A peine six ans, la société Ecodome Maroc s’est rapidement fait un nom au Maroc grâce à ses réalisations dans le domaine de la construction écologique. Ceux-ci peuvent aujourd’hui être admirés dans différentes régions du Royaume, notamment celles de Rabat, Khemisset, Benslimane, Marrakech ou encore Benguérir.
Jeune trentenaire, le fondateur d’Ecodome Maroc, Youness Ouazri, a fait ses premières armes en tant qu’ingénieur civil après son diplôme, obtenu en 2015, à l’École des travaux publics Hassania (EHTP). Comme de nombreux acteurs du monde marocain de la construction, il suit de près le projet de reconstruction en cours de lancement dans les zones touchées par le séisme du 8 septembre 2023.
D’emblée, M. Ouazri souligne l’importance du respect des normes sismiques. Dans ses constructions, Ecodome Maroc les prend « naturellement », indique-t-il, en compte, étant donné que ces normes sont de toute façon, du moins d’un point de vue juridique, obligatoires. Elles sont même, rappelle-t-il, draconiennes dans les régions d’Agadir et d’Al-Hoceima qui, on le sait, avaient subi de violents tremblements de terre respectivement en février 1960 et février 2004. « Les normes sismiques sont l’alpha et l’oméga », explique-t-il. « Ce n’est qu’après que nous pourrons parler de consolidation des bâtiments. Nous ne pouvons pas mettre la charrue avant les boeufs.»
Pour rester dans la même veine, M. Ouazri nous explique par exemple qu’aux jonctions que l’on peut trouver dans les bâtiments, les formes quadrilatères à angles droits, comme les carrés ou les rectangles, peuvent être privilégiées. « Nous le faisons ailleurs, à Ecodome Maroc », souligne-t-il.
---Quant à la question de la construction écologique dans les zones sinistrées, qui est en fait la méthode traditionnellement utilisée, notamment à travers le pisé, M. Ouazri écarte le fait qu’elle n’est pas adaptée au contexte sismique. « Tout en respectant les principes écologiques, on peut très bien faire des choses qui sont très solides en elles-mêmes », assure-t-il.
Concrètement, Ecodome Maroc utilise par exemple ce qu’on appelle du super adobe. Mise au point par l’architecte iranien Nader Khalili, cette technique consiste à utiliser des sacs en polypropylène, un type de plastique léger et résistant, et à les remplir de terre. Par la suite, ils sont utilisés pour surélever des bâtiments. Et par expérience, poursuit M. Ouazri, les constructions en super pisé se sont révélées bien plus robustes que celles que l’on trouve généralement au Maroc, où la terre est coulée dans le bois, pour ce qu’on appelle dans le domaine de l’architecture un coffrage. “Je sais que beaucoup pensent qu’il faut s’orienter vers des matériaux plus modernes, comme le béton, mais ce n’est pas forcément la solution”, insiste M. Ouazri. « Et puis, ce serait dénaturer ces territoires à l’architecture millénaire. Il faut respecter le patrimoine, tout en œuvrant à son adaptation aux connaissances les plus récentes dont nous disposons, et ne pas tomber dans le piège de la facilité, au détriment du patrimoine immémorial du peuple marocain.
Épisode 1 : Adnane Addioui