Construit à la fois chronologiquement et thématiquement, de son enfance à sa vie dans sa maison du Beaujolais, en passant par les années télévisuelles, son amour du football et du vin, les dicos d’or et l’Académie Goncourt, ce bel ouvrage contient près de 200 photos, pour la plupart inédites. . Ils montrent un homme toujours souriant et dont la renommée ne s’est jamais séparée de ses racines terrestres, accompagnés de courtes citations tirées d’interviews ou de ses propres livres. Pierre Assouline, qui était son employé au mensuel lires, avant de prendre la relève dès son départ, ainsi que son voisin de table du Goncourt, lui rendent un vibrant hommage.
Pendant plus de dix ans, Bernard Pivot a été coursier chez Figaro littérairereportage sur la vie littéraire parisienne, ses “partie visible”, mais surtout, ce qui lui plaisait le plus, c’était “partie cachée”. Et notamment les dessous du Goncourt, les querelles et bisbilles entre ses jurés, la pression des éditeurs, etc. Il a été élu à cette Académie en 2004, avant d’en devenir le président une décennie plus tard.
Les années « Apostrophes »
Mais c’est à la télévision que cet amoureux du Beaujolais né à Lyon en 1935 poursuit principalement sa carrière et se fait un nom. Surtout merci Apostrophes (1975-1990). On a du mal à imaginer, aujourd’hui, l’importance qu’avait cette émission hebdomadaire en France, mais aussi en Belgique. Par son mélange de bienveillance, d’humour, d’humilité et même parfois d’une certaine insolence bien maîtrisée, son animateur a, comme on l’a dit, sorti les gens de lettres de leur tour d’ivoire pour les faire entrer dans le salon des téléspectateurs.
Le beau livre Nos années Apostrophesretrace cette aventure télévisuelle, peut-être unique au monde, dont on fêtera les 50 ans en janvier prochain. Quelque 250 photos tirées des 724 émissions qu’il a filmées rappellent que, de Soljenitsyne à Auster en passant par Nabokov, Sagan, Tournier, Modiano, Le Clézio, Cabu, Hergé, Bedos, Devos, Gainsbourg ou Truffaut, peu d’écrivains, historiens, philosophes, dessinateurs , des humoristes, des acteurs ou des chanteurs qui ne se sont pas retrouvés face à lui un vendredi soir. Certains ont même eu droit à des tête-à-tête, comme Albert Cohen, Marguerite Duras ou Simenon.
“Il va sans dire que sans Apostrophes, il n’y aurait pas Grande Librairie», avoue son lointain successeur, Augustin Trapenard, dans la préface.
Barnard Pivot. Le goût des autres, Calmann-Lévy, 256 p., 22,90 €
Nos années Apostrophes, Flammarion/INA, 224 p. 30 €
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