– Le Chœur du Grand Théâtre, une fulgurance à la cathédrale Saint-Pierre
La formation dirigée par Alan Woodbridge a déployé sa richesse expressive dans un concert consacré à Arvo Pärt et Rachmaninov.
Publié aujourd’hui à 11h35
Le Chœur du Grand Théâtre au complet, avec le chef Alan Woodbridge, assis au milieu.
CAROLE PARODI
Ses qualités s’apprécient dans son fief naturel de la Place Neuve. Encore faut-il en recueillir l’essentiel, viennent les soirées de représentation, entre des pages de partitions où les voix solistes, celles des protagonistes des opéras, dominent tout ou presque. L’occasion était alors trop belle pour entendre le Chœur du Grand Théâtre dans une courte épopée solo, pour en capter toutes les qualités le samedi soir. Et la proposition faite sous les hautes voûtes de la cathédrale Saint-Pierre a attiré des centaines de mélomanes, qui ont rempli le dernier banc.
Puissance et précision
Le programme était pourtant exigeant, surtout dans sa partie préliminaire, la plus conséquente par ailleurs. Parce qu’avec les pièces de Pièce Arvo montré, nous marchons comme toujours avec l’Estonien sur une double voie et nous perdons parfois l’équilibre. Ses œuvres pour voix – « Passio », « De Profundis », « Stabat Mater »… – sont traversées par des traditions lointaines, le rite orthodoxe étant pour lui à la fois un cadre et un territoire de réinvention. On l’aura encore mesuré avec “Adam’s Lament”, où les innombrables épisodes aux textures et intensités lointaines ont permis au Chœur dirigé par Alan Woodbridge de déployer l’étendue de son savoir-faire. Nous l’avons trouvé d’une précision diabolique, d’une puissance phénoménale par endroits – vous n’auriez pas dû être assis aux premiers rangs, comme votre humble serviteur… – mais aussi d’une finesse époustouflante dans cette introduction longue et complexe. .
---L’orgue de Vincent Thévenaz était un excellent accompagnement, avant de se lancer dans un intermède du même compositeur, « Annum per annum ». Œuvre étonnante, construite sur la base d’une courte séquence de notes, répétées avec de multiples registres. Presque un catalogue des possibilités pour l’orgue de la cathédrale et pour son titulaire. Plus loin, après le poignant « Otche nash » (« Notre père ») de Nikolaï Golovanov, c’est l’heure des « Vêpres » de Rachmaninov, que nous célébrons le 150e anniversaire. Là encore, une belle intensité s’est dégagée, avec des passages poignants, comme « Now let go », si bien interprété par le ténor Marin Yonchev. Une soirée marquante, donc, dont on espère avoir des répliques au programme du Grand Théâtre.
Rocco Zacheo rejoint la rédaction de la Tribune de Genève en 2013; il s’occupe de musique classique et d’opéra et se consacre, ponctuellement, à l’actualité littéraire et aux événements culturels disparates. Auparavant, il a travaillé pendant neuf ans au journal Le Temps et collaboré à la RTS La Première. Plus d’informations
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