
La célèbre école bisontine qui forme depuis plus d’un siècle des étudiants aux métiers de l’hôtellerie (gouvernante, réceptionniste, majordome) se dirige vers la liquidation judiciaire. Avec seulement 10 étudiants inscrits cette année, les finances sont au plus bas. Aucun acheteur ne s’est manifesté.
C’était une institution à Besançon. Le Cours Hôtelier – surnommé l’école Cheval – n’ouvrira pas ses portes cette année. Le conseil d’administration a prononcé lundi 18 septembre la liquidation judiciaire de l’établissement, en grande difficulté financière. “Ce qui a prévalu dans leur choix, c’est le fait que nous n’avions plus de trésorerie. » nous a confirmé ce mardi la directrice de l’école Sophie Courvoisier, qui ne fait pas partie du conseil d’administration, “Plusieurs options étaient sur la table pour sauver l’école, mais je n’ai reçu aucune offre ferme et définitive. J’ai reçu plusieurs emails avec des propositions qui ne sont pas confirmées”, regrette le réalisateur, arrivé en novembre 2021.
L’établissement bisontin – dont la réputation était nationale – formait depuis plus d’un siècle les futures femmes de ménage, réceptionnistes et majordomes. Elle pourrait accueillir 57 élèves chaque année, mais dernièrement, les candidats sont bien moins nombreux : 26 élèves formés l’année dernière, seulement 10 inscrits pour l’année scolaire 2023-2024. Trop peu pour espérer maintenir le navire à flot alors que les frais de scolarité – s’élevant à 12 500 euros par an et par étudiant – représentaient la principale Source de revenus de l’établissement.
La promotion 2023 comptait 26 élèves
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© David Martin / France Télévisions
“Après le Covid, nous avons constaté un vrai manque d’attractivité de nos formations”, reconnaît Sophie Courvoisier, «Les métiers pour lesquels nous formons sont jugés sur le nombre d’heures travaillées. Et peut-être que la jeune génération a davantage besoin de garantir son confort personnel avant son confort professionnel, je ne sais pas.». La réalisatrice assure également avoir travaillé avec des jeunes très motivés (entre 19 et 20 ans) ces dernières années.Notre formation a un coût, mais les jeunes savent qu’en venant ici, ils s’assurent presque un emploi en sortant. Sur nos 26 étudiants l’année dernière, presque tous ont déjà décroché un contrat. se félicite-t-elle d’avoir elle-même suivi la formation Cours Hôtelier, avant de rejoindre des établissements prestigieux à Paris et Genève.
---La décision du conseil d’administration a constitué une surprise dans la sphère politique bisontine. L’hôtel – récemment rénové par la municipalité avec un budget de 100 000 euros – espérait trouver preneur. Deux projets de rachat étaient également sur la table selon nos confrères de Est républicain : la première soutenue par la fondation de formation reconnue d’utilité publique (INFA), la seconde, plus locale, par la Chambre de commerce et d’industrie du Doubs (CCI). “Je ne souhaite pas m’étendre sur les contours de cette décision», Sophie Courvoisier nous dit : «Qu’on en arrive à cette situation, avec des egos politiques excessifs, ça me fait mal. Nous voulions du luxe, une formation rigoureuse et non une formation dégradée. Du monde nous a quand même accompagné et je tiens à remercier la mairie de Besançon qui a rénové nos locaux et renouvelé le bail. Elle a fait sa part.
Le cours hôtelier a formé des femmes de ménage, des réceptionnistes et des majordomes
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© David Martin / France Télévisions
Conséquence directe de cette liquidation judiciaire : plusieurs salariés devraient perdre leur emploi. Au total, une douzaine de personnes, dont cinq travaillaient à temps plein dans l’établissement. “C’est dramatique. Je suis profondément triste. Il faut penser à ces gens, les enseignants. Sophie Courvoisier s’alarme. “Dans mon équipe, certaines personnes travaillaient ici depuis plus de vingt ans. Imaginez ce que cette décision signifie pour ceux qui accompagnent les étudiants au quotidien. Si le Parcours Hôtelier existe, c’est aussi grâce à eux », rappelle le chef de l’établissement, qui ne s’empêche néanmoins pas de garder espoir. “Je reçois beaucoup d’appels aujourd’hui. On ne sait jamais”.
Difficile de dire si l’école Cheval pourra un jour rouvrir ses portes à Besançon. Elle le fera en tout cas ce vendredi 22 septembre, une dernière fois, pour la cérémonie de remise des diplômes aux 26 élèves de la promotion 2022-2023.