Trouble sexuel féminin, le vaginisme, ça se soigne ! – .

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Hind, 29 ans : « Ma nuit de noces a été un cauchemar. Douleur intense, impossible de me faire déflorer. Mon mari doutait de ma virginité, ma mère me reprochait d’avoir des crises de colère. Ma vie privée est devenue une affaire publique. Après 7 jours de souffrance, j’ai été emmenée chez un gynécologue. J’ai crié quand il m’a touché. Il m’a anesthésiée pour déchirer mon hymen. Un traumatisme ! Je suis mariée depuis 6 ans et mon mari n’a jamais pu me pénétrer !

Voici un cas de vaginisme, inconnu des victimes, de leurs familles et de leurs conjoints.

Vaginisme, trouble sexuel féminin : les muscles du vagin se contractent et se resserrent involontairement à chaque tentative de pénétration, rendant la pénétration difficile ou impossible. S’il y a pénétration, il y a de grandes douleurs.

C’est un trouble purement psychologique !

Le vaginisme est primaire, c’est-à-dire depuis le début de l’activité sexuelle, ou secondaire, arrivé à un moment donné de la vie. Elle peut être partielle : elle se déclenche en fonction de la situation. Mais dans la grande majorité des cas, il s’agit de vaginisme primaire.

Plus rarement, elle peut être causée par une malformation du vagin, une infection vaginale ou la ménopause.

A chaque tentative de pénétration, la femme ressent une grande douleur et sa peur augmente : plus elle a peur d’avoir mal, plus ses muscles se tendent.

Le refus de la femme de copuler entraîne des conflits dans le couple, allant jusqu’au divorce. Ce trouble, méconnu, déclenche la colère des époux. Hind : « Il m’insulte, me traite de femme inutile, anormale, qui n’est habituée qu’à manger du pain.

Les femmes vivent très mal cette situation, elles deviennent complexes, perdent leur épanouissement et sont méprisées par leur entourage qui ne comprend pas. Souvent, elles n’en parlent que lorsque les maris menacent de divorcer. Elles n’accouchent pas car il n’y a pas de pénétration.

A la campagne, il y a des femmes qui se chargent de les « dilater » : la praticienne introduit son pouce enduit d’huile d’olive dans le vagin et fait des rotations. La douleur est intense, mais la femme se laisse faire pour garder son mari. Souvent l’opération est inutile !

En ville, elles souffrent en silence et subissent la colère des maris et les propos culpabilisants de leurs proches. Ils ne vont pas toujours chez le médecin, soit par manque de moyens, soit par honte.

Le vaginisme est associé à une pratique qui était courante au Maghreb et qui tend à disparaître aujourd’hui : au Maroc, on l’appelle tqaf (blocage), en Algérie rbat (action d’attacher) et en Tunisie teskar Ou teskah (ferrage, action de mettre des fers aux sabots des chevaux pour les protéger).

Pour protéger leur virginité jusqu’à la nuit de noces, les filles doivent subir des pratiques censées protéger leur hymen. Par exemple, une femme de l’entourage leur fait enjamber le manejeje (tisser), dans le sens des aiguilles d’une montre, en répétant : « Notre fille est un mur, et le fils du peuple est un fil. Tout homme qui l’approche sera impuissant. La veille de son mariage, le même rituel se répète, mais dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, en disant : “Notre fille est un fil et le fils des gens est un mur.”

Quand la mariée n’arrive pas à se faire pénétrer, les femmes qui l’entourent soupçonnent la tqaf et lui faire subir un rituel. Sinon, on pense que safa: un hymen épais. A la campagne, il n’est pas rare que la mariée soit déflorée par une femme spécialisée à l’aide d’un instrument. En ville, le gynécologue s’en occupe.

Dans une étude que j’avais faite sur le lien entre vaginisme et tqafil est apparu que certaines des femmes interrogées qui souffraient de vaginisme avaient été mtaqfates. La même étude a été menée en Tunisie et a abouti aux mêmes conclusions. Non pas que je crois en la magie de tqafmais plutôt à son impact psychologique sur les femmes.

Beaucoup de filles mtaqfates croire en l’efficacité de tqaf et se donnent aux hommes en pensant qu’ils ne seront pas déflorés et qu’ils ne pourront pas tomber enceintes. On en trouve chez les mères célibataires.

La raison principale du vaginisme est l’éducation stricte par rapport à la virginité qui entraîne des blocages psychologiques. Dès leur plus jeune âge, les filles sont harcelées pour fermer leurs cuisses, protéger leur virginité, ne pas se toucher. Au point que nombre d’entre elles ne peuvent même pas faire leur toilette intime de peur de se déflorer. L’éducation se fait par la violence, l’intimidation, la peur, les menaces. Adultes, elles ont honte d’avoir des organes génitaux, le nient et, inconsciemment, bloquent l’entrée du vagin pour le protéger.

Le vaginisme a pour origine une phobie, une peur panique de la défloration !

Moins souvent, il peut apparaître à la suite d’un traumatisme chez les femmes qui ont été abusées sexuellement ou mariées tôt et abusées la nuit de noces.

Même l’examen gynécologique est difficile, voire impossible.

Si le vaginisme a des effets dévastateurs sur les femmes et leurs couples, la médecine le guérit complètement.

Il peut y avoir un soutien psychologique pour en déterminer la cause et faire accepter à ces femmes leur sexe qu’elles apprennent à découvrir et à maîtriser leur peur.

Il y a aussi l’accompagnement de médecins, souvent sexologues : des exercices pour apprendre à détendre les muscles du vagin, avec l’utilisation d’outils adaptés. Petit à petit, les femmes apprennent à se détendre, à mieux contrôler leur corps et leur phobie.

Beaucoup de femmes souffrent de vaginisme et du regard que la société porte sur elles, surtout si les maris divorcent. Pourtant, ce symptôme sexuel est guéri si les femmes consultent des médecins.

Par Soumaya Naamane Guessous

Le 02/06/2023 à 11h01

 
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