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L’archéologue néo-calédonien Christophe Sand reçoit un prix pour son ouvrage « Hécatombe océanique »

Christophe Sand, archéologue calédonien, vient de recevoir le prix Luc Durand-Réville 2024 pour son livre « Hécatombe océanienne ». Une reconnaissance qui met en avant ses recherches sur la chute démographique des peuples du Pacifique après leurs premiers contacts avec les Européens.

Plus de trente ans de travail récompensé. Pour ses travaux et ses recherches, Christophe Sand vient de recevoir un prix français annuel de l’Académie des sciences d’Outre-mer, créée en 2002 et destiné à récompenser un ouvrage traitant des différents aspects de la colonisation : le prix Luc Durand. Réville.

Son livre Massacre océanien – Histoire du dépeuplement du Pacifique et de ses conséquences (XVIe-XXe siècle) aborde la chute des populations océaniennes suite aux contacts avec les Européens et à l’introduction de maladies produisant, selon l’auteur, un massacre démographique, qui remonte à près de 500 ans pour certaines îles.

Une satisfaction pour l’archéologue calédonien. “On ne peut que se réjouir qu’une institution française reconnaisse un petit calédonien.”

L’archéologue a choisi pour son livre un titre percutant, avec un mot fort : massacre. « Lorsque j’ai commencé à travailler sur le terrain, il y a presque quarante ans, j’ai très vite eu le sentiment que quelque chose n’allait pas, par rapport à la version officielle du dépeuplement à travers le Pacifique. Parce que nous avons trouvé beaucoup de traces sur le terrain qui montrent que dans le passé il y avait beaucoup de monde. Et cela ne se reflète pas dans la version officielle selon laquelle, parce que les gens étaient sur des îles, le dépeuplement était bien moindre que sur le continent américain.»

Une chute démographique qui a eu des conséquences majeures sur les populations du Pacifique, selon l’archéologue. “Si vous avez un faible dépeuplement, vous avez, malgré la colonisation, une relative continuité dans les structures sociales, l’occupation de l’espace”, continue Christophe Sand. « Si, comme j’essaie de le montrer dans ce livre, on aboutit à une perte, au minimum, de pas loin de 90 % de la population océanienne entre le 16e siècle et pendant la Seconde Guerre mondiale, où il y avait 100 personnes, il n’en restait plus que 10 à la fin. Toute l’organisation fonctionne donc différemment.

Une partie des blocages des sociétés océaniennes d’aujourd’hui y est directement liée.

Christophe Sand, archéologue calédonien

L’Océanien Hécatombe veut contribuer, dit son auteur, à restaurer des bases de réflexion plus justes. “CComme les gens n’ont pas été informés de l’importance de la baisse démographique, ils ne peuvent pas vraiment faire le lien entre leurs crises d’aujourd’hui, comme les problèmes fonciers ou les problèmes de réalités coutumières, et cet événement majeur qui a finalement bouleversé toutes les sociétés océaniennes.

Malgré ses recherches approfondies, Christophe Sand ne peut fournir une estimation globale de la population avant les premiers échanges avec le monde extérieur. « Dans certains endroits, le dépeuplement a commencé il y a 500 ans et dans d’autres, il a commencé beaucoup plus tard. Par exemple, en Micronésie, le dépeuplement était terminé au 18e siècle. Alors que dans le reste du Pacifique, c’est là que tout a commencé. Au Vanuatu, le dépeuplement a pris fin au moment de la Seconde Guerre mondiale.

Le livre de Christophe Sand est disponible dans les librairies locales à partir de 3’950 francs.

 
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