habitants.

«C’est énorme, c’est vraiment énorme», affirme France Lauzon, adjointe au médecin responsable du GMF. « Les médecins qui partent à la retraite suivent un assez grand nombre de personnes. « Malheureusement, de nombreux patients deviendront orphelins », ajoute-t-elle.

Ni le GMF ni le CISSS des Laurentides n’ont enregistré de données, mais au moins 10 000 personnes risquent de se retrouver sans médecin de famille.

Le CISSS recommande à ces patients orphelins de s’inscrire au Guichet d’accès auprès d’un médecin de famille. «Les personnes dont l’état de santé est particulier peuvent demander qu’une infirmière les rappelle pour une évaluation de santé afin d’établir la priorité de leur dossier», explique Dominique Gauthier, conseillère en communications au CISSS des Laurentides.

«Toutes les personnes sans médecin de famille ont automatiquement accès aux services du Bureau d’accès de première ligne (GAP), en composant le 811, option 3», ajoute-t-elle.

Marc L’Heureux, préfet de la MRC des Laurentides et président de la Coalition Santé Laurentides, est convaincu que le départ de ces médecins aura un impact sur l’hôpital Laurentien de Sainte-Agathe-des-Monts, mais aussi sur l’hôpital de Saint-Jérôme et celui de Rivière-Rouge.

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PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Hôpital Laurentien, à Sainte-Agathe-des-Monts

” C’est sur ! De plus, le reste d’entre nous est habitué aux salles d’urgence pleines. Nous avons des dossiers dans plusieurs hôpitaux de la région», déplore le président de la coalition qui regroupe notamment municipalités, associations de médecins et organismes communautaires.

Parmi les 17 régions du Québec, les Laurentides affichent parmi les pires taux d’occupation des salles d’urgence. Mercredi, ce taux a atteint 156% alors que la moyenne provinciale est de 120%. Le temps nécessaire au traitement après le triage était de 4 heures 19 minutes, alors que la moyenne provinciale est de 3 heures.

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M. L’Heureux note également que les médecins de l’hôpital de Rivière-Rouge ont lancé, il y a exactement un an, un cri du cœur pour dénoncer le manque de personnel qui a un impact direct sur la prise en charge des patients. . Plus récemment, les médecins des hôpitaux de Lachute et de Saint-Eustache ont également tiré le même signal d’alarme.

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« On se heurte à un mur ! » s’exclame M. L’Heureux. C’est ce que nous disons depuis trois ans à cause du sous-financement. »

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PHOTO ISABELLE MICHAUD, FOURNIE PAR LA MRC DES LAURENTIDES.

Marc L’Heureux, président de la Coalition Santé Laurentides (CSL) et préfet de la MRC des Laurentides

Le CISSS des Laurentides entend atténuer la vague de départs grâce à l’arrivée de nouveaux médecins, en 2023 et 2024, qui « s’établiront progressivement » à Sainte-Agathe-des-Monts. «La Direction régionale de médecine générale est préoccupée par la situation et travaille en étroite collaboration avec l’ensemble des gestionnaires médicaux pour ajuster, au cours de l’année, la répartition du personnel médical afin de répondre aux besoins prioritaires», précise Dominique Gauthier, du CISSS des Laurentides.

« Quant à l’impact de ces départs à la retraite sur nos services d’urgence, nous demeurons très vigilants : la croissance de la population des Laurentides est un véritable enjeu pour l’ensemble de notre territoire avec un impact important sur l’accès aux services de santé de première ligne », poursuit-elle. .

« Laissés pour compte »

Le Dr Louis-Jean Deslauriers, médecin à la Clinique Médicale des Sommets, explique que ses confrères qui choisissent de se tourner vers le secteur privé le font pour mieux concilier leur vie familiale et leur vie professionnelle.

« J’ai reçu un mail des 14 médecins me demandant si je pouvais prendre certains de leurs patients, ceux qui ont le plus besoin d’un suivi. Mais je vais moi-même prendre ma retraite dans deux ou trois ans et j’ai actuellement 1 300 patients», raconte ce médecin de 63 ans.

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PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La Clinique Médicale Sommets, à Sainte-Agathe-des-Monts

Il explique que les patients qui perdent leur médecin de famille perdront également l’accès aux services « sans rendez-vous » dans les deux cliniques de la municipalité ainsi qu’à la Coop Santé de Saint-Adolphe-d’Howard qui est rattachée à son GMF. .

« Avant, on n’avait « pas de rendez-vous » et on voyait des gens de Saint-Jérôme, de Boisbriand ou d’ailleurs qui n’arrivaient pas à obtenir de rendez-vous dans leur secteur. Mais là, nous avons arrêté de recevoir ces patients pour donner la priorité à ceux de notre clinique », explique le médecin.

« En supprimant le « sans rendez-vous » et en le réservant aux patients de ma clinique, dès qu’un médecin part, même s’il suit des patients depuis 35 ans, ils n’ont plus de médecin et ont davantage accès à la clinique. Il ne leur reste plus rien. Ils sont laissés pour compte. Ils ne sont absolument nulle part», déplore le médecin qui redoute le jour, dans un avenir pas si lointain, où lui-même cessera d’exercer la médecine.

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PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La Clinique médicale 201, à Sainte-Agathe-des-Monts

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) affirme que certains départs à la retraite ont été « prédits » par modélisation. « Ces départs sont prévus en nombre de places accordées annuellement à chaque région pour renouveler les effectifs. Ainsi, les modèles de planification PREM [plan régional d’effectifs médicaux] tenir compte, entre autres, de la mobilité des médecins et des départs à la retraite», explique Marie-Claude Lacasse, coordonnatrice des relations avec les médias du MSSS.

En 2023, cinq places ont été accordées au PREM pour la région des Laurentides. Les PREM 2024 seront annoncés prochainement.

 
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