La nation reconnaissante. Jeudi, par l’intermédiaire du chef de l’Etat, c’est la France entière qui a rendu hommage aux trois policiers de Roubaix, tués dimanche par un chauffard, à Villeneuve-d’Ascq, près de Lille. Au cours de la cérémonie, ils ont été décorés des insignes de la Légion d’honneur, promus au grade de capitaine de police et assurés de voir leurs enfants devenir pupilles de la nation. Autant de distinctions offrant aux familles de disparus, en plus de l’honneur qu’elles représentent, un soutien de l’État qui, aussi avantageux soit-il, ne remplacera jamais un conjoint ou un parent.
Médailles pour la gloire
Lors de son allocution, jeudi, sur la place d’armes de l’école nationale de police de Roubaix, Emmanuel Macron a voulu avant tout “rendre hommage” au sort des trois fonctionnaires tués et réaffirmer “le respect et l’affection pour ceux qui servent et protègent”. . Hommage que le Chef de l’Etat a concrétisé en remettant aux Casques bleus l’insigne de Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume. A l’image de la médaille d’or pour acte de courage et de dévouement, décernée lundi à ces mêmes policiers par le préfet, la Légion d’honneur n’apporte quasiment aucun avantage matériel. Certes, les bénéficiaires peuvent prétendre à un salaire annuel, mais c’est dérisoire, jusqu’à 6,10 euros pour le grade de chevalier.
Selon la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur, les filles, petites-filles et arrière-petites-filles des titulaires de cette distinction peuvent prétendre intégrer l’une des deux “maisons d’éducation” pour suivre un cursus pédagogique allant du collège aux classes post-bac. Des écoles qui affichent 100 % de réussite au brevet et au baccalauréat, où l’on porte un uniforme et pour lesquelles les places sont chères : seulement un millier d’élèves à raison d’environ 2 000 euros par année scolaire.
---Promotion posthume
Outre les médailles, les trois policiers ont été promus. De casques bleus, premier grade du corps de surveillance et d’exécution, ils sont passés à des capitaines de police, deuxième grade du corps de commandement. “C’est d’abord une manière de leur rendre hommage, mais cela joue surtout pour la famille du fonctionnaire dans le calcul de la pension de réversion”, explique à 20 Minutes un délégué du syndicat Unité SGP. La pension de survie est une allocation versée au conjoint et aux enfants du policier décédé qui est « égale à 50 % de la pension obtenue par le fonctionnaire ou qu’il aurait pu obtenir au jour de son décès ». Il est calculé sur la base du salaire du fonctionnaire donc, mathématiquement, il sera plus élevé pour un capitaine que pour un gardien de la paix. En revanche, l’obtention de cette pension est soumise à des conditions, notamment avoir été marié.
La promotion au grade de capitaine déterminera également le capital décès « versé aux ayants droit du fonctionnaire décédé en service ». Selon le Guide de soutien aux familles des personnels de police décédés en mission, le montant du capital décès « est égal au dernier salaire annuel d’activité » et il « varie d’une part, selon les circonstances dans lesquelles le le décès a eu lieu et d’autre part, selon la situation familiale ».
pupilles de la nation
Le soutien de l’État est encore plus marqué pour les enfants de policiers morts en service. Accorder le statut de pupille de la nation aux orphelins de fonctionnaires « morts pour le service de la nation » équivaut, pour l’État, à les adopter. C’est en quelque sorte l’assurance pour ces enfants de ne jamais être livrés à eux-mêmes, quelle que soit leur situation familiale. Selon l’Office national des combattants et victimes de guerre (ONaCVG), qui gère les pupilles de l’enfance de la Nation, ce statut permet aux enfants et à leurs familles de bénéficier de nombreuses aides. Cela va de l’entretien de base de l’enfant (soins, habillement, alimentation, loisirs), aux frais de santé, d’études, jusqu’à l’entrée dans la vie active. Ce statut n’est pas réservé aux enfants de fonctionnaires, mais accessible aux enfants de victimes, ou victimes elles-mêmes, d’actes de terrorisme.